Attaque à la frontière égyptienne: 3 questions cruciales

La première question est de savoir si le terroriste, un garde-frontière égyptien, a agi de son propre chef.

L’enquête conjointe israélo-égyptienne sur l’attaque terroriste meurtrière à la frontière commune des deux pays, samedi, doit répondre à plusieurs questions cruciales.

Au cours de l’incident, qui a duré plusieurs heures, trois soldats des Forces de défense israéliennes ont été tués par un policier égyptien. Les deux premiers ont été tués vers 6 heures du matin, selon Tsahal, et le troisième environ deux heures plus tard, lors d’une fusillade qui a éclaté après l’arrivée de forces de renfort pour rechercher le tireur.

Les forces israéliennes dirigées par le commandant de la brigade régionale ont tué le tireur peu après.

La première question clé est de savoir si le terroriste, qui était armé d’un AK-47, a agi seul ou en tant que membre d’un groupe terroriste plus important qui a infiltré les forces de sécurité égyptiennes.

L’affirmation initiale de l’Égypte, selon laquelle le terroriste était entré sur le territoire israélien à la poursuite de trafiquants de drogue, n’est pas convaincante et reflète la pression exercée en Égypte pour adoucir l’incident avec un récit commode plutôt que de tenter d’établir les faits.

Il est juste de supposer qu’Israël a clairement indiqué, à huis clos, que cette explication est illogique et inacceptable à la lumière de la conduite de l’agresseur ; il est resté en territoire israélien pendant deux heures après le premier coup de feu, avant de tirer à nouveau sur les forces israéliennes.

La deuxième question doit porter sur le rôle qu’une importante course de contrebande de drogue, qui s’est produite à 2 h 30 le même soir et dans la même zone, a pu jouer dans l’attaque.

Les deux incidents se sont produits dans la région frontalière désolée du mont Harif, et la tentative de contrebande d’environ 1,5 million de shekels (400 000 dollars) de stupéfiants en Israël, en même temps que l’attaque, n’a probablement pas été une coïncidence.

La course de contrebande, contrecarrée par Tsahal, était-elle une tentative de distraire l’armée ?

Une troisième question qui doit être examinée est de savoir si l’attaque était le résultat d’un groupe djihadiste-islamiste cherchant à saper la coopération sécuritaire en cours à la frontière entre les militaires israéliens et égyptiens.

L’État islamique et les Frères musulmans égyptiens sont tous deux farouchement opposés idéologiquement aux liens stratégiques entre les deux pays, et tous deux sont également déterminés à renverser le gouvernement el-Sisi au Caire.

À ce jour, la coopération israélo-égyptienne a largement réussi à endiguer à la fois le trafic de drogue et l’infiltration terroriste du Sinaï.

L’attaque aurait pu être un effort pour défaire cette stabilité et apporter l’anarchie dans la région. Afin d’arrêter de nouvelles attaques, il est crucial qu’Israël et l’Égypte aillent au fond de ces questions et maintiennent leur coopération.

Outre l’enquête conjointe, Tsahal mène sa propre enquête approfondie indépendante, dirigée par le chef du Commandement Sud, le général de division Eliezer Toledano, et le commandant de la 80e division territoriale, responsable de la zone, Brig. Le général Itzik Cohen.

L’incident s’est produit dans la juridiction de la Brigade de Paran, qui défend 170 kilomètres (105 miles) de la frontière israélo-égyptienne, et des pans du désert du Néguev adjacent.

La brigade comprend à la fois les bataillons mixtes Bardelas (Cheetah) et Caracal (Wildcat), et a remporté un succès croissant contre les trafiquants de drogue qui cherchent à faire entrer d’énormes quantités de stupéfiants en Israël depuis le Sinaï.

L’année dernière, la brigade Paran a mis en place un centre d’opérations conjoint à Beersheva avec la police israélienne et l’armée de l’air israélienne pour coordonner les opérations de sécurité. Le résultat a été une baisse de 30 % des trafics transfrontaliers de drogue en 2021 par rapport à 2022, selon Tsahal.

Une grande partie de ce succès dépend de l’hypothèse opérationnelle selon laquelle les positions de sécurité égyptiennes autour de la frontière font partie de la même équipe et que la frontière est une frontière pacifique en ce qui concerne les forces de sécurité officielles de l’État de l’autre côté.

C’est pourquoi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré samedi à son homologue égyptien, Mohamed Zaki, « Notre coopération dans l’enquête sur la grave attaque qui a eu lieu aujourd’hui est d’une grande importance pour les liens entre nos pays ».

Les commentaires de Gallant expriment à la fois l’intérêt stratégique profond que les deux pays ont à maintenir cette coopération, et le besoin non moins important d’accéder aux faits de l’incident, en toute transparence.

JForum avec YAAKOV LAPPIN jns
Des soldats israéliens et des forces de secours à la base militaire du mont Harif dans le sud du désert du Néguev, près de la frontière avec l’Égypte, le 3 juin 2023. Photo : Dudu Greenspan/Flash90.

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