Thibault de Montbrial : les violences urbaines pourraient rapidement basculer en guérilla

Après l’incendie criminel d’un site petrochimique et les différentes scènes de violence en France la nuit du 13 au 14 juillet, l’avocat Thibault de Montbrial s’inquiète de ce climat de très haute tension. […]

Ces actes s’inscrivent dans la continuité de la multiplication d’attaques plus ou moins graves de nos infrastructures. […]

Mais en toute hypothèse, il faut souligner le fait que les actes de malveillance (pour reprendre ce qui semble être le nouveau vocable à la mode) se multiplient sur le territoire national. Ce constat n’a d’ailleurs pas échappé au Ministre de l’Intérieur, qui vient encore d’appeler au renforcement des mesures de sécurité sur les sites dit «Seveso» comme il l’avait déjà fait après l’attentat commis sur le site de Saint-Quentin Fallavier il y a trois semaines.

S’il faut rester extrêmement prudent sur les auteurs de ce qu’il convient d’appeler un attentat, force est de constater que ces attaques multiples sur notre territoire correspondent en tous points aux incitations contenues dans les vidéos diffusées par l’État Islamique depuis des mois. Que le mot d’ordre ait été directement entendu par des islamistes ou bien qu’il s’agisse d’un passage à l’acte d’opportunité dont les motivations seront établies par l’enquête, on ne peut une fois de plus que constater la similitude entre les modes opératoires utilisés, et les suggestions que les vidéos islamistes multiplient sur internet à l’effet de créer le maximum de confusion sur notre territoire.

Le manque d’adhésion à notre contrat social par les individus concernés est manifeste et la question se pose du basculement d’une partie d’entre eux dans la violence organisée s’il survenait un incident significatif générateur d’un brusque accroissement de tension.

Incendie à l’amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon provoqué par des tirs de pétards, médiathèque incendiée à La Courneuve, tirs de mortier dans le XIXe arrondissement de Paris et dans le Val-de-Marne où plus d’une trentaine de véhicules ont été incendiés, propagation d’un incendie de scooter à 26 voitures dans le XVIe arrondissement, violences urbaines dans le Val-de-Marne… Les festivités du 14 juillet donnent lieu chaque année à des débordements, souvent causés par des jeunes. Comment expliquer la défiance d’une partie de la jeunesse à l’égard de ce qui incarne une forme d’autorité?

Cela fait des années que les incidents se multiplient à différentes occasions telles que les festivités de la Saint Sylvestre ou celles du 14 juillet. On peut constater que ces phénomènes prennent un peu plus d’ampleur à chaque fois, et que dans le même temps, ils font l’objet d’une sous-médiatisation systématique. La vérité, c’est que la plupart des villes de notre pays sont désormais concernées par de tels débordements. […]

A Vaulx-en-Velin, Vénissieux, aux Ulis, les forces de l’ordre (policiers et parfois pompiers) ont été attaquées – tirs de projectiles – et caillassées ; une voiture de police a été incendiée à Neuilly-Plaisance. La réaction à ces actes est-elle appropriée? Estimez-vous que des consignes ont été données afin de minimiser ces attaques?

On pourrait ajouter une bonne dizaine d’incidents à ceux que vous évoquez.  […]

La priorité des autorités consiste manifestement à éviter que des «jeunes» ne soient blessés ou tués afin de ne pas générer d’escalade, quitte à laisser commettre des exactions parfois conséquentes. […] Or, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’actes très graves et que la frontière est ténue entre de petits groupes mobiles qui tirent des mortiers ou qui caillassent les véhicules de secours, et le passage à l’acte avec des armes létales qui ne sont jamais loin dans les banlieues dont on parle.

Il s’en faudrait de peu pour que ces violences urbaines, hélas ainsi banalisées, deviennent dans de véritables scènes de guérilla qui coûteraient la vie à des fonctionnaires et feraient basculer le pays dans une autre dimension.

Source

Scènes de guérilla urbaine aux Ulis et à Epinay-sous-Sénart

 

Les Ulis, ce mardi. Le commissariat a une nouvelle fois été la cible des assaillants dans la nuit de mardi à mercredi. Mais des renforts de police et de gendarmerie placés judicieusement ont permis d’éviter que des projectiles ne touchent le poste de police comme la veille.
Les Ulis, ce mardi. Le commissariat a une nouvelle fois été la cible des assaillants dans la nuit de mardi à mercredi. Mais des renforts de police et de gendarmerie placés judicieusement ont permis d’éviter que des projectiles ne touchent le poste de police comme la veille. (LP/F.L.)

Certains assaillants utilisent des masques tirés du film « Scream » pour camoufler leur visage. Pourtant, les scènes de guérilla urbaine entrevues à Epinay-sous-Sénart et aux Ulis dans la nuit du 14 au 15 juillet sont bien réelles.

Ce mercredi, un agent de police encerclé par des jeunes a été blessé à Epinay, tandis qu’aux Ulis, une voiture de police a été touchée par un cocktail Molotov et « des boules de pétanque ont même été jetées sur les gendarmes venus en renfort », souligne une source proche de l’enquête.

« Ces jeunes ont un sentiment d’impunité et n’hésitent plus, pour faire de ces quartiers leurs territoires, à s’en prendre physiquement aux forces de l’ordre », estime le syndicat de police Alliance qui réclame des renforts d’effectifs pour faire face « à une violence de moins en moins maîtrisable ». Retour sur une deuxième nuit « sous haute tension » dans l’Essonne après l’attaque du commissariat des Ulis dans la nuit du 13 au 14 juillet.

Aux Ulis, incendies et jets de boules de pétanque. Il est minuit. Un groupe armé jette des pierres et des cocktails Molotov sur des voitures et des bâtiments de la résidence de la Châtaigneraie, à quelques centaines de mètres du commissariat. Ils touchent notamment la loge du gardien. Une patrouille est envoyée pour sécuriser les lieux. Une bouteille enflammée percute le véhicule de police et laisse une trace noire sur la carrosserie. Une pierre fracasse le rétroviseur. Dans la foulée, afin de disperser les effectifs chargés de garder le commissariat, plusieurs incendies sont signalés dans les rues voisines. A chaque fois les équipages envoyés sur place sont la cible d’une pluie de projectiles.

Vers 2 heures, la compagnie de gendarmerie mobile installée au début de l’avenue des Champs-Lasnier pour barrer l’accès du commissariat aux assaillants, essuie des jets de pierre et de boules de pétanque. Les militaires répliquent par des moyens de défense. Les assaillants reculent de quelques mètres et se barricadent eux aussi à l’aide de barrières métalliques de chantier et de conteneurs poubelles enflammés. Le groupe armé est néanmoins repoussé plus loin encore. Une demi-heure plus tard, les gendarmes sont visés par une deuxième attaque. Les militaires font fuir les jeunes qui mettent au passage le feu à deux voitures.

A Epinay-sous-Sénart, interpellations houleuses. Des tirs de mortiers mettent le feu aux poudres vers 20 heures, avenue du 8 mai 1945. Du mobilier urbain est dégradé. Et un feu de végétation est signalé. Les policiers arrêtent deux des quatre hommes qu’ils ont vu s’enfuir. Mais au moment du contrôle d’identité, une quarantaine de jeunes encerclent lesfonctionnaires, permettant aux deux interpellés de s’enfuir. Les agents se débarrassent du groupe hostile et retrouvent l’un des deux jeunes qu’ils souhaitaient entendre. Une nouvelle fois, un groupe se forme autour des agents et extrait le jeune dans le viseur de la police. Une patrouille supplémentaire arrive à cet instant. Mais un des gardiens de la paix est pris en tenaille par une vingtaine d’assaillants. Il prend plusieurs coups. Grâce à une grenade de dispersion, ses collègues le libèrent. De nombreux projectiles sont lancés sur les deux équipages qui battent en retraite. Un homme est interpellé à la suite de ces incidents vers 22 heures. Il a été placé en garde à vue.

Florian Loisy (@florianloisy) | 15 Juil. 2015, 18h44 | MAJ : 15 Juil. 2015, 18h44

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