L’éditeur du livre «Le système Soral» victime d’une agression antisémite

Alain Soral est au coeur d'une enquête qui tente de décrypter les dessous du business de l'essayiste d'extrême droite. 
Alain Soral est au coeur d’une enquête qui tente de décrypter les dessous du business de l’essayiste d’extrême droite.  (LP/DELPHINE GOLDSZTEJN)

Dans la nuit de vendredi à samedi, Marc Grinsztajn éditeur au sein de la maison d’édition Calman-Lévy, rentre chez lui vers 2 heures du matin. Alors qu’il compose son digicode au pied de son immeuble parisien, il est pris à parti par un homme armé d’une bouteille.

L’échange est bref mais violent : «Sale bobo, le peuple aura ta peau» suivi d’un «sale juif (…) les goys relèvent la tête.

» L’éditeur tente de rentrer dans l’immeuble mais il est bloqué par son agresseur.

Il se dégage alors et lui assène un coup de poing et tente de s’enfuir. L’assaillant lui balance une bouteille qui lui entaille le crâne. Marc Grinsztajn parvient alors à le maîtriser avant l’arrivée de la police. Il s’en sort avec quelques points de suture et deux jours d’incapacité temporaire de travail.

Relatée le lendemain sur le site d’information Street Press, la scène a agité la sphère médiatique. Pour cause, elle s’est déroulée 10 jours après la publication, par Marc Grinsztajn d’un livre d’enquête sur le business du «système Soral».

L’agresseur Frédéric P. n’est pas un inconnu pour les services de police. Il avait notamment participé activement à la manifestation «Jour de colère» organisée par les partisans du Printemps Français, de Civitas, de Riposte Laïque, des pro-Dieudonné et… d’Alain Soral. Pourtant aucun lien n’a été formellement établi entre Frédéric P. et la sphère soralienne. Rien n’indique non plus que l’agression de l’éditeur soit directement liée au livre d’enquête sur Alain Soral, écrit par les deux journalistes de Street Press, Robin D’Angelo et Mathieu Molard.

Un drapeau et une tasse à l’effigie d’Adolf Hitler

Rien, si ce n’est un faisceau d’indices. Comme le relève L’Obs, le nom de Marc Grinsztajn apparaît à la deuxième page de l’ouvrage. Frédéric P. semble lui partager les thèses antisémites d’Alain Soral. Chez lui, un drapeau et une tasse à l’effigie d’Adolf Hitler ont été retrouvés par la police.

Lors de sa comparution, vendredi, devant le tribunal de grande instance de Paris pour «violences en raison de la religion, en état d’ivresse et avec arme par destination», Frédéric P. a fait valoir sa situation de «déclassement social» et «des problèmes d’alcoolisme.» «Je souhaite mettre en place les moyens de corriger ce problème. Je me rends compte que cela va trop loin», a-t-il encore dit. Il n’a pas été placé en détention provisoire jusqu’à sa prochaine comparution le 23 octobre prochain.

Interrogés, les deux journalistes ont expliqué qu’ils «avaient reçu des dizaines de messages haineux» depuis la publication de l’enquête mais qu’ils «n’avaient pas tellement peur». Et d’ajouter : «Ça n’est pas pour cela que nous baisserons les bras, cela ne nous fera pas reculer sur le sujet.»

 «Le Système Soral, enquête sur un business

C’est la première biographie écrite sur Alain Soral. Dans leur livre, Robin D’Angelo et Mathieu Molard, tous deux journalistes pour le site d’information StreetPress, ont décortiqué le système érigé par Alain Soral. Décrit comme mythomane patenté, celui qui se définit lui-même comme un « intellectuel dissident » nourri des obsessions dont il a fait son gagne-pain: les féministes, les homos, les bobos et les juifs.

Un business juteux, si on en croit les auteurs, l’organisation Egalité & Réconciliation enregistrant plus de 33 millions de vues sur Dailymotion, sans compter les bénéfices tirés des activités éclectiques de son entreprise Culture pour tous (stage de survivalisme, vente de livres, de vins estampillé «quenelle», de moon-cup ou encore de produits bio).

Selon les documents que les journalistes ont pu se procurer, la PME aurait généré plus de 170 000 euros pour le seul mois d’octobre 2014, ce qui, rapporté sur un an, équivaudrait à plus de 2.000.000 d’euros de chiffre d’affaires.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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