… Ou le risque est-il, surtout, d’alimenter l’antisémitisme des mouvements nationalistes, comme Svobova, présents au sein de la contestation? Le prétexte de l’antisémitisme a, abondamment, été utilisé par la propagande russe, pour discréditer le mouvement de contestation…

Voir aussi : Le combat des Juifs de Maidan Article original.

Ukraine : un porte-parole exhorte les oligarques Juifs à user de leur influence.

Un partisan musulman de l’opposition a appelé les Magnats juifs et musulmans à intervenir pour faire plier le Président Yanukovych.

Des manifestants anti-gouvernementaux affrontent la police anti-émeute, sur le Square de l’Independance à Kiev, Ukraine, le 18 Février 2014. (photo credit: AP/Efrem Lukatsky)

Un porte-parole de l’opposition ukrainienne du principal campement à Kiev, a réclamé que certains de magnats et hommes d’affaires juifs et musulmans de son pays usent de leur influence pour faire plier le président ukrainien.

Ce porte-parole anonyme déclarait être lui-même musulman, et a fait explicitement référence aux origines juives et musulmanes de plusieurs hommes d’affaire en les exhortant à intervenir directement auprès du Président Viktor Yanukovitch.

Ce discours s’est tenu sur une tribune entourée de barricades en flammes, qui est occupée en continu par une gamme de porte-parole de la protestation, de musiciens du spectacle et d’hommes politiques de l’opposition, depuis que ces violences graves ont éclaté, à Kiev, mardi.

Le Square de l’Indépendance à Kiev est considéré comme l’épicentre du mouvement de protestation et est, actuellement, le site des affrontements entre les forces de police et les manifestants.

“Je veux m’adresser à vous, les Oligarches : Akhmetov, tu es Musulman”, a appelé ce porte-parole, se décrivant lui-même comme musulman, en commençant par nommer le milliardaire ukrainien, d’origine tatare, Rinat Akhmetov.


Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et ancien partenaire en affaires de Viktor Pinchuk. Voir bio ci-dessous

Il s’est ensuite adressé à Ihor Kolomoyskyi, Victor Pinchuk et David Zhvania , en poursuivant : « Vous pratiquez le Judaïsme. Dans la Sainte Synagogue, vous avez vos places attitrées. Et vous êtes, aujourd’hui, les seuls qui aient encore accès à Yakunovitch. Encore une semaine comme celle-ci et vos affaires, que vous avez fait prospérer dans ce pays, grâce au travail de ce peuple, s’effondreront. Et s’il ne vous écoute pas, présentez-lui, en tant que chef suprême des forces armées, un pistolet ! ».

Les sources ukrainiennes présentes expliquent que cette exortation semblait impliquer que ces magnats devraient encourager le président en état de siège à se suicider.

Kolomoyskyi, Pinchuk et Zhvania se sont alliés à des hommes politiques de l’opposition. Pinchuk, en particulier, a ouvertement et fermement soutenu des relations plus étroites entre l’Ukraine et l’Union Européenne. Le conflit actuel a débuté à la suite du rejet par Yanukovitch d’un accord commercial avec l’Union européenne, pour favoriser l’entrée dans une union douanière pilotée par la seule Russie.

Kolomoyskyi est perçu comme un donateur central du parti UDAR de Vitali Klitschko, au cours des élections parlementaires ukrainiennes de 2012, selon une organisation de recherche publique, le Centre des Etudes de l’Est.

Pinchuk avait confié au Financial Times que ce mouvement “le rendait optimiste, concernant l’avenir du pays”.

Alors que les violences se poursuivent, les Ukrainiens poussent le haut de gamme du spectre politique à participer à ce mouvement tentaculaire qui s’identifie avec le Square, connu communément sous le nom d’EuroMaidan. L’antisémitisme entache le mouvement de protestation et la participation du Parti Svoboda (Liberté) d’extrême-droite nationaliste soulève des inquiétudes parmi les dirigeants juifs.

Les rapports en provenance du Square de l’Indépendance indiquent entre 75 et 100 morts, pour le seul après-midi de jeudi, d’après l’agence de presse NPR.

PAR JTA 21 janvier 2014, 3:58 am.

Ukraine protest speaker urges Jewish oligarchs to use influence | The Times of Israel Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Victor Pinchuk, le Magnat juif qui attire l’Ukraine vers l’Ouest.

Ce self-made man devenu magnat de l’acier et des médias, seconde fortune d’Ukraine, puis gendre de l’ancien-Président Léonid Kouchma est devenu, par sa réussite au moment de l’effondrement du régime, le symbole de la fin du népotisme post-soviétique.

Né à Kiev en 1960, Viktor Michaïlovich Pinchuk est un fils de l’intelligentsia juive prolétarisée sous le régime communiste, et de deux ingénieurs vivant chichement, en économisant chaque paie, alors que les meilleures écoles du pays leur sont restées fermées. Ses grands-parents parlaient yiddish et sa grand-mère était observante, imposant une vaisselle différente pour Pessah. Enfant Juif, il comprend vite que les règles sont différentes, dans l’école soi-disant égalitaire du bloc soviétique. Il doit dire publiquement quelle est sa nationalité, d’où viennent ses parents et ce qu’ils font, face aux rires et quolibets de ses camarades de classe.

Pour se payer ses études d’ingénieur, comme ses parents, il est gardien de nuit dans une usine automobile et obtient son diplôme en 1987, l’année qui suit la Perestroiïka, lancée par Gorbatchev. Plus tard, il fonde Interpipe, une société d’ingénierie. Mais, en cette période de mutation de l’économie planifiée, qui doit s’adapter, de façon anarchique, aux lois du marché, les chaînes de production risquent, à tout moment, de rompre et de s’effondrer très vite, par carence de carburant ou de pièces de rechange. Il faut tout reprendre à zéro et trouver les moyens de réorganiser, par le système « D », l’approvisionnement nécessaire à faire vivre les circuits de production.

A cette époque, il s’associe aussi avec Yulia Tymoshenko pour fonder « Commonwealth » Article original une firme d’importation de gaz venu d’Asie Centrale. Le père de Yulia Tymoshenko, Vladimir Abramovich Grigyan, est d’origine juive. Elle est surtout élevée par sa mère, après l’abandon de domicile de celui-ci.

Mais les deux partenaires se tournent le dos et deviennent rivaux. Tymoshenko sera, un peu plus tard, nommée Premier Ministre du gouvernement ukrainien, lors d’un intervalle d’environ 9 mois, où elle s’arrangera pour faire perdre à Pinchuk une partie de ses acquis. Elle est, à nouveau nommée à ce poste, en 2007. Ses deux mandats sont marqués par une forte rivalité avec le président Iouchtchenko, son ancien allié dans la Révolution orange.

Renversée le 3 mars 2010, Yulia Tymochenko est condamnée à sept ans d’emprisonnement, le 11 octobre 2011, pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés entre l’Ukraine et la Russie en 2009.

Dès cette époque, néanmoins, il arrive à Victor Pinchuk de se sentir l’âme d’un philanthrope. C’est ainsi qu’il s’illustre en offrant un piano Steinway à l’orchestre de sa ville de résidence, Dnipropetrovsk. C’est lors d’une des soirées de gala qu’il organise qu’il rencontre la blonde platine Yelena Franchuk, qui se trouve être la fille de Kouchma, alors Président d’Ukraine. Cette alliance n’ira pas sans heurts ni accès de mauvaise réputation, puisque Kouchma est accusé de brader l’économie branlante du pays à des affairistes –dont Pinchuk fait partie. Mais, selon Alexandr Pashaker, du Centre pour le Développement Economique (Think-Tank), c’est grâce à des entrepreneurs prêts à prendre tous les risques, de la trempe de cet oligarche, que le pays, ainsi que la Russie voisine et la plupart des ex-Républiques soviétiques, a pu pencher du côté d’un capitalisme, certes, parfois cahotant, mais qui a ainsi su éviter un retour à l’autoritarisme de type post-soviétique, qui l’aurait entraîné vers l’effondrement économique complet.

En 2004, il s’associe avec Rinat Akhmetov, -aujourd’hui, l’homme le plus riche d’Ukraine- pour mettre la main sur le site d’aciérie le plus important du pays, Krivorozhstal. Mais l’acquisition est annulée, un an plus tard et le complexe revendu à l’industriel anglo-indien Lakshmi Mittal pour 4.8 milliards de $, soit six fois le prix d’achat de Pinchuk et son partenaire. Cette ventede Krivorozhstal est devenue le symbole de la corruption sous le règne de Kouchma et a durablement terni la réputation de l’homme d’affaires, en Ukraine comme aux Etats-Unis.


Avec Bill Clinton, lors du sommet stratégique de Yalta, qu’il organise.

Perdant, d’abord, une partie de ses entreprises, nationalisées sous la première révolution orange de 2004, il se refait.

Il participe à la refondation financière et morale de la Communauté juive d’Ukraine, finance à hauteur d’1 million de $ le projet de Steven Spielberg, « spell your name », consacré au massacre de Babi Yar, auquel sa famille a échappé, voyant disparaître beaucoup de leurs amis et parents, puis favorise, également le projet de recherche sur la « Shoah par balles », du prêtre catholique Patrick Desbois. A l’inauguration de la synagogue de Kiev, il invite Chelsea Clinton et son mari, Juif d’origine ukrainienne, Marc Mezvinsky, invite Paul Mc Cartney à jouer sur la place où se sont déroulées les premières manifestations de la Révolution Orange, en disant qu’un pays qui ne peut pas faire venir les Beatles ne peut vraiment se prétendre « démocratique ».


Avec George Clooney et Steven Spielberg, à la fondation USC pour la Shoah, en 2013.

Ami des Arts, il ouvre un Musée gratuit d’Art contemporain à Kiev, promet de donner la moitié de sa fortune (estimée à 3, 8 milliards de $ par Forbes) à des causes comme la lutte contre le SIDA, en adoptant la formule des Promesses, lancées par Bill Gates et Warren Buffet, et se fait l’homme décidé à occidentaliser l’Ukraine.

Mais, c’est surtout par deux évènements-clé qu’il attire vers l’Ukraine les grandes figures du gratin occidental à participer à la réflexion sur l’avenir du pays. Il y a le « déjeûner ukrainien » qu’il met en place, chaque année au sommet de Davos, et la Conférence stratégique de Yalta, où se rendent des personnalités comme le couple Clinton, Tony Blair, Shimon Peres, Newt Gingrich, Condoleezza Rice, Richard Branson et tant d’autres. C’est ainsi qu’il attire le Président Yanukovich à s’intéresser un peu plus à l’Ouest et à se détourner de Moscou.

Lorsque la police réprime durement les manifestants, ces derniers temps, l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton intervient.
Il est, plus que jamais, le promoteur du mode de vie à l’européenne, en Ukraine et s’avère l’édificateur d’un pont, désormais, incontournable entre les deux pôles.

Marc Brzustowski.

Source : Maria Danilova| 13 Décembre 2013 12:00 tabletmag.com Article original

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