L’affaire du « mur des cons » constitue un indice extrêmement important sur le plan de la compréhension du phénomène du nouvel antisémitisme et notamment à ses débuts, qui remontent au tournant du troisième millénaire.

Elle permet de corroborer des hypothèses qui avaient été émises au plus fort de sa montée en puissance.L’un des principaux constats faits, alors , fut l’étonnement devant l’uniformité – et le caractère massivement idéologique – du discours
« informatif » des médias concernant Israël.

Nous croyions vivre dans une société pluraliste où les conflits d’opinion faisaient rage et où tout pouvait se dire et nous nous retrouvions soudain dans un pays où la même opinion s’affichait de partout, d’un bout à l’autre du spectre idéologique et où nous n’arrivions pas à faire entendre notre voix malgré des efforts de probation, de démonstration.

Nous avions du mal à accepter l’idée, que nous jugions trop facile, que cette uniformité pouvait découler d’une directive et d’une doctrine officielles.

En quête d’une explication, nous avions alors avancé (et Clément Weill Raynal fut de ceux-là ), que la source de ce discours, pour tous les organes de presse, pouvait remonter jusqu’à la principale agence d’information, l’Agence France Presse, elle même en rapport étroit avec le Quai d’Orsay – et donc la politique d’Etat pro-arabe du régime chiraquien – mais aussi dépendante de ses principaux clients, les pays arabes.

La chose fut illustrée par de nombreux exemples.

Je me souviens notamment comment l’AFP réécrivait les discours de Yasser Arafat pour les rendre plus « politiquement corrects », comment elle ne rapportait que la version palestinienne des faits, et quelques scandales de fausses nouvelles ou de photos truquées, etc…

Penser de telles choses constituait un choc profond pour nos âmes respectueuses de l’ordre public, des conventions de vérité et de l’honnèteté intellectuelle.

Plusieurs entreprises militantes avaient tenté alors de rectifier les choses par l’analyse, la réinformation, l’évidence des faits.

On peut dire aujourd’hui qu’elles ont échoué à se faire entendre que le plan du grand publics.

Le pot de terre contre le pot de fer !

Aujourd’hui, au terme de dix ans de ce régime, une version fabriquée de la réalité s’est installée dans les esprits au point que l’on ne peut même plus la contester sur la scène publique tant elle a occulté la réalité des faits et passe pour la vérité, à commencer dans les cadres universitaires.

L’affaire du mur des cons ajoute un nouvel élément de compréhension.

Elle prouve de façon irréfutable que des groupes corporatifs, en l’occurrence la classe journalistique, à laquelle on peut rajouter le cercle des célébrités que l’on retrouve de plateau télévisé en plateau, et la classe juridique sont mues par des idéologies, ont un agenda politique et pratiquent la mise au ban d’une catégorie de personnalités et d’opinions, sous le couvert grandiloquent de la liberté d’expression, de la morale et de la justice républicaine.

Ces milieux professionnels, censés être au service du public partagent le privilège de n’être contrôlés et évalués par aucune instance.

Ils ne sont pas élus.

Ce sont de véritables corporations qui cultivent et assènent une version partisane de la réalité ou jugent en fonction d’elle : elles font régner en leur sein une doctrine officielle qui sanctionne tout contrevenant externe bien sûr mais surtout pouvant venir de ses rangs, ce qui se passe avec Clément Weill Raynal.

Du coup, le discours dominant sur les Juifs et sur Israël, principale source de l’animosité envers les Juifs tout court, prend une autre portée, bien plus grave.

Il apparaît être structurel, identifié à des pouvoirs.

Ainsi s’expliquent l’immense difficulté des acteurs publics, dès les années 2000, à reconnaître et combattre pour ce qu’il est le nouvel antisémitisme, l’inimitié de principe dans les médias publics envers les affaires juives et israéliennes, le classement sans suite de nombreuses affaires d’antisémitisme, la complaisance envers des discours provocateurs, la diffusion de documents militants, la censure des opinions et des personnes qui sont hors du « mainstream », la permanence d’un discours d’inimitié envers les Juifs et Israël dans les médias…

La société qui accueille de tels dévoiements s’avère profondément malade et rend possible tous les aventurismes politiques.

J’ai avancé l’idée que ces deux corporations, en compagnie de deux autres, le milieu académique et la finance internationale, étaient les principaux foyers d’une idéologie aujourd’hui dominante, le post-modernisme, adepte d’une version utopique de la démocratie qui consacre le déclin de la nation et des droits des citoyens au profit d’un usage dévoyé des droits de l’homme, qui promeut la démocratie participative en lieu et place de la démocratie représentative, qui oppose la gouvernance au gouvernement, le multiculturalisme à la nation, et dont l’ambition va jusqu’à mettre en œuvre une nouvelle doctrine de la condition humaine (à travers la théorie des genres).

Ces corporations agissent, à partir de leur position de pouvoir incontrôlée, à la façon de « raids » lancés sur le domaine public en vue de sa destabilisation : « enquêtes d’investigation », « mises en examen », « sondages » sont les armes de cette stratégie.

Le présent blog tient la chronique de de cette décomposition sociale et politique, plus spécialement pour ce qui concerne la condition juive.

Le nouvel antisémitisme fut « le canari dans la mine » d’une crise qui s’avère concerner le régime démocratique, spécialement dans l’Union Européenne et qui annonce des lendemains qui déchantent.

Shmuel Trigano

1. On peut retrouver la chronique au fil des ans dans les publications de l’Observatoire du monde juif (http://obs.monde.juif.free.fr) et de la revue Controverses (controverses.fr). Cf. notamment Bulletin de l’Observatoire du monde juif, n° 2, mars 2002, « Les agences de presse et la couverture de la deuxième intifada. Déontologie journalistique et choix idéologiques face à Israël »,

http://obs.monde.juif.free.fr/pdf/omj02.pdf
2. C. Weill Raynal, « L’agence France Presse, le récit contre les faits », http://obs.monde.juif.free.fr/pdf/omj02.pdf

3. C’est plutôt comique de voir le Syndicat National des Journalistes-CGT et France Télévisions condamner la divulgation du mur des cons par Clément Weill Raynal (« vol d’images » !) alors que le pseudo « journalisme d’investigation » pratiqué par la corporation ne cesse de dénoncer, mettre en cause, dévoiler, sans doute avec la connivence des milieux judiciaires, des éléments couverts par le secret d’instruction.

La pratique de l’accusation publique, de la dénonciation d’individus est devenu le nec plus ultra du « journalisme ».

On comprend ainsi comment le syndicat des journalistes vient à la rescousse du syndicat de la magistrature, responsable du « mur des cons ».

4.Cf. La nouvelle idéologie dominante, le post-modernisme, Editions Hermann, 2012, où l’on trouvera une analyse du modèle de pensée et d’action de cette domination qui se présente sous une forme libertaire et dans le déni d’une volonté de puissance, bien au contraire : de libération.

TAGS: France Politique Médias Mur des Cons AFP Palestinisme

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