Je viens de lire un livre fabuleux intitulé « Destined to survive » écrit par Israel Cohen, un survivant, qui donne une réponse très simple et logique à la survie de certains pendant la Shoa: ceux qui ont survécu le doivent non pas à un mais des miracles.

Après avoir décrit en détail sa propre survie miraculeuse, l’auteur précité raconte à la fin de son livre encore 3 petites histoires pour illustrer ce principe. Je voulais les partager avec vous.

Histoire 1 : La marche de la mort de Mendel Przityk

A la fin de la guerre, les nazis sachant leur perte proche voulaient néanmoins anéantir le maximum de juifs possible pendant le temps restant. Nous avons tous entendu parler des marches de la mort ou les infâmes allemands tuaient tous juifs qui ne pouvaient pas suivre le rythme épuisant des marches. Mendel Przityk faisait partie d’une marche, après avoir survécu cinq ans de guerre et passé par le ghetto de Lodz, Auschwitz, et d’autres camps. Après des jours Mendel est épuisé et mettre un pas devant l’autre est une torture inimaginable. Affamé, frigorifié, affaibli Mendel n’en peut plus. Il s’effondre parterre et attends la balle qui va le libérer de cette situation horrifique. Soudain un garde SS crie à un autre « Regarde encore un, vas-y tire lui une balle dans la tête ! ». Mais l’autre être bestial lui répond « Mais non ce sale juif joue la comédie, il veut mourir pour ne pas souffrir, on va pas lui rendre ce service quand même, qu’il continue à souffrir comme les autres ! ». Il ordonne à Mendel de se lever. Mendel est incapable. Le SS crie à la colonne de s’arrêter. Choisissant deux juifs un peu plus forts que les autres il leur dit « Vous deux levez ce juif et l’aider à marcher, vous êtes responsable par votre vie de s’assurer qu’il arrive à marcher avec vous ! ». Contre toute attente, Mendel a survécu la guerre, miraculeusement.

Histoire 2 : L’ange de la mort est sélectif

De nombreuses années après la Shoa, deux personnes engagent la conversation dans une synagogue en Californie un Shabbat après-midi, après la prière. Il s’avère que les deux se connaissaient avant la guerre car habitant la ville de Sosnovitz en Pologne. Par « hasard », deux autres personnes de Sosnovitz se trouvent là et les quatre commencent à discuter et se racontent leurs souvenirs, évoquant les connaissances et nostalgies mutuelles. C’est alors qu’une histoire époustouflante émerge de leur conversation. En Septembre 1939 les Allemands envahissent la Pologne et la ville de Sosnovitz proche de la frontière est rapidement occupée. Le gros de l’armée continue sa conquête et seul un petit contingent d’occupation reste. Le commandant, pour établir son autorité par la terreur, fait réunir tous les gens du village à la place centrale. 10 jeunes hommes hassidiques ont été choisis pour l’exemple. Ils sont dos au mur, face à un groupe de soldats prêt à les fusiller. Juste avant l’exécution un groupe d’officiers arrive à motos. Le chef demande à savoir ce qui se passe. Le commandant explique qu’un coup de feu a été tiré contre un allemand et il va exécuter ces dix personnes pour écraser tout désir de résistance de la part des habitants. Le chef des officiers lui rétorque que pour cela il suffit d’en tuer un, pas les dix. Neufs condamné à mort rejoignent le rang des vivants. Les quatre personnes de la synagogue réalisent soudain qu’ils faisaient partie de ce groupe des neufs. Non seulement la Providence les avaient sauvés, mais encore réuni « par hasard » dans cette synagogue un samedi après midi…

Histoire 3 : Pendu ou pas pendu ?

Voici l’histoire de Moshe Gefen, qui habite maintenant à Lugano en Suisse. Moshe était interné dans un camp durant la Shoa et il avait réussi à se faire une place au sein du marché noir qui permettait au prisonnier de gagner de l’argent donnant ainsi accès à un peu plus de nourriture. Il est dénoncé, mais il nie tout. Une bonne bastonnade le fait parler. Le lendemain son numéro est appelé lors de comptage quotidien. Une potence l’attend. Un SS lit la sentence de mort pour son « crime ». Juste avant l’exécution, une sirène annonçant un raid aérien retentit. Les Allemands terrorisés vont se mettre à l’abri. Moshe profite de la cohue pour se cacher au sein de la masse des prisonniers. La menace passée, les sadiques nazis recherchent Moshe pour lui faire payer son dû. Il est reconduit à la potence. La sentence est relue à haute voix. Soudain la sirène retentit à nouveau. Cette fois les nazis s’enfuient pour de bon car les Russes sont trop proches. De la chance, du hasard ? Non plutôt de la Providence…

Réflexion : Il est très difficile de répondre à la question « Pourquoi la Shoa ? ». En effet, je pense qu’il n’y a pas de réponse. Ou plutôt qu’il y a de nombreuses réponses, mais on ne peut pas appréhender la sagesse de D. qui a des raisons que l’on ne peut pas percevoir, qui sont multiples, profondes et insaisissable pour nous autres humains. Cependant on peut poser la question « mais pourquoi certaines personnes, intelligentes, jeunes, avec des moyens et des connexions ont péris dans la Shoa, tandis que d’autres faibles et sans ressources ont survécues ? Pourquoi lui, elle et pas les autres ? ». Comme le dit l’auteur de « Destined to survive » ceux qui ont survécu le doivent non pas à un mais des miracles. Ils devaient continuer à vivre et la Divinité a mis en place des enchainements surnaturels pour leur permettre d’émerger vivant après plus de 5 ans d’enfer inimaginable. Et il suffit de lire les histoires des survivants, de parler avec eux ou les membres de nos familles qui ont connu la Shoa pour se rendre compte de la Providence en action.

P.S. D’ailleurs si vous connaissez personnellement ce genre d’histoires, merci de bien vouloir m’en faire part !
Si cela vous a plu, merci d’inviter vos amis à participer à ce groupe : http://www.facebook.com/home.php?#/group.php?gid=85967155302

Cette histoire est dédiée à la mémoire d’Artur et Truda Rubin. Artur Rubin est né en 1901 à Dobris en Tchécoslovaquie. Il s’est marié avec Truda Kaplusz née en 1907, également à Dobris. Artur était un commerçant. En 1944 ils ont été déportés à Auschwitz où ils ont été assassinés. Artur avait 43 ans et sa femme 37.

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