Dans une lettre ouverte datée du 31 mars, signée par deux scientifiques, Jan C Biro, professeur honoraire à l’Institut Karolinska de Stockholm, et Kevin B. MacDonald, professeur de psychologie à l’Université d’Etat de Californie, un comité agissant sous le nom de « Revision Comity of the Nobel Foundation », dénonce : « The Jewish bias of the Nobel Prize », le « parti pris juif » du prix Nobel.
Sauf que le comité Nobel d’aujourd’hui n’est en rien celui d’il y a vingt ans, n’est en rien celui d’il y a quarante ans et moins encore celui qui l’attribua à Einstein et à Bergson avant le Seconde guerre mondiale, il y plus de quatre-vingts ans…

Les deux auteurs déclarent que ce parti pris est une violation de la volonté d’Alfred Nobel aussi bien que de la législation suédoise. On voudrait bien savoir en quoi ? Ils nous l’expliquent longuement et avec force détails et de nombreux tableaux de pourcentage à l’appui dans leur pamphlet de treize pages.

En ouverture, ils déclarent qu’aucun d’eux, bien sûr, n’est antisémite mais qu’il est toutefois nécessaire d’analyser et de corriger « The Jewish bias of the Nobel Prize ». Pour ce faire, ils terminent leur lettre ouverte par un appel à leurs collègues juifs « hautement respectables » pour qu’ils les rejoignent dans cette sorte de croisade d’un nouveau genre pour sauver le prix Nobel du pouvoir de ce parti pris juif.

Leur longue analyse rappelle pour commencer le règlement établi par Alfred Nobel stipulant que les prix doivent être distribués sans considération de la nationalité des lauréats, aux plus méritants. On en eût douté !

Après ces prémisses, nous entrons dans le vif du débat. La Fondation Nobel a ignoré ce principe fondateur. En effet de 1901 à 2010 (soit en 110 ans), selon leur calcul, 543 prix Nobel ont été attribués à 817 lauréats et 23 organisations. 181 récipiendaires, soit 21,5 %, étaient juifs alors qu’au plus 659 étaient des lauréats non-juifs (ou « gentils », selon la terminologie retenue par les auteurs).

Ces derniers entrent ensuite dans de savants et pernicieux calculs par rapport à la population mondiale. Etant donné que les juifs ne représentent jamais que 0,2 % de l’humanité, les 659 lauréats non-juifs ou « gentils » correspondent à 6,6 % des lauréats, alors que les 181 lauréats juifs correspondent à 905 % des lauréats en valeur globale. En somme, écrivent les signataires, il y aurait 137 fois plus de juifs que de non-juifs récompensés au niveau mondial par le Nobel (mais simplement 26,3 fois plus pour ce qui est des Etats-Unis).

On ne voit pas à quoi conduisent de pareils calculs, si ce n’est à une sorte de haine qui ne dit son nom, sous les apparences d’analyse objective, puisque statistique, mais les statistiques ont servi à comptabiliser aussi l’extermination d’êtres humains. Un dernier mot sur ces statistiques. La proportion de lauréats juifs aurait plus que doublée (2,3) après la Seconde guerre mondiale. Est-ce la faute à Hitler ? Ainsi, l’augmentation de Nobel entre juifs et non-juifs serait, depuis soixante ans, de 8,8 fois supérieur au bénéfice des premiers.

SURENCHÈRE

Cette lettre ouverte sous prétexte de relever des pourcentages et des taux de sur-représentation des uns par rapport aux autres, ne propose rien d’autre qu’une immonde surenchère des juifs par rapport aux non-juifs, comme il y eut l’abominable surenchère des victimes des génocides, comme si les victimes ou au contraire les possédés de tous les racismes et antisémitismes et de toute obédience, n’en avaient jamais fini avec les surenchères qui fomentent ou attisent les haines.

Outre le mythe du complot qui se fraye un chemin à travers tout le discours de Jan C Biro, une autre question se lève : mais que fait-il de ces juifs non-juifs, convertis, athées, voire anti-sionistes, ou pire antisémites ? Y a-t-il pensé à ces représentants malgré eux d’un peuple, d’une communauté ou pire d’une religion, qu’ils rejettent, qu’ils ne reconnaissent en rien comme étant les leurs ? C’est eux justement qu’ils voudraient bien récupérer.

Imaginons un Jean-Marie Lustiger prix Nobel ! Il serait donc par la force des choses comptabilisé à la fois, selon la logique de l’analyse, comme juif et comme non-juif, puisque converti au christianisme. Cette logique apparente est donc un leurre qui déborde de haine et de jalousie envers les juifs.

Dans l’introduction à cette étude hautement diabolique, M. Biro reconnaît que les juifs en tant qu’entité, ont de tout temps étudié, surtout à des époques ou les petits enfants de Pologne, de Russie, ou du Kansas, courraient aux champs quand un instituteur apparaissait dans leur village. Il tire cela d’une anecdote de George H. W. Bush sur les mères juives des ghettos, mettant du miel, le premier jour d’école (le heder, en yiddish), sur les lettres hébraïques, afin que leurs tout jeunes garçons prennent plaisir à l’étude. Bush oubliait de dire que le lendemain pourtant, ces mêmes garçons, du haut de leurs trois ou quatre ans, devaient continuer à apprendre sur de vieux volumes usés et jaunis, sans plus une goutte de miel.

A la fin de son étude, M. Biro enfonce pour ainsi dire les clous sur la croix, en affirmant ceci : « The J-bias as a violation of Nobel’s will » (« le parti pris juif comme une violation du prix Nobel »)…

« COMPLOT IMPLICITE »

Il reconnaît pourtant que ce ne sont plus les juifs directement qui seraient les appariteurs de ce « complot » implicite, mais les « gentils », les non-juifs eux-mêmes… Les non-juifs seraient ainsi les instruments à leur corps défendant, ou à leur insu, des juifs, ne voulant pas voir que cela dure depuis 3 000 ans. « Le comportement fortement compétitif des juifs n’est pas spécifique au prix Nobel ni à la période post-Seconde guerre mondiale. » Les non-juifs comprennent mal ce phénomène, explique-t-il, c’est pourquoi il lui appartient de leur faire voir en face la réalité sur ce peuple.

Cette « nation » en effet, écrit-il encore, ne vit pas sur une seule terre mais dans tous les pays du monde. On reconnaît ici l’idée du complot de l’Internationale juive, qui sévit partout dans le monde à partir des positions importantes qu’ils occupent.

En définitive, ce Pr. Biro veut avec toute sa force de conviction prouver aux juifs « non-juifs » ou anti-juifs, que ce « J-bia  » leur nuit à eux aussi et qu’il est urgent de le dénoncer pour mieux le combattre.

Longtemps, la haine du juif, depuis les années quatre-vingt, tournait autour du révisionnisme concernant la Shoah et autour du sionisme. Aujourd’hui, à visage découvert et fiers de la spécificité du débat qu’ils mettent sur la place publique et d’abord au devant de la communauté scientifique mondiale, M. Biro et le co-signataire de sa lettre ouverte, Kewin B. MacDonald, s’en prennent à l’excellence juive : plus de révisionnisme post-Auschwitz, plus d’anti-sionisme primaire mais un révisionnisme sournois, odieux, qui dénoncent ce « J-bias » au sein du comité du prix le plus couru du monde, le Nobel…

Ce discours sans être totalement neuf, laisse pourtant pressentir avec plus de force qu’auparavant un nouvel ordre mondial rêvé par des millions de gens, où c’est finalement l’excellence juive qu’il faut sinon étouffer, du moins ramener à l’échelle des autres peuples pour la rendre invisible et inodore – voire indolore, à ceux auxquels elle provoque un irrépressible prurit.

Nous sommes ici dans l’insondable de la détestation de l’autre, que dénoncèrent tant Jankélévitch et Levinas – et qui est invulnérable.

Michaël de Saint-Cheron

Michaël de Saint-Cheron a publié Entretiens avec Emmanuel Levinas et De la phénoménologie du visage à une philosophie de la rupture (Livre de Poche, 2010).

Michaël de Saint-Cheron, auteur et chercheur à l’université Paris-III-Sorbonne nouvelle

Le Monde.fr

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Ratfucker

Ces 2 hautes autorités morales et intellectuelles exploitent le même filon qu’Eric Zemmour: le déterminisme ethnique. Etonnant que les habituels défenseurs de l’Islam opprimé ne soient pas encore montés au créneau contre le Comité Nobel pour cause de stigmatisation indirecte ou de discrimination: En effet, 6 Prix Nobel (dont celui de la Paix attribué à Arafat) pour 1,4 milliards de Musulmans, cela traduit soit un préjugé évident, soit un mépris absolu pour le système des quota, soit la mise en évidence des insuffisances (euphémismeà) des intéressés. Il serait donc urgent que le Comité Nobel se penche sur ce déséquilibre flagrant et prenne en compte les disciplines où excellent les Fidèles du Prophète.

Abrisajac

Que veulent démontrer les auteurs de cet article ? que les juifs qui représentent 2 pour mille de la population mondiale, ont ‘raflé’ (que de relents nauséabonds !!) plus de 20% des prix Nobel…(100 fois plus que la moyenne) et que statistiquement parlant ce n est pas cohérent…
Donc, la seule façon d expliquer ce phénomène est d affirmer que les personnes qui décernent les prix sont forcément ‘enjuivés’…
Peut être faut il rappeler à ces auteurs que là où la densité de juifs est la plus grande c est à dire en Israël :
on trouve le plus grand nombre de brevets déposés (à peu près 100 fois plus que la moyenne mondiale, pourcentage calculé par habitant… tiens 100 fois plus , c est exactement ce qu on trouve pour les prix Nobel)
On trouve une avancée dans la recherche médicale incomparablement plus importante que partout ailleurs
On trouve le plus grand nombre d innovations (Drônes, agriculture, biologie…) , à peu près 100 plus important (ramené par habitant – toujours le rapport 100) que partout ailleurs dans le monde…
Il en résulte de cette trop courte analyse qu il y a en gros 100 fois plus d innovations en Israël que partout dans le monde… que les juifs innovent 100 fois plus que les autres et que par conséquent le pourcentage de 20% est tout à fait explicable…(nous n avons pas parlé des prix Nobel de l économie où les lauréats juifs représentent plus de la moitié des Nobel décernés…)
Maintenant que nous avons déplacé la question,Ce qu il faudrait expliquer en c est pourquoi les juifs innovent 100 fois plus que les autres … mais ceci est une autre histoire… qui j en ai peur ne peut être appréhendée par la science…

André-Beseder

Désoler pour ces messieurs, et aux autres….ceci aussi explique les prix Nobel :

Israël, à été classé ces derniers jours (et ce n’est pas la première fois !!..), 4 ème pays du monde pour ses découvertes, inventions et nombres de brevets déposés, mais dans certaines matières, il est le premier, avec à peine 7 millions de citoyens, tout petit et toujours en guerre avec des imbéciles !!….

Certains sont plus nombreux que nous, ou possède un grand pays, d’autres vivent en paix, d’autres ont du pétrole depuis longtemps et en abondance,

Nous, nous n’avons rien de tout cela, mais heureusement Barour ashem Nous avons une longue Histoire, qui ce compte à travers les millénaires, et une ressource en abondance « la matière grise » !!….

René Pailloucq

A propos des crétins évoqués par jankel, il serait utile pour ceux d’entre eux atteints par une haine de soi qu’ils apprennent quelque chose. Un hebdomadaire belge et intelligent (oui, cela a existé) intitulé le « Pourquoi pas? », qui a disparu dans les années 1960, donnait vers la fin des années 1950 l’information suivante: Un dirigeant local du Parti nazi américain (oui, cela a existé aussi, bien qu’en Europe ce fût encore impensable à l’époque) vient d’apprendre qu’il était lui-même juif. Qu’a-t-il fait? Il s’est suicidé. Et quelles furent ses dernières paroles? « Un de moins. »

jankel

Que ces beaux messieurs ne s’attendent pas à réitérer 1933. Leur propagande ne touche que la masse des crétins et il faut enlever le suffrage universel à ces imbéciles….(?)
Cette fois les Juifs ont des Armes, comme criaient terrorisés les SS attaqués dans le Ghetto de Varsovie…Pourtant ! Quelles armes dérisoires,les Juifs avaient là!
Aujourd’hui, ils ont en dernier recours un État armé, compétent et un service secret encore plus compétent!
Un service secret menace l’Étranger comme il contrôle l’Intérieur!
Que ces crétins de haut viol continuent de grimper jusqu’au soleil pour s’apercevoir que leurs ailes dérisoire sont de cire molle !
Si les Tutsi avaient eu des armes; TOUS, comme EN SUISSE ou aux USA ou en Israël, PERSONNE ne serait venu les hacher menu à la Machette…….Comme les Juifs roumains tués par familles entières, dans les rues de Bucarest en 1943….
Les socialo-pacifistes de toujours, justifiant de leur couardise et sottise profonde en réservant les armes à la fonction Régalienne de l’État…Sic….n’ont qu’à continuer d’aider les États à les Désarmer Légalement.
Les Juifs n’ont qu’une chose à craindre: leurs traîtres et leur couardise socialiste-pacifiste. Que ceux là en crèvent, de baisser la tête et raser les murs!….