Accords de Camp David, septembre 1978 : Menahem Begin (premier ministre israelien) serre dans ses bras Jimmy Carter (president americain) sous le regard d'Anouar el-Sadate (president egyptien) --- President Anwar Sadat of Egypt applauds as U.S. President Jimmy Carter embraces Prime Minister Menachem Begin of Israel during a press conference September 1978.

Accords de Camp David en septembre 1978: Menahem Begin, premier ministre israélien, serre dans ses bras le président américain Jimmy Carter, sous le regard du président égyptien Anouar el-Sadate. Rue des Archives/© Granger NYC/Rue des Archives

Il y a 40 ans, le président égyptien Anouar el-Sadate et le premier ministre israélien Menahem Begin, signaient des accords sous la médiation américaine. À l’époque, l’éditorialiste du Figaro, soulignait que cela ne faisait pas disparaître les risques de guerre mais redonnait ses chances à la paix.

Le choix de la paix ou de la guerre interminable. Le 17 septembre 1978, après d’intenses négociations à Camp David, aux États-Unis, l’égyptien Anouar el-Sadate et l’israélien Menahem Begin apposent leur signature sur deux accords-cadres. Et s’auto-congratulent ensuite sous le regard du président Jimmy Carter.

Des négociations de paix au point mort

Carte parue dans «Le Figaro» du 4 septembre 1978, figurant les quatre zones d'occupation israélienne.

 

C’est le président américain qui prend l’initiative de réunir son homologue égyptien, Anouar el-Sadate, et le premier ministre israélien Menahem Begin, pour relancer le processus de paix au Proche-Orient.

Cette rencontre intervient quelques mois après la visite historique (en novembre 1977) d’Anouar el-Sadate en Israël -premier dirigeant arabe à effectuer une visite officielle dans ce pays.

Il reconnaît ainsi implicitement l’État hébreu et vient engager des pourparlers de paix. En effet, les deux pays sont officiellement en guerre depuis 1948.

Quatre guerres israélo-arabes ont déjà embrasé la région. Et depuis la guerre des Six Jours en1967, Israëla conquis de nouveaux territoires arabes -la Cisjordanie, la bande de Gaza, le Sinaï égyptien et le Golan syrien- en dépit de la résolution 242 de l’ONU, demandant le retrait des territoires. Depuis quelques mois les discussions israélo-égyptiennes sont interrompues.

Jimmy Carter souhaite parvenir à tracer un cadre pour la paix au Proche-Orient ou pour le moins permettre la reprise du dialogue entre ses deux hôtes. Ce sommet est donc décisif. Mais le défi de la diplomatie américaine est de taille, tant l’écart est immense entre les positions égyptiennes et israéliennes.

Camp David, un lieu propice aux pourparlers

Menahem Begin, Jimmy Carter et Anouar el-Sadate lors des négociations de Camp David en septembre 1978.

 

Aussi pour réussir dans son entreprise, Jimmy Carter décide d’accueillir la conférence dans la résidence de campagne des présidents américains, à Camp David dans le Maryland.

Elle est située à une centaine de kilomètres de Washington. Son aménagement favorise les échanges et permet l’acceuil de l’ensemble des deux délégations. En effet, douze chalets sont ainsi dispersés sur une propriété de quatre-vingt-six hectares.

Mais elle a surtout comme principal avantage d’être isolée dans une forêt touffue. Le journaliste Charles Lambroschini rapporte dans l’édition du Figaro du 6 septembre 1978, qu’elle a l’aspect d’un camp retranché: «elle est protégée des indiscrets par une double grille électrifiée de quatre mètres de haut, surmontée de fil barbelée et patrouillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre par cent cinquante «marines» accompagnés de chiens.»

En effet il s’agit pour le président Jimmy Carter de protéger les négociations de la presse. Charles Lambroschini souligne, dans l’édition du 19 septembre, que «le coup de génie de Carter» est d’imposer «le secret total sur les délibérations» et de tenir les journalistes «dans l’ignorance la plus complète.»

Le pari réussi de Jimmy Carter

Le président américain ne ménage pas ses efforts: les journées sont extrêmement longues; il prolonge le sommet de quelques jours; empêche tout tête-à tête entre les deux hommes pour éviter les explosions; il ose tout: cajoleries, menaces, promesse de «garanties «de sécurité», pressions économiques… Sa détermination est totale.

Il sait aussi que son avenir politique -sa réélection- est en jeu, tout comme sa crédibilité dans le monde. Enfin, au bout de douze jours, il parvient à la signature de deux accords-cadres.

Le premier protocole est un cadre pour la paix au Proche-Orient, qui prévoit une période transitoire de cinq ans pendant laquelle des négociations auront lieu sur le statut de la Cisjordanie et de Gaza (territoires palestiniens).

Mais le flou demeure sur le sort de Jérusalem qui fera l’objet d’échanges de lettres. Vingt-cinq plus tard, le statut de la ville est toujours un problème et source de tensions.

Le second texte stipule que les deux pays se sont engagés à signer un traité de paix dans les trois mois. Israël s’engage à rétablir la souveraineté égyptienne sur le Sinaï et à effectuer un retrait substantiel de ses troupes trois à neuf mois après la signature du traité (les derniers militaires devront partir d’ici trois ans).

Signature du Traité de paix israélo-égyptien à Washington le 26 mars 1979.

 

Dans un message radiodiffusé, Menahem Begin annonce au peuple israélien: «Nous vous avons ramené la paix.» Mais les pays arabes accueillent ces accords avec hostilité.

L’année suivante, le 26 mars 1979, Sadate et Begin signent un traité de paix à Washington. En repressaille l’Égypte est exclue de la Ligue arabe (pendant dix ans).

En 1981 le président égyptien paie de sa vie cette paix: il est assassiné quelques mois avant l’évacuation totale du Sinaï. Quant aux futures négociations sur la Cisjordanie elles resteront lettre morte.

En ce mois de septembre 1978, l’éditorialiste du Figaro se réjouit de cet accord et du travail accompli par Jimmy Carter, mais rappelle aussi que ce n’est pas la paix.

www.lefigaro.fr

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