Immigration et préjugés

Par Michèle Mazel

« Alors Dieu changera ton sort et il te rassemblera de nouveau du milieu de tous les peuples où il t’aura dispersé » Conformément à la prédiction biblique, Israël s’est construit au travers de vagues successives d’immigration. Une immigration qui s’est faite généralement dans la douleur, les nouveaux venus ayant du mal à trouver leur place dans une société bien différente de celles où ils avaient grandi.

Sami Michael

Eli Amir

Dans les premières années de l’Etat, les Juifs d’Irak malgré leur longue et glorieuse culture ont été regardé de travers ; on se moquait parfois d’eux en les appelant « Irakiens pyjamas » par référence à la tenue que certains portaient encore. Aujourd’hui Eli Amir et Sami Michael, originaires d’Iraq l’un et l’autre, comptent parmi les gloires littéraires les plus respectées en Israël ; Moshe Levi, fils de parents irakiens, a été le premier juif oriental a devenir commandant en chef de Tsahal et l’on ne compte plus les hommes politiques de premier plan qui ont leurs racines à Bagdad.

Que n’a-t-on pas dit de l’arrivée massive de Juifs du Maroc ! « Marocain couteau » et autres noms d’oiseaux. Ils ont dû batailler pour se tailler une place au soleil, ayant parfois recours à la violence pour faire reconnaître leurs droits. Ainsi le mouvement des Panthères noires en 1971. Aujourd’hui l’ancien et le nouveau président du parti du travail sont d’origine marocaine comme est celui du parti Shass, et plusieurs commandants en chef de l’armée dont Gadi Eizenkot. Les ministres d’origine marocaine sont trop nombreux pour être comptés sur les doigts de la main.

Près d’un million de Juifs russes sont arrivés lorsque les frontières de l’ex-Union soviétique se sont ouvertes devant eux.  Eux aussi ont eu du mal à s’intégrer. Ne disait-on pas que les hommes se saoulaient et que les femmes étaient de mauvaise vie ?  Il leur a fallu du temps, beaucoup de temps, pour venir à bout des préjugés. Aujourd’hui leurs représentants occupent pourtant une place de premier plan sur la scène politique ; l’un d’eux est président du parlement, un autre, président du parti « Israël notre foyer » a été ministre des affaires étrangères et ministre de la défense.

Le Président de la Knesset, Yuli Edelstein s’exprime lors de Yom Hazikaron, à « Yad LeBanim » à Jérusalem le 30 avril 2017. Photo by Yonatan Sindel/Flash90

Pour les uns comme pour les autres il a fallu se battre pour en arriver là. Surmonter les préjugés, les humiliations, parfois il faut bien le dire les discriminations.  Aujourd’hui, c’est une autre immigration qui est à la peine. Elle se différencie pourtant sur trois points. La couleur de peau, qui les rend facilement reconnaissables. Mais aussi les doutes que certains milieux orthodoxes émettent sur leur judaïsme et surtout le fait que les premiers arrivés avaient grandi dans un contexte socio-économique qui n’a pas facilité leur intégration. Nous en sommes aujourd’hui à la seconde et troisième génération. Que disent les chiffres ? 62% des jeunes obtiennent un diplôme de fin d’études.

Ils sont de plus en plus nombreux dans l’armée, la police, la magistrature et la presse, la politique et jusqu’au ministère des Affaires Etrangères, où il y a même une ambassadrice d’origine éthiopienne. Sans parler de l’ex-Miss Israel Titi Aynaw couronnée en 2013.

ex-Miss Israel Titi Aynaw

Est-ce suffisant ? Non bien sûr. Comme l’ont fait en leur temps les Juifs Irakiens, marocains, russes – sans parler des juifs roumains et iraniens – ils vont devoir continuer à se battre contre préjugés et discrimination. Un combat qui sera sans doute gagné par une nouvelle génération issue de parents nés eux-mêmes en Israël.

Par ©Michèle Mazel 

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Madredios

Une belle intégration réussie en Israel par toutes ces cultures et ces races différentes.
Cela aussi nous est envié par la planète entière.
Une datte reste une datte même si on l’enrobe de menthe ou de piment.
Seules les H’mars voient la menthe ou le piment.
Et ils sont nombreux ces H’mars, presque 90% de la planète.