Israël: Yossi Cohen a oublié que le secret de la réussite c’est …garder le secret

 L’ex-espion en chef israélien s’est livré à des confidences sur des opérations secrètes lorsqu’il était aux commandes du service de renseignement.

La réputation de Yossi Cohen, le James Bond version israélienne, a pris un sacré coup. Une chaîne de télévision israélienne a révélé que l’ex-chef du Mossad s’est livré, alors qu’il était encore en fonction, à des confidences sur des opérations secrètes lors de conversations intimes avec une hôtesse de l’air et plus étrangement avec son mari. Ce dernier a tout déballé, mettant sérieusement à mal l’image de super-espion de Yossi Cohen – physique de mannequin et cerveau de multiples coups tordus contre le programme nucléaire iranien -, image qu’il s’était forgée pendant cinq ans avant son départ en juin du Mossad.

Tout a commencé par un reportage de la «13», une chaîne de télévision privée, qui a réussi à obtenir une interview de Guy Shika. L’épouse de ce financier connu est tombée sous le charme du chef du Mossad, ce qui ne l’a pas empêché d’être l’hôte du couple dans la banlieue de Tel-Aviv. Lors de ces rencontres, Yossi Cohen s’est, selon le mari, vanté en livrant des détails sur les activités secrètes du Mossad. Le chef des services de renseignement aurait ainsi expliqué avoir recruté le médecin traitant d’un dirigeant arabe, tout en donnant des détails sur des déplacements censés rester secrets, ou évoquant ses aventures lorsqu’une de ses multiples légendes avait fait de lui un guide de voyage arabe. «Il nous a raconté aussi avoir viré six chefs de division du Mossad (équivalent en grade à celui de général dans l’armée) dix jours après son entrée en fonction en 2016, car il ne les trouvait ni bons ni loyaux envers lui». «Yossi Cohen a expliqué qu’il s’était fait passer pour leur meilleur ami lorsqu’il était au même niveau qu’eux dans la hiérarchie, avant de s’en débarrasser sans pitié», a témoigné Guy Shika. Pour expliquer ce comportement, l’époux a avancé comme hypothèse que Yossi Cohen tentait ainsi de le «calmer en partageant des secrets pour (lui) faire comprendre combien (il) devait (se) sentir flatté et honoré de fréquenter le chef du Mossad», et passer ainsi outre à des considérations conjugales.

Pour tenter de limiter les dégâts provoqués par cet étalage de fautes professionnelles graves, qui auraient mérité un renvoi, voire de graves sanctions pour un agent secret de base, Yossi Cohen, reconverti entre-temps dans le monde des affaires, a tout démenti en bloc. L’avocat de l’épouse a pour sa part fait appel en vain à la justice pour obtenir l’interdiction de diffusion du reportage au nom de la défense de sa vie privée et du bien-être des deux enfants du couple. Résultat: la publicité sulfureuse qui a entouré le reportage a toute chance de faire grimper le taux d’écoute.

Ambitions politiques

Pour Yossi Cohen, ces démêlés intimes tombent mal. Il semblait avoir réussi sa reconversion dès le lendemain de son départ du Mossad en juin en devenant le responsable des activités en Israël de la SoftBank, une très puissante firme financière japonaise. À terme, il ne cachait pas ses ambitions de devenir un jour premier ministre avec la bénédiction de Benyamin Netanyahou, l’ancien premier ministre, qui l’avait nommé à la tête du Mossad. Des hauts faits d’armes à la tête de ce service de légende devaient l’aider à réaliser ce rêve: des «coups» aussi prestigieux que l’élimination de Moshen Fakhizadeh, le père du programme nucléaire de l’Iran, l’ennemi numéro un d’Israël, sans compter une liste de mystérieuses explosions ou de cyber-sabotages dans des sites atomiques iraniens. Il a également supervisé le vol des archives secrètes nucléaires de l’Iran.

Bref, Yossi Cohen avait le profil idéal pour séduire éventuellement le jour venu des électeurs israéliens. Mais depuis quelque temps, son aura n’était plus ce qu’elle était. À l’occasion de son départ, il avait déjà révélé, lors d’une interview télévisée, des détails sur des opérations de sabotage en Iran qui auraient dû rester confidentielles. Il a également joué de ses relations avec un haut responsable des Émirats arabes unis, lorsqu’il était en fonction, afin de trouver un emploi dans une société financière du Golfe pour sa fille. Dernière «peccadille», il a accepté 20.000 dollars d’un milliardaire australien, ami de Benyamin Netanyahou, comme cadeau de mariage de sa fille. Pour faire taire les critiques émises sur ce don, il a affirmé avoir rendu l’argent.

JForum et sources diverses.