Chers Amis,
Je souhaite que pour nous tous Pourim se soit bien déroulé avec beaucoup de joies et beaucoup d’espoir d’un avenir radieux pour tout notre peuple… Et maintenant, nous devons nous arrimer à la tâche dans la dernière ligne droite vers Pessah !!!!
Ainsi que je l’avais promis ci-joint une acception de la Tsedaka d’après notre maître le Ramak (Rabbi Moshé Cordovéro) dans son ouvrage: Tomer Devora, et, plus de détails sur la ketoreth. Bonne semaine et bonne santé…prenez soin de vous et des vôtres. Cordialement

VAYAK’HEL 5785: SANCTIFICATION DE L’ESPACE SPATIO-TEMPOREL

Cette péricope est l’avant dernière du groupe de cinq parashioth qui termine la description et l’ordonnance de la construction du Tabernacle : mishkan משכן mot qui appartient à la racine שכן voisin signifiant ainsi qu’HaShem réside désormais en cette demeure proche de tout le peuple.

Dans cette sidra, on va retrouver des instructions concernant l’édification du mishkan un peu comme il en a été question lors de la parashat Terouma. Alors peut-on dire qu’il y a ici une répétition ?

Non, parce que la raison de cette répétition est complexe et liée aussi à cette parasha en elle-même: en effet le texte commence par les mots ויקהל משה…. Moïse a rassemblé le peuple. Le mot ויקהל vient de la racine קהל qui signifie rassemblement ou ensemble de personnes soit communauté קהילה.

Le mot kéhila ou communauté est un terme « dynamique » alors que l’autre terme qui existe pour désigner une communauté : עדה dont la racine est עד, témoin est plutôt un terme « statique ».

Nous retrouverons ce terme de êda après l’épisode des explorateurs lorsque tout une communauté sera engloutie par la terre. Ici comme ailleurs, le mot êda signifie que la communauté en question va servir de témoin à l’ensemble des personnes regroupées, à cette nouvelle société qui en est à ses balbutiements et qui se forme autour d’un pôle qui va se nommer משכן Tabernacle mot qui vient de la racine שכן = voisin ainsi que cela a été dit plus haut.

Pourquoi ce terme de mishkan ? Car, D. a émis Son désir de résider parmi les enfants d’Israël : ושכנתי בתוכם « Je résiderai parmi eux ». Lorsque D ordonne à Moïse de Lui construire un Tabernacle est-ce à dire que D va y habiter ? Un midrash dit que ce monde n’est que le marchepied du trône céleste et dans un autre midrash D dit que Sa demeure se trouve au ciel et aussi ici-bas ….

Mais comment la chose est-elle possible ? Par la brisure des vases ? Non pas seulement : ce mishkan est destiné à frapper l’imagination humaine : les hommes ayant vécu en Egypte pays de l’idolâtrie, des sacrifices, de la servitude où les hommes sont habitués à être coiffés par un chef dirigeant, avaient besoin de vivre selon un même calque pour pouvoir comprendre leurs actes et leur modus vivendi leur façon de vivre c’est ainsi que Maïmonide explique les sacrifices car les Hébreux étaient habitués à en voir et ils n’eussent pas pu concevoir une autre façon d’adorer D. sans sacrifice de même, habitués à voir des édifices servant de temple, ils avaient besoin de voir concrètement un lieu d’habitation pour D.
Pour le début de cette parasha, Moïse, fait un acte urgent : il rassemble le peuple pour donner des instructions pour l’élaboration du Mishkan, tout va aller selon une dynamique imprimée par Moïse pour mener le peuple tambour battant. Tout le monde va y prendre part, les hommes tout comme les jeunes et les femmes qui vont contribuer aux travaux en filant les poils de chèvre et les fibres et en tissant des étoffes et en se dessaisissant de leurs belles parures d’or et d’argent et en participant activement.
Le shabbat arrive et tous les travaux sont suspendus. Même l’élaboration du Mishkan s’arrête pour le respect du Shabbat dont on dit qu’il est comme 1/60ème du monde futur.-
De même que le Shabbat sert de témoin chaque semaine pour la sainteté que D nous fait partager chaque semaine, de même, le Mishkan qui est entièrement kadosh (saint) implante au milieu de nous la Sainteté du Créateur à notre échelle. Le Shabbat et le Mishkan vont se rejoindre en un point commun qu’est la Sainteté et l’espace-lieu et l’espace-temps.
Car dans l’espace-lieu, l’homme évolue et c’est là qu’il se trouve confronté à la Sainteté que le Saint Béni soit-Il a « contractée » pour la placer au milieu des hommes et le Shabbat, qui est un rendez-vous de sainteté qui se répète indéfiniment tous les sept jours.
Dans la semaine, l’homme travaille et peu importe dans quel domaine matériel l’homme accomplit sa tâche et il s’efforce, à heures régulières, de se rendre à un rendez-vous multi quotidien avec le spirituel et le sacré, au moyen des prières et de l’étude où les dimensions spatio-temporelles se rejoignent pour le sacré.

Les travaux servant à l’édification du mishkan ne repoussent pas l’observation du shabbat car le sacré n’annule pas le sacré.
Ces travaux (39 en nombre) sont ceux qu’il est interdit de faire le shabbat non seulement eux-mêmes mais avec leurs dérivés comme par exemple : peindre mais aussi par extension se vernir les ongles.
Le motif de l’interdiction des 39 travaux et de leurs dérivés le shabbat n’a absolument rien à voir avec la fatigue comme on le prétexte encore souvent. Il s’agit de l’œuvre créatrice : Ne rien créer le jour du shabbat.

A la différence de la faute du veau d’or commise par le êrev rav (la multitude des non-Juifs sortie avec les Hébreux) où tous ont été contraints d’offrir de l’or dans une sorte de frénésie, pour la construction du Tabernacle, D. demande à Moïse de n’accepter que ce que chaque personne veut bien offrir, selon son cœur.
Il a déjà été spécifié que les femmes offrirent non seulement leurs bijoux mais aussi les ustensiles en cuivre qui, bien polis, leur avaient servi de miroirs au temps où le travail en Egypte était si dur que les hommes s’écroulaient de fatigue et que les femmes se faisaient belles en s’admirant dans leurs miroirs pour encourager les époux à procréer.
C’est d’ailleurs cette quantité de cuivre qui a été utilisée pour façonner la cuvette ou le bassin utilisé pour faire toute l’application destinée à reconnaître si une femme était coupable d’infidélité ou pas.

Le rôle des femmes dans le judaïsme est reconnu et important la seule chose que l’on réclame d’elle étant sa pudeur.

Ci-dessous illustration du “kiyor” en cuivre.

What is a kiyor, and why is it the name of my brand? – Kiyor Studiole « kiyor » du Temple

Et les autres « instruments du Temple :

En quoi consistait le Tabernacle (Michkane)? - Nos chroniqueurs sur la Paracha - ParshahParachat TEROUMA, savoir donner pour la construction du MichkanL’arche d’alliance avec les chérubins.

EMoR: rôle du Cohen Gadol, le Grand Prêtre - JForum

Vue d’ensemble du Temple et les vêtements du Cohen ou vêtements sacerdotaux.

Caroline Elishéva REBOUH

LE POURIM D’ALGER de 1541

Entièrement recouvert de sa grande cape noire Palomo Alvarez se glissa hors de cette maisonnette d’allure modeste dans laquelle il avait vécu depuis sa naissance. Les ombres de la nuit s’éparpillaient avec le zéphyr frais du matin.
Il s’élançait subrepticement dans les ruelles de l’Albaicin et il entendait le bruit des eaux du Darro qui s’écoulaient. Il fallait qu’il arrive au palais pour être entendu très tôt par le chambellan de l’Empereur Charles, Empereur de l’Empire Catholique Romain.
Les vestiges de l’occupation arabe en Espagne et, plus encore en Andalousie se trouvaient partout. L’Alhambra lui-même n’avait-il pas été construit lors de la conquête de l’Espagne ? Tous les noms de bâtiments, de quartiers évoquaient cette présence arabe…………
Palomo savait qu’il se devait d’arriver très tôt pour passer tous les barrages au palais et il n’ignorait pas que seule la chance l’aiderait à se faufiler sans trop éveiller les soupçons. Sa mission était d’autant plus importante que la récompense qu’il recevrait lui permettrait de faire vivre tranquillement toute sa maisonnée.
En arrivant au palais, il aperçut de nombreux courtisans que l’on remarquait de loin par les différents insignes honorifiques qu’ils arboraient. Les gardes officiels, munis de leur demie armure et d’un casque rutilant brandissaient leur lance qu’ils entrecroisaient lorsque l’entrée d’une salle était interdite. Palomo se tint à l’écart tout comme le lui avait recommandé Don Cristobal del Pilar, le chambellan. Peu de temps après que Palomo fût arrivé, un garde se tint devant lui et le pria de le suivre. Sans mot dire, Palomo suivit le garde dans l’enfilade des corridors puis on le fit entrer dans un bureau aux tentures cramoisies ornées de vieil or et le mobilier sombre inspirait le silence. Palomo fut prié de prendre place et quelques instants, qui lui parurent des heures, Don Cristobal fut annoncé. Palomo se redressa. Le chambellan lui fit signe de se rasseoir puis fit un signe de la main pour qu’on les laisse seuls. Cristobal engagea Palomo à livrer ses informations.
Les deux hommes échangent leurs propos à mi-voix : ils craignent que des serviteurs ne les surprennent : les navires des combattants de l’Empire Ottoman sont dispersés en Méditerranée. Leur armée est gigantesque et terrifiante. Cette flotte ennemie est postée non loin des côtes des « Barbaresques ». Cristobal a aussitôt monté son plan de bataille. Il saisit dans l’un des tiroirs de son bureau une bourse remplie de pièces d’or. Palomo s’esquive et regagne son logis de manière aussi agile et prudente qu’il était parvenu à l’Alhambra.
Cristobal, qui, tout comme Charles Quint avait reçu une éducation très catholique pense qu’en attaquant il pourrait faire d’une pierre deux coups : faire battre en retraite les Ottomans et, d’autre part pourquoi ne pas continuer l’œuvre d’Isabelle la Catholique et de Ferdinand d’Aragon qui, en promulguant l’Inquisition avaient persécuté les Juifs d’Espagne dont certains avaient fondé en Afrique du Nord de fortes communautés juives et pousser ces gens dans leurs retranchements ?
Cristobal del Pilar, se rendit chez le roi pour lui proposer son plan… Charles Quint fut séduit par ce projet et laissa carte blanche au chambellan lequel convoqua le chef d’état-major et l’amiral de la flotte impériale et donna ainsi les ordres afférant à cette expédition.
Les navires furent immédiatement révisés, l’armée réquisitionnée et les nombreux navires espagnols chargés à outrance de vivres et d’armes se dirigèrent vers les côtes d’Afrique du Nord et plus précisément vers la Tunisie. La population ne fut guère préparée aussi l’attaque-surprise fit-elle des ravages tant auprès de la flotte ottomane que parmi la population juive de Tunis dont les chroniques rapportent qu’un nombre impressionnant de victimes fut déploré alors. Et, au cours de la même expédition, les Espagnols prirent les Juifs installés à Tripoli (en Lybie) en chasse et les expulsèrent de ce territoire. Ceci eut lieu en 1535.
La flotte remporta un triomphe en rentrant dans les différentes villes où la population lui fit un triomphe. Quelques années plus tard , il fut décidé que la bataille de 1535 n’avait remporté qu’un succès relatif et que si l’on voulait se débarrasser totalement de la présence ottomane dans cette partie du bassin méditerranéen, il convenait de battre cet envahisseur totalement . L’amirauté mit au point un plan de bataille gigantesque : Ce seront plus de deux cents navires de guerre avec armes et bataillons qui se déchaîneront contre les Ottomans. Dès le début du mois d’octobre 1541, les navires se postèrent en vue de la baie d’Alger. La nuit l’armée débarque et occupe les bastions jusqu’à bloquer les grandes et petites agglomérations. Ceux qui avaient survécu à l’Inquisition et avaient trouvé refuge à Alger notamment furent inquiets et tremblaient d’effroi.
Les vents violents d’un automne qui se terminait, provoquèrent un remous marin gigantesque. Les navires espagnols secoués par la tempête s’entrechoquent et coulent à pic avec leur cargaison, leurs armes et les armées. C’était le 23 octobre 1541. Devant les éléments déchaînés et son armée entièrement défaite, l’ordre fut donné aux quelques dizaines de navires restant de regagner la péninsule ibérique.
Une coque de navire ayant échoué devant le port d’Alger, la population juive passant de l’effroi à l’allégresse, se saisit de ce bois pour en faire la téva d’une synagogue d’Alger : la synagogue d’Abantoua. La fuite de l’armée espagnole à la suite de cette tempête inopinée prouva à la communauté juive que le Tout Puissant à l’écoute des prières ferventes de Ses fidèles avait sauvé Son peuple in-extremis.
Ainsi que cela s’est souvent produit au cours de l’histoire juive, des miracles eurent lieu et furent désignés sous l’appellation de POURIM SPECIAL. Ce miracle survenu à Alger fut commémoré très longtemps aux dates des 3 et 4 heshvan avec une journée de jeûne et une de fête.

Caroline Elishéva REBOUH

 

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