Les États-Unis estiment que la Chine devrait se joindre au traité de réduction des armes nucléaires New Start .

Pierre angulaire de l’architecture sécuritaire européenne, le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] ne sera certainement plus effectif à compter d’août prochain, Washington ayant annoncé sa décision de s’en retirer, accusant Moscou d’avoir développé et déployé le missile Novator 9M729, dont les caractéristiques ne seraient pas conformes aux dispositions de ce texte.

Signé en 1987 afin de mettre un terme à la crise dite des Euromissiles, le traité FNI interdit aux États-Unis et à la Russie de disposer de missiles dont la portée est comprise entre 500 et 5.500 km.

À plusieurs reprises, l’Otan a demandé à Moscou des précisions sur son missile 9M729. Seulement, les autorités russes ont fait la sourde oreille, se contentant de rejetter les accusations américaines.

Cela étant, la fin du traité FNI arrange aussi bien la Russie que les États-Unis. En effet, la première aura les mains libres pour continuer sa politique d’affirmation de puissance en se donnant la possibilité de déployer des missiles susceptibles de menacer les infrastructures militaires et économique européennes tandis que les seconds pourront développer des engins qui leur étaient jusqu’alors interdits pour faire face à la Chine.

Pour tenter de sauver ce traité, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, a proposé de l’élargir à l’arsenal chinois.

De même que le e chef du Kremlin, Vladimir Poutine, ce dernier s’étant dit « ouvert » à étendre ce texte à « d’autres pays ».

Mais pour Pékin, il n’en est pas question pour la simple et bonne raison que cela la priverait d’une majeure partie de son arsenal.

Outre le FNI, un autre traité tout aussi important risque aussi de connaître le même sort. Signé en 2010 par Washington et Moscou, le New START [Strategic Arms Reduction Treaty] vise à limiter les arsenaux russes et américains à 1.550 têtes nucléaires déployés et à 700 lanceurs stratégiques.

Or, ce texte arrivera à échéance en 2021 et rien ne dit, pour le moment, qu’il sera au minimum prolongé.

D’après Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, qui s’exprimait devant le comité sénatorial des Affaires étrangères, le 10 avril, le New Start est « largement respecté ».

Mais, à l’avenir, Wahington souhaiterait que la Chine soit également concernée par les dispositifs de contrôle des armements.

Le président Trump « a été très clair : si nous pouvons parvenir à un bon accord, un accord solide de contrôle des armements, nous devons en avoir un », a affirmé M. Pompeo.

« Nous devons nous assurer que toutes les parties concernées y participent aussi », a-t-il ajouté, en faisant allusion à la Chine. « Nous n’y arriverons peut-être pas. Il se peut que nous ne coopérions qu’avec les Russes sur ce dossier. Mais si on parle de […] capacités nucléaires qui représentent un risque pour les Etats-Unis, c’est un nouveau monde aujourd’hui », a-t-il expliqué.

Faute de chiffres officiels, il est difficile de connaitre avec exactitude le nombre d’armes nucléaires dont dispose la Chine.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm l’estime à 270 tandis que général Viktor Iessine, ancien commandant des forces stratégiques russes, a évoqué l’existence de 1.600 à 1.800 têtes nucléaires.

Quoi qu’il en soit, l’enjeu est que le New Start puisse, a minima, être prolongé. Or, comme l’a souligné Nicolas Roche, le directeur des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement au ministère des Affaires étrangères, lors d’une récente audition parlementaire, « l’extension simple » de ce traité « n’est pas garantie. »

« Du côté de la Fédération de Russie, il y a eu l’expression d’une volonté d’étendre le traité New Start et de le compléter en traitant toute une série de sujets situés en dehors du champ nucléaire [défense antimissile, question des frappes conventionnelles à très longue distance] » tandis qu’à Washington, la question porte sur la valeur même de la maîtrise des armements nucléaires pour la sécurité des États-Unis », a résumé M. Roche.

« Il y a aujourd’hui un débat interne à l’administration américaine pour savoir laquelle des options possibles sert les intérêts de sécurité. Il existe une option d’extension simple, une option de remplacement du traité par un autre traité qui couvrirait tous les sujets pour les Américains – y compris ceux des armes nucléaires non stratégiques et des missiles de portée intermédiaire – et, enfin, une option consistant à ne plus avoir de traité, ce qui signifierait le retour à la compétition pure et parfaite », a-t-il ensuite expliqué.

Or, la dernière option n’est pas à écarter, ce qui ferait que les Européens se retrouveraient, à partir de 2021, dans une « situation stratégique où il n’y aurait plus aucune forme de régulation de la compétition stratégique entre les États-Unis et la Russie, c’est-à-dire dans une situation comparable à celle des années 1960. »

LAURENT LAGNEAU 

opex360.com

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