Tsahal prépare sa réplique aux manifestations de la Journée de la Nakba à Gaza

Photo : Les gardes-frontières israéliens prennent position au cours d’affrontements avec des manifestants palestiniens à la suite d’une manifestation marquant la journée de la Nakba près du point de contrôle israélien Hawra près de la ville de Naplouse en Cisjordanie, le 16 mai 2015.REUTERS / Abed Omar Qusini
L’armée israélienne estime que le Hamas a l’intention de poursuivre les manifestations le long de la frontière de Gaza longtemps après leur date limite de la journée de la Nakba, le 15 mai. 

 

L’appareil sécuritaire israélien a décidé que si les manifestations massives le long de la frontière de Gaza et la violence inspirée par le Hamas continuaient d’augmenter, la réponse des Forces de défense israéliennes (Tsahal) ne resterait pas limitée à la zone proche de la frontière. En d’autres termes, Tsahal ne s’attaquera pas seulement aux menaces de franchir la frontière, mais attaquera aussi en profondeur les cibles du Hamas.

Les émeutes intensives près de la frontière et l’intention du Hamas de les poursuivre ont ramené le terme de « banque de cibles » dans le lexique des missions prioritaires de Tsahal  : elle comprend les camps d’entraînement du Hamas, les postes de contrôle, les postes de police, les usines de munitions et de roquettes, d’équipement militaire, sans oublier les missiles.

La décision de rétablir la banque de cibles a été prise à la mi-avril, en supposant que le Hamas avait l’intention de mener une guerre d’usure prolongée le long de la frontière. Malgré les dates précises de la « Marche du Grand Retour » – du Jour de la Terre, le 30 mars au Jour de la Nakba, le 15 mai – l’évaluation israélienne est que le Hamas a l’intention de prolonger les manifestations frontalières pour créer un cycle continu de violence, même après ce jour de la Nakba (15 mai) et son aboutissement prévu lors du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Si cela devait s’arrêter au lendemain, ce serait une campagne « pour rien ».

Les manifestations frontalières sont un succès, du point de vue du Hamas, malgré les nombreuses victimes qui en découlent (34 à ce jour et de nombreux blessés). Le siège de Gaza et les tribulations qui se déroulent dans la bande de Gaza ont été ramenés à l’ordre du jour des médias internationaux, bien que les développements récents en Syrie aient détourné l’attention internationale de Gaza. Le Hamas a réussi à organiser une manifestation de protestataires, qui apparaissent majoritairement non armés (en réalité, il y a eu des snipers palestiniens et des lanceurs de cocktail-Molotov et engins incendiaires divers) pour protester contre l’existence d’Israël et d’une frontière délimitant les deux territoires, tandis que l’armée israélienne utilise avec discernement des munitions à balles réelles. Vendredi dernier, le bilan a été bien moins lourd que les semaines précédentes (1 mort et 300 blessés).

Une source au sein de la sécurité israélienne a déclaré à Al-Monitor que le Hamas avait deux objectifs qui l’encourageraient à poursuivre les violentes manifestations à la frontière. L’une consiste à forcer l’armée israélienne à stationner une grande constellation de forces permanentes le long de la frontière de Gaza ; la seconde est de continuer à attirer l’attention de l’opinion publique internationale sur la question du blocus afin de faire pression sur Israël pour qu’il le lève. Ce qui ne se fera pas sans une décision équivalente du côté égyptien et n’est pas à l’ordre du jour avant longtemps (changement de pouvoir à Gaza).

Le Hamas voudrait transformer les manifestations de masse en une routine hebdomadaire, au-delà du 15 mai. Mais l’armée israélienne prévoit d’arrêter les manifestations en changeant ses tactiques sur le terrain et en prenant le Hamas pour cible en particulier. Dès le début, Israël a qualifié les manifestations frontalières d’actes de terreur, et affirme que le Hamas est, non seulement, impliqué dans les manifestations mais aussi dans des activités terroristes telles que l’implantation d’engins explosifs le long de la frontière et la tentative de percer la barrière pour infiltrer des commandos armés et/ou déborder les forces de sécurité israéliennes. La conclusion d’Israël est qu’il doit répondre militairement à ce qu’il perçoit comme un affrontement armé avec le Hamas le long de la frontière.

Deux jours après les manifestations du 14 avril, Tsahal a annoncé qu’il avait récemment découvert un autre tunnel du Hamas dans le nord de Gaza. Selon le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, il s’agit du tunnel le plus long, le plus profond et le plus impressionnant à avoir été découvert jusqu’à présent. Un porte-parole de Tsahal a déclaré, sous couvert d’anonymat, que le tunnel était situé dans la zone de Jabaliya, près de l’endroit où les manifestations ont lieu. Ainsi, Tsahal s’est préparée à la possibilité que le Hamas utilise simultanément le tunnel pour mener des actes terroristes sous le couvert des manifestations.

Le moment de l’annonce et la connexion établie entre le tunnel découvert et les manifestations ont été conçus pour envoyer un message clair au Hamas : Soyez prudent ou vous paierez un prix élevé pour les protestations continues. Plus les manifestations se poursuivent, plus le Hamas investit des efforts dans ces forces et dans les violences contre les forces de Tsahal, ce qui entraînera à son tour l’augmentation des représailles militaires israéliennes, en incluant les cibles du Hamas à Gaza. « C’est un conflit [militaire] de quelque manière que vous le regardiez et qui devrait être traité comme tel », a déclaré la source militaire. « L’équation est claire : Tsahal sera libre de répondre [dans toute la bande de Gaza] à tous les actes terroristes dont le Hamas est responsable le long de la frontière ».

Au-delà de l’option des représailles militaires, Israël dispose également d’outils pour imposer des sanctions au Hamas. Dès maintenant, les passages frontaliers fonctionnent comme d’habitude ; Même le passage de Kerem Shalom, utilisé pour les biens et les marchandises, a fonctionné comme d’habitude au cours des dernières semaines, même si moins de camions entrent à Gaza en raison de la réduction du pouvoir d’achat de ses résidents. Cependant, le message récemment transmis par l’administration civile israélienne au Hamas est qu’ils ne peuvent pas continuer à distinguer les incidents frontaliers en cours du fonctionnement des passages frontaliers, à l’avenir, entre Israël et Gaza.

Les organisateurs des manifestations prévoient d’organiser un « spectacle » ce week-end qui, selon eux, nuira au moral des Israéliens, en grattant les plaies du chantage à l’enlèvement et à la confiscation de dépouilles, contre toute loi humaine depuis 30.000 ans et plus : ils veulent montrer deux cercueils avec les noms des deux soldats de Tsahal – Hadar Goldin et Oron Shaul – décédés lors des trêves de l’opération Bordure Protectrice, en 2014, au moment du Conflit de Gaza et dont les restes sont toujours détenus par le Hamas. Les manifestants projettent également de montrer des photos d’Avera Mengistu et d’Hisham al-Sayed, les deux civils israéliens détenus par le Hamas.

Le Coordonnateur des activités du Gouvernement dans les Territoires Le Général Yoav Mordechai a répondu à la provocation prévue sur la page Facebook en langue arabe du COGAT : «Les morts doivent être enterrés, cela ne doit pas être retardé, a dit Moïse, et ainsi Mahomet a donné ses instructions claires. Les nôtres qui ont été tués doivent être enterrés, ainsi que les corps des palestiniens tués, qui sont encore entre nos mains, aussi longtemps que vous ne restituez pas les corps des nôtres, Gaza ne prospérera pas et ne s’épanouira pas!

Assez parlé.

Le Hamas comprendra-t-il le message? Les manifestations frontalières continueront-elles même après le Jour de l’Indépendance d’Israël et le Jour de la Nakba? Il est difficile de croire que le Hamas arrêtera les manifestations qui ont réussi à faire passer la colère des habitants de Gaza contre le Hamas lui-même et à la transférer sur Israël. Ainsi, en plus de ses tunnels, qui sont peu à peu découverts et détruits, le mouvement pense avoir un nouvel outil pour briser le blocus.

Adaptation : Marc Brzustowski

Shlomi Eldar est chroniqueur pour Israel Pulse d’Al-Monitor. Au cours des deux dernières décennies, il a couvert l’actualité de l’Autorité palestinienne et en particulier la bande de Gaza pour les chaînes israéliennes 1 et 10, reportant sur l’émergence du Hamas en tant que pouvoir. En 2007, il a reçu le prix Sokolov, le prix médiatique le plus important d’Israël, pour ce travail. Sur Twitter: @shlomieldar

En savoir plus : al-monitor.com

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Jge france reaa

Nous avons a faire avec des nazislamistes , la grande majorite des Israeliens le savent , la minorite , c elle qui est mise en scene par les medias , adoptent le narratif europeen et nous condamne !