Au revoir l’Iran, bienvenue Israël ? Le Soudan change d’approche

Alors que Jérusalem et Khartoum sont encore très loin de normaliser leurs relations, on a observé, ces derniers mois le Soudan se rapprocher du camp sunnite modéré tout en parlant ouvertement d’améliorer la qualité de ses relations avec Israël. 

Les relations entre Israël et le Soudan pourraient faire l’expérience d’un dégel, certes léger, mais inattendu.

Il y a quelques jours, un « forum soudanais pour le dialogue international » a touché à sa fin au Soudan, dont le but était d’unifier les divers partis dominants et groupes armés dans le pays. Au cours de ce forum, lancé en octobre par le Président Omar El Béchir, ces groupes ont débattu de divers sujets, comme la la loi au sein de l’Etat, les libertés individuelles et la politique étrangère.

Prime Minister Benjamin Netanyahu and President Omar al-Bashir: not the most obvious of allies. (Photo: Amit Shabi, AFP)
le Premier Ministre Benjamin Netanyahu et le Président Omar al-Bashir: loin d’être les alliés les plus évidents. (Photo: Amit Shabi, AFP)

De façon surprenante, la question de la normalisation des relations avec Israël est survenue un certain nombre de fois, au cours de ces trois derniers mois.

« Il n’y a aucune justification au fait que le Soudan entretienne des relations hostiles avec Israël, puisqu’il devra en payer le prix politique et économique pour les poursuivre », a déclaré que chef du parti soudanais indépendant, qui perçoit une éventuelle levée des sanctions américaines contre le Soudan comme le point d’ouverture et la raison évidente d’une normalisation des relations avec Israël. Ces sanctions ont été mises en oeuvre il y a deux décennies environ, en représailles au soutien au terrorisme mené par le Soudan.

Les déclarations du présidentdu Parti Indépendant Soudanais peuvent sembler surprenantes, mais pas autant que celles du Ministre soudanais des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour. 

« Cette question de la normalisation des relations avec Israël fait partie de celles que nous devons explorer », a déclaré Ghandour, au cours d’une  convention dans la capitale Khartoum, en réponse à un raisonnement souvent soutenu et entendu au cours de cet événement, disant que l’attitude belliqueuse du Soudan envers Israël constitue une raison de l’embarras de Washington.

Selon ce point de vue, une amélioration des relations avec Israël ouvrirait la porte à meilleures relations avec le gouvernement américain. L’annonce de Ghandour a entraîné une controverse dans les médias arabes, le conduisant à devoir clarifier que le Soudan ne lie pas ses relations avec tel pays spécifique avec celles à l’égard de tout autre pays.

Les participants à ce forum ont compris le message que leur envoyait le Ministre des Affaires étrangères et plusieurs dizaines ont alors déclaré qu’ils étaient favorables à l’instauration de liens avec Israël sous certaines conditions.

« La Ligue Arabe soutient une telle approche », a déclaré un membre du forum, Ibrahim Sliman.

Khartoum se rapproche du camp sunnite modéré

Des membres du parti dirigeant d’al-Bashir prétendent qu’il n’y a aucune discussion concernant les relations avec Israël dans aucune des réunions internes au parti.

Al-Bashir, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour Crimes de Guerre à la Cour Pénale Internationale de la Haye, a déclaré en novembre 2012, que la normalisation avec Israël est une « ligne rouge ». Sa déclaration survenait peu de temps après qu’Israël ait attaqué une usine d’armements en missiles dans le centre de Khartoum.

Le dialogue surprenant qui fait surface autour des relations entre Israël et le Soudan est probablement dû aux bouleversements survenant au Moyen-Orient au cours de ces derniers mois. Quoi qu’il en soit, il semble qu’une normalisation complète soit encore très éloignée.

Le Soudan apparaît s’être rapproché du camp sunnite modéré au cours de ces deux dernières années, tout en prenant ses distances à l’égard des cercles dirigeants chi’ites iraniens. Il y a deux semaines, le Soudan a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran à la suite de la mise à sac de l’Ambassade saoudienne à Téhéran.

Au cours de ces dernières années, les médias soudanais et étrangers ont souvent traité des attaques aériennes israéliennes à l’intérieur du territoire soudanais visant à empêcher les livraisons d’armes au Hamas dans la Bande de Gaza et au Hezbollah.

 

Iranian Supreme Leader Ali Khameini and al-Bashir. Are weapons shipments from Sudan to Iran a thing of the past? (Photo: AP, Motti Kimchi, AFP)
Le Guide Suprême iranien Ali Khameinei et al-Bashir. Les cargaisons d’armes d’Iran vers le Soudan sont-ils une affaire dépassée? (Photo: AP, Motti Kimchi, AFP)

Les relations entre le Soudan et les « mouvements de résistance », c’est-à-dire le Hamas et le Hezbollah, renforcées au cours des années 1990, en particulier depuis l’ascension d’al-Bashir au pouvoir. Le soutien du Soudan à Al Qaïda et à son chef Osama Ben Laden n’a rendu que plus compliquée la controverse déjà existante avec les Etats-Unis, ce qui a porté préjudice à Khartoum, autant sur le plan politique qu’économique.

Le changement a commencé en septembre 2014, quand al-Bashir a fermé les centres iraniens au Soudan et expulsé l’attaché culturel iranien au motif qu’il aurait répandu le Chiisme dans le pays. Le Soudan a été un des premiers pays à se joindre à la guerre contre les rebelles Houtis au Yémen, qui sont appuyés par l’Iran. Le paroxysme de ces tensions a été atteint quand le Soudan a réduit ses relations diplomatiques avec l’Iran, il y a deux semaines, une mesure prise par beaucoup d’autres pays sunnites.

Il n’est pas inconcevable que les actions du Soudan soient un moyen d’obtenir des récompenses financières de la part de l’Arabie Saoudite et qu’il soit intéressé à normaliser ses relations avec Israël dans le but d’améliorer sa situation financière. Il vaut la peine de se rappeler qu’un visiteur américain avait fait fuiter à Wikileaks une citation d’un conseiller du Président al-Bashir, Mustafa Osman Ismail, qui disait lors d’une rencontre avec de hauts-représentants de l’Etat (américain) : « Si les choses s’améliorent avec les Etats-Unis, vous nous aiderez à faciliter les choses vis-à-vis d’Israël, votre allié le plus proche dans la région ». 

Par Roi Kais

Publié le : 21.01.16, 00:27 / Israel News

ynetnews.com

 

Adaptation : Marc Brzustowski

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