La médaille des Justes a été décernée à Marcelle Porte, enseignante qui vivait à Bourganeuf © BARLIER Bruno
Avant la Seconde Guerre mondiale, la population de confession juive de la Creuse représentait « 600 personnes », selon l’historien creusois Christophe Moreigne. Nombre qui a pu atteindre 3.000 à 3.500 personnes sous l’Occupation.
Un refuge pour tous les persécutés
La Creuse a été une terre d’accueil pour les réfugiés en général : lors de l’exode de mai 1940, la population du département, qui comptait alors 200.000 habitants, a plus que doublé.
Par la suite et en proportion, la Creuse a accueilli plus de personnes persécutées que d’autres départements. Christophe Moreigne explique ce rôle de « refuge » par « la proximité de la ligne de démarcation ».
« Pendant toute la guerre, pour les citadins, cette Creuse paysanne était un territoire où l’on ne risquait pas de mourir de faim. On y produisait notamment des pommes de terre en abondance » CHRISTOPHE MOREIGNE (Historien creusois )
Surtout, en Creuse, il y a eu les “homes d’enfants”.
Château de Chabannes Saint Etienne Saint Pierre de Fursac
Au début des hostilités, l’OSE (Œuvre de secours aux enfants) a replié ses maisons installées intialement en région parisienne entre la Haute-Vienne et la Creuse (à Saint-Pierre-de Fursac, Le Grand-Bourg et Mainsat). Il y avait également la maison du Refuge israélite de France; près de Crocq.
Le château de Chaumont, à Mainsat, vendu sur Le Bon Coin
A Chabannes, le directeur, Felix Chevrier a réussi à exfiltrer « 300 enfants vers les Etats-Unis », rappelle Christophe Moreigne.
1.000 enfants juifs protégés dans le département
Au total, environ 1.000 enfants juifs ont séjourné dans ces différents établissements sur la durée de l’Occupation. « Les châteaux de l’OSE ont créé des points de fixation pour les familles juives », observe Christophe Moreigne.
Serge et Beate Klarsfeld sont vensu à Crocq en décembre 2018
Dans un contexte de présence quantitativement importante de réfugiés juifs, l’hospitalité creusoise, reconnue par les témoins , a fait des merveilles.
Des histoires de fraternité ressurgissent dans de nombreuses communes de Creuse
Une famille juive cachée dans une grange au coeur de la creuse
Dans son livre, La Mention rouge, qui vient de paraître aux éditions Points d’encrage, Christophe Moreigne a ainsi recueilli le témoignage de Jacques Bloch, le neveu de l’historien et Résistant Marc Bloch, qui fut lycéen à Guéret et qui s’est lui-même engagé dans la Résistance à 17 ans.
L’institutrice de Bourganeuf Marcelle Porte élevée au rang de Juste parmi les nations en 2016
La famille Schwab est venue d’Alsace et s’est réfugiée à Guéret en 1942 ( collection Ch.Moreigne)
Une générosité spontanée
Jacques Bloch évoque la générosité spontanée des habitants de Genouillac, une commune du nord du département: « Mes parents sont arrivés complètement démunis dans la Creuse sans connaître personne. Des paysans avaient appris que des pauvres gens pourchassés venaient d’arriver. Ils nous proposaient du beurre, un rang de pomme de terre dans leur champ de façon complètement désintéressée » .
Cérémonie commémorative , 9 adultes, enfants, juifs ,réfugiés, Mainsat, raflés , 1942,1943, morts en déportation, stèle, Jacqueline Jary, maire, conseil municipal,
Christophe Moreigne a mené de longues recherches sur les différentes vagues de réfugiés en Creuse.
Des Italiens fuyant le fascisme se sont ainsi expatriés dans les Monts de Sardent des les années 1920 : « Il y a un fond naturel hospitalier chez les paysans creusois. Une solidarité des humbles. A la veille de la guerre, les Creusois ont été accueillants avec les réfugiés espagnols. Ils le seront avec les Juifs comme avec les prisonniers allemands après la Libération », éclaire l’historien.
« Nous sommes partis de la légende familiale, évoquée parfois par mon père . Elle tournait autour de M.Obstander, un Juif hollandais qui se cachait dans notre grange . Ni mon père ni ma tante n’avaient eu accès à d’autres informations. Les anciens ne parlaient pas ». ELISABETH REMY-NETANGE (enseignante et decendante de la famille Nétange de Moutier-Rozeille qui s’est vouée à la protection de familles juives sous l’Occupation)
La Creuse et la Haute-Vienne
Au plus près de ses propres racines, et à l’invitation d’Elisabeth Rémy-Nétange, le journaliste creusois Robert Guinot a su délier les langues 70 ans après et même « forcer » une certaine forme de pudeur autour de Moutier-Rozeille, une commune proche d’Aubuson.
Dans son dernier livre, Terre des Justes, paru aux éditions de Borée, Robert Guinot reprend l’enquête fleuve intitulée Le Réveil des mémoires silencieusespubliée dans La Montagne, entre 2013 et 2014 .
L’un des volets de l’enquête de Robert Guinot dans La Montagne
Selon le site ajpn.org (1), la Creuse partage avec la Haute-Vienne un nombre record de familles juives hébergées, cachées ou sauvées : plus de 600 dans chacun de ces départements.
En proportion, le nombre de familles juives arrêtées y est bien plus faible que dans les départements urbains, y compris ceux de la Zone libre.
Le livre la Mention Rouge de Christophe Moreigne est le résultat de plusieurs années de recherches dans les archives. Un travail autour de documents édifants et exclusifs.
Le livre Terre des Justes, de Robert Guinot, est publié au éditions de Borée. Il suit le destin de deux familles juives réfugiées à Moutier-Rozeille, en s’attachant aussi à évoquer ceux qui les ont aidées
La situation dans d’autres départements très ruraux souligne la relative « protection » dont ont bénéficié les Juifs réfugiés en Creuse.
Dans l’Aveyron, le site ajpn.org aligne ces terribles statistiques : « environ 900 Juifs y vivaient avant le second conflit mondial. Près de 600 hommes et femmes et 90 enfants furent arrêtés. 370 adultes et 51 enfants iront dans les camps de la mort. 11 seulement en reviendront. »
Le régime de Vichy, puis l‘Occupant directement, ont procédé à au moins quatre rafles en Creuse entre le 26 août 1942 et le 25 juillet 1944.
Au final, on dénombre 170 déportations sur plus de 3.000 Juifs réfugiés en Creuse.
60 Justes parmi les nations dans le département
Le « refuge » creusois et haut-viennois, bien que plus diffus, est comparable à celui des vallées de Haute-Loire et du Vivarais, marquées par la présence protestante, qui ont abrité entre 3.000 et 5.000 Juifs.
La Haute-Loire entretient la mémoire de cet héroïsme collectif
S’il n’y a pas eu de Chambon-sur-Lignon en Creuse, un autre indicateur est le nombre de personnes élevées au rang de Justes parmi les nations par la fondation Yad Vashem : le département compte aujourd’hui 60 Justes.
Un nombre important rapporté à la population totale.
(*) Les données du site Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie. ajpn.org sont fournies par des contributeurs
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Shalom,
J’ai longtemps entendu mon arrière-grand mère me parler de sa petite Alice qu’elle avait reçue chez elle. Un jour j’ai pris le téléphone et je l’ai appelé à Paris, après de multiples recherches et elles ont renoué contact. Toutes les deux sont aujourd’hui décédées. Alice et tous les autres qui sont passé à la maison comptaient beaucoup pour elle. Surtout Alice car personne n’en voulait car c’était une fille et dans cette campagne creusoise on recherchait surtout des ouvriers. Ma Mémée m’a dit d’apprendre l’Hébreu chose que je fais tous les jours.
Je profite de ce triste jour pour expliquer à mon fils de cinq ans toutes les horreurs de la guerre.
Toda à toute la famille Areski qui pourra me répondre.
On ne le dira jamais assez combien l’OSE a oeuvré pour sauver des enfants Juifs .
Beaucoup d’entr’eux ont tout sacrifié même aprés guerre , pour poursuivre cette » Oeuvre de Secours » magnifique .
La liste serait longue .
A force de Creuser les Juifs ont découvert un bijou et sauver leur peau .