Pourvoi en cassation : «Qu’il lui soit rendu justice à elle, Sarah Halimi»

Le meurtrier présumé de la retraitée tuée en 2017 ne sera pas jugé. Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, les avocats du frère et de la belle-sœur de la victime en appellent notamment à la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

 Sarah Halimi est morte frappée puis défenestrée en avril 2017 à Paris. Le suspect Kobili Traore a été déclaré irresponsable pénalement.
Sarah Halimi est morte frappée puis défenestrée en avril 2017 à Paris. Le suspect Kobili Traore a été déclaré irresponsable pénalement.  Elene Usdi

Le 29 décembre 2019 à 09h28

Muriel Ouaknine Melki, Stéphanie Cohen, Oudy Bloch et Nicolas Benouaiche, avocats du frère et de la belle-sœur de Sarah Halimi.

« Madame la garde des Sceaux, madame la procureure générale,

Parce que porter la parole d’une victime est toujours une épreuve lorsque les faits sont graves, parce qu’il faut avoir suffisamment de voix, de mots et de souffle pour que cette parole porte, soit entendue et écoutée, parce que la douleur et la souffrance d’une victime sont infinies, voire éternelles lorsqu’elles ne peuvent s’exprimer et être reconnues, Sarah Halimi, femme courageuse, moderne, médecin puis directrice de crèche, a voué sa vie aux autres, et a rempli une à une toutes les obligations du pacte social auquel elle avait souscrit en vivant en France, et en se soumettant à nos lois.

Ce pacte social a été rompu une première fois sauvagement par son assassin, Kobili Traore, et une deuxième fois par nos institutions qui la privent d’un de ses droits fondamentaux, socle du pacte social et qu’elle peut néanmoins encore exercer bien que n’étant plus de ce monde : son droit à la justice.

En venant absoudre son assassin par un biais procédural avec le concours du parquet général, qui s’est joint pour la circonstance à la défense de M. Traore, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a déclaré le 19 décembre dernier : « Aucun élément du dossier d’information n’indiquant que la consommation de cannabis par Kobili Traore ait été effectuée avec la conscience que cet usage de stupéfiants puisse entraîner une bouffée aiguë délirante », « la circonstance qu’il ait été condamné à trois reprises pour infraction à la législation sur les stupéfiants n’établit pas qu’il savait que la consommation de cannabis risquait de déclencher chez lui une bouffée aiguë délirante. » Cette motivation inique est désormais connue de tous, et elle émeut la communauté internationale dans son ensemble.

Que s’est-il donc véritablement passé cette nuit du 4 avril 2017 quand le corps de Sarah se brisait sous les coups de son tortionnaire aux cris de « Allahou akbar » ?

Comment est-il possible que, dans un contexte d’attentats perpétrés au nom d’un islam radical, madame la juge d’instruction n’ait pas souhaité investiguer sur la mosquée Omar, rue Jean-Pierre-Timbaud, connue pour ses prêches salafistes, et que fréquentait tous les jours pour faire ses cinq prières quotidiennes Kobili Traore ? Quelle volonté réelle de comprendre ce crime, ses raisons, ses causes, sa genèse, pour mieux combattre demain le fléau de l’antisémitisme qui gangrène notre nation, et que l’on prétend haut et fort vouloir combattre sur tous les fronts ?

Toutes ces questions demeureront sans réponse si demain ce pourvoi que nous avons formé contre cette décision, et auquel vous ne vous êtes pas encore associée, était rejeté !

Sans votre présence à nos côtés, ce pourvoi demeurera celui de la honte, celui d’une justice qui a été rendue en cachette, au rabais, sur de mauvaises raisons, et sans doute par les mauvaises personnes, la cour d’assises étant naturellement compétente pour juger d’une telle affaire.

Nous en appelons aujourd’hui le cœur renversé, mais l’esprit bien vif, à un sursaut d’équité, à une justice digne et forte, qui sera rendue à une femme digne et forte, qui a eu le malheur de s’éteindre un soir, jetée encore vivante d’un troisième étage d’un immeuble en plein Paris, entre les deux tours d’une élection présidentielle dans la plus parfaite indifférence.

Qu’il lui soit rendu justice à elle, Sarah Halimi, et à la nation tout entière qui, depuis quelques jours, découvre horrifiée qu’elle peut, elle aussi, être sacrifiée dans une semaine, dans un mois, demain, sur l’autel de la paix sociale achetée au prix fort, celui du renoncement à notre morale et à nos lois.

Que cette justice ne soit pas rendue sans vous ou, pis, contre nous, les parties civiles, mais à vos côtés sous l’égide d’un parquet, un et indivisible représentant naturel de l’ordre public, et garant de notre sécurité à tous. »

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Bonaparte

La justice ?

Il ne faut s’appeler Halimi ou Dreyfus en France .

Nous ne sommes pas considérés comme des français .

Souvenons de la petite phrase de Raymond Barre aprés l’attentat de la rue Copernic .

alexandra

De nombreuses éléments indiquent qu’il s’agit plutôt d’un meurtre prémédité.
Nombreux sont les islamistes à prendre des drogues pour s’insensibiliser au « combat », comme ce fut le cas des hashishims (du Vieux de la Montagne). D’où vient d’ailleurs le mot « assassin ».

Richard MALKA

La seule et unique manière de lutter contre l’antisémitisme n’est autre que de soutenir ISRAEL, la seule et unique terre de notre peuple.
Tout le reste n’est que perversion, pourriture et manigance qui nous emmène au résultat calamiteux et dont cette décision de « Justice » (si on n’a pas envoi de vomir) illustre l’état d’esprit.
Paix à l’âme de Madame Halimi.

Rosa SAHSAN

La seule qui avait dénoncé cet acte antisémite fut Marine Le Pen.
Il ne fallait surtout pas parler de cet acte odieux, nous étions en pleines élections présidentielle et il ne fallait surtout pas que le pire président de la Vème république le Macron échoue.
Il peut toujours raconter qu’il combattra ces actes antisémites, que la France sans ses juifs ce n’est pas la France nous ne le croyons plus.
ROSA

ROSA