Pour le Hezbollah, les menaces d’Israël sonnent creux©

Alors que le chef d’état-major de Tsahal, Gadi Eisenkot, était auprès de la division de Gaza vendredi pour surveiller de près les émeutes de la barrière de la frontière, Fox News a rapporté que des responsables américains et d’autres services de renseignements occidentaux estiment que l’Iran a récemment augmenté la fréquence de ses livraisons avancées d’armes au Hezbollah.

En ce qui concerne Eisenkot, c’est un véritable casse-tête qu’il laisse à son successeur, dont le nom doit non seulement être annoncé, mais qui ne disposera pas de suffisamment de temps pour suivre une formation accélérée en cours d’emploi. Selon le rapport de Fox News, les dernières livraisons incluaient des composants GPS destinés à améliorer les roquettes et à les transformer en missiles à guidage de précision. Des hauts responsables ont déclaré à la télévision qu’un des vols avait atterri au Liban mardi. L’avion, un Boeing 747, a atterri à Damas puis à Beyrouth.

Le reportage de Fox News fait suite à un autre reportage selon lequel des « kits de précision », destinés aux missiles à longue portée que les Iraniens possèdent au Liban, sont passés en contrebande dans des avions commerciaux pour passagers se rendant directement à l’aéroport de Beyrouth, où ils bénéficient de la coopération des autorités locales. C’est ainsi que l’Iran surmonte le principal obstacle aux livraisons d’armes – la possibilité qu’il soit attaqué par un avion israélien, comme cela s’est déjà produit plus d’une fois dans le passé.

Ce modus operandi est conforme aux pressions exercées par la Russie sur l’Iran afin de maintenir le calme en Syrie depuis que l’avion des services de renseignement russes a été abattu dans la région de Lattaquié il y a un mois. Mais cela ne suffit pas pour le Hezbollah, car, outre les composants GPS, l’organisation terroriste chiite souhaite davantage de missiles à longue portée ainsi que des composants supplémentaires pour améliorer la précision des missiles existants.

C’est ici qu’il convient de mentionner les propos tenus par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, selon lesquels Israël continuerait à opérer en Syrie contre l’Iran et le renforcement de l’armement du Hezbollah.

Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies le mois dernier, Netanyahu a présenté une image aérienne d’une fabrique de missiles construite par l’Iran près de l’aéroport de Beyrouth et a envoyé un message à l’Iran et au Hezbollah : « Nous continuerons à agir contre vous en Syrie. Nous agirons contre vous au Liban. Nous agirons contre vous en Irak. Nous agirons contre vous à tout moment et en tout lieu. Nous devons agir pour défendre notre État et notre peuple.  »

À la lumière de ces remarques et des récents développements, il est probable que le principal dilemme du Cabinet est de savoir s’il faut ou non attaquer l’usine de missiles iranienne au Liban au titre d’une frappe préventive. Israël n’a pas attaqué le Hezbollah au Liban, ni agi pour empêcher le renforcement de l’armement du groupe terroriste, depuis la seconde guerre de 2006 au Liban. Une telle démarche mènerait très probablement à la guerre.

À ce stade, nous devrions revenir aux images de la maison de Miri Tamano à Beer Sheva, qui a été touchée la semaine dernière par une roquette équipée d’une ogive militaire de 20 kilogrammes, peut-être un peu plus, qui a considérablement endommagé la structure. Vingt kilogrammes, ce n’est pas beaucoup pour le Hezbollah, car le groupe terroriste dispose de missiles dotés de centaines de kilogrammes de charge utile, extrêmement précis. Si le conflit éclatait avec le Hezbollah, au lieu de cela, des dizaines de milliers de missiles auraient pu être tirés sur Beer Sheva la semaine dernière, plusieurs milliers de missiles plus lourds et des centaines de missiles (plus) lourds et (plus) précis.

Le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, suit de près l’évolution à la frontière avec Gaza et la façon dont Israël se comporte contre le Hamas, dont les capacités sont bien moindres que celles de l’organisation libanaise. Tsahal se respecte trop pour cacher ou minimiser les événements à la frontière de Gaza (nous n’attendons plus rien des ministres du gouvernement). Contrairement à ce qui a été affirmé, les manifestations à la frontière vendredi dernier n’ont pas été les plus calmes des sept derniers mois. Comme ces dernières semaines, des grenades ont été lancées sur les forces de Tsahal et au moins trois gangs de Palestiniens ont réussi à franchir la barrière de sécurité à plusieurs endroits. Le vendredi le plus calme a eu lieu après la déclaration d’un cessez-le-feu en août et non le week-end dernier.

Ce qui est arrivé cette fois-ci, c’est que le Hamas n’a envoyé à la clôture de la frontière que la moitié des personnes présentes la semaine précédente (10 000 au lieu de 20 000) et a tenté de freiner la violence, dans une certaine mesure. Le Hamas prouve à maintes reprises qu’il contrôle l’intensité des flammes et n’a aucune intention d’éteindre cet incendie tant qu’il n’aura pas obtenu ce qu’il veut.

Les dirigeants politiques israéliens, qui sont principalement occupés à proférer des menaces qu’ils ne tiennent pas à réaliser, doivent maintenant non seulement cesser de faire des menaces à tort et à travers, mais également formuler une stratégie – et rapidement – pour Gaza. En fin de compte, la solution est diplomatique, même après un coup de force militaire. Et si quelqu’un pense autrement, il doit donner des instructions à Tsahal en conséquence.

Yossi Yehoshua | Publié: 10.21.18, 23:4
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