« Originaire de Gaza, je me suis converti au judaïsme en Israël » (Dor Shahar à i24NEWS)

« A l’école, on nous rabâchait que tuer les Juifs est une mitzva (bonne action), mais ces mots me rendaient malade et j’ai vite compris que ma place n’était pas à Gaza. » i24NEWS a rencontré Dor Shahar, qui est né et a grandi à Gaza dans une famille musulmane, avant de fuir le territoire palestinien il y a une trentaine d’années pour s’installer en Israël et réaliser son plus grand rêve: devenir Juif.

L’enfance de Dor Shahar a été nourrie de la haine d’Israël et des Juifs. Pendant les cours, « les professeurs nous inculquaient à longueur de journée l’idéologie de la mort et nous persuadaient de l’importance d’être des martyrs, » relate Dor Shahar.

« Les Juifs tuent des enfants, des femmes et des hommes, ils ont pris la terre de vos grands-parents et nous les combattrons jusqu’à notre dernier souffle. Quiconque tue un Juif ira au paradis et recevra 72 vierges. Voilà ce que l’on nous répétait, mais moi, à chaque fois que j’entendais cela, j’avais la boule au ventre et je demandais à sortir de classe, » raconte Dor.

« Je recevais des gifles et des coups de règle dans le dos car je refusais d’adhérer à leurs propos qui ne m’ont jamais convaincu », poursuit-il.

Conscient de sa différence, Dor Shahar suivra uniquement son instinct ; déterminé à sortir de Gaza, il songe progressivement à son départ.

« Vers mes 6 ans, j’ai senti au fond de moi que je n’étais pas né au bon endroit et qu’il y avait un décalage avec ma famille et mon entourage », a-t-il dit.

Dor affirme que cette sensation de mal-être a totalement disparu à son arrivée en Israël et davantage encore lorsqu’il s’est converti au judaïsme, une plénitude qui ne l’a plus jamais quitté.

« Lorsque je me lève chaque matin et tout au long de la journée, je remercie Dieu d’être en vie, de respirer, de n’avoir mal nulle part et j’aspire à faire le bien autour de moi, c’est ce qui me rend heureux », déclare-t-il.

Dès l’âge de 11 ans, Dor ne va plus en classe et fait tout seul plusieurs allers-retours en Israël.

Dor Shahar
Dor ShaharDor Shahar et son père adoptif Nissim Ozen

Lorsqu’il rentre le soir à Gaza, il est puni par son père, qui se rend compte qu’il ne va plus à l’école, et il est contraint de faire des travaux de bétonnage et de dormir seul dans l’étable avec les chèvres. Puis, arrive le jour qui marquera un réel tournant dans son existence:

« Un soir, mon père m’a montré une lettre du directeur de l’école l’informant que je n’allais plus en cours ; mon père a alors revêtu les habits du Hamas et a sorti un couteau en criant ‘le Hamas te tuera’. Depuis ce jour, il m’a forcé à travailler avec lui sur les chantiers en Israël pour que je ramène de l’argent à la famille. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à préparer mon évasion, » relate Dor, « mais cela n’a pas préoccupé mon père, car à Gaza, ils n’ont aucune bienveillance ni respect envers les enfants. » 

Quelques mois plus tard, Dor prend le bus pour Rishon Lezion. Il est embauché par des Arabes israéliens sur les chantiers, où il vivra jour et nuit pendant trois ans, grâce à l’aide de personnes qui lui apportent nourriture et vêtements.

Il rencontre ensuite un Juif tunisien qui deviendra son père adoptif et l’accompagnera dans toutes ses démarches pour obtenir la nationalité israélienne et son certificat de judéité.

« J’ai enfin pris conscience que je valais quelque chose aux yeux d’un étranger, ce que je n’avais jamais ressenti avec ma propre famille », se souvient-il.

« Pour mes 16 ans, il m’a acheté des habits de fête et m’a invité au seder de Pessah ; je ne savais même pas parler hébreu mais je me souviens d’une phrase que je lui ai dite: ‘je veux être Juif’ et il m’a répondu ‘un Juif naît Juif et reste Juif, un Arabe naît Arabe et reste Arabe’, mais cela ne m’a pas découragé, » dit-il.

Dor entame alors un véritable parcours du combattant pour se convertir ; pendant 7 ans, il se confronte aux tribunaux et aux administrations qui refusent de lui donner les autorisations requises pour devenir Juif et Israélien.

Arrêté par la police en Israël, il passera 45 jours en prison puis, il sera relâché en liberté conditionnelle avant d’être transféré à la police gazaouie qui l’emprisonnera à son tour. Il subira 6 mois de torture du matin au soir. Dor sera ensuite renvoyé chez lui dans sa famille à Khan Yunes, un retour à la case départ qui n’a fait que renforcer sa persévérance.

« A la maison, ils avaient l’interdiction de m’adresser la parole. Un soir j’ai réussi à m’enfuir mais j’ai de nouveau été arrêté à mon arrivée en Israël. J’ai pu être libéré en recueillant 250 signatures attestant que je voulais vraiment me convertir », a-t-il expliqué à i24NEWS.

Dor Shahar
Dor ShaharDor Shahar et sa famille adoptive de Rishon Lezion, Israël

Dor retrouve ensuite sa famille adoptive de Rishon et fréquente les synagogues, puis il suit le cursus de conversion pendant 2 ans et demi: « mon âme était connectée au judaïsme avant même que je ne reçoive le certificat de judéité, je ne peux pas l’expliquer, c’est ancré en moi » assure-t-il.

Aujourd’hui, Dor est marié à une femme religieuse, elle-même convertie au judaïsme, originaire de Hongrie.

« Je suis religieux mais je ne porte pas la kippa car je ne veux appartenir à aucun groupe. Je veux être qui je suis sans que l’on me place dans une catégorie. Nous sommes tous Juifs, il n’y a pas de différence entre les religieux et les laïcs. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’être humain et son âme, le reste n’est qu’apparence, » soutient-il.

Dor prépare actuellement un film de deux heures sur son histoire, il y jouera le rôle principal, et certaines scènes montreront notamment sa détention dans les geôles du Hamas.

S’exprimant sur les cycles de violences récurrents entre Israël et les terroristes de Gaza, Dor estime que « nous seuls décidons de la paix, Israël doit se montrer beaucoup plus ferme et frapper les terroristes sans retenue. En face, ils glorifient la mort, nous ne jouons pas sur le même tableau et la paix est donc difficile à établir », a-t-il affirmé.

« Nous ne devons pas nous retrouver dans une situation où nous pourrions avoir peur. C’est eux qui doivent nous craindre et non l’inverse, » souligne Dor.

A Gaza, rappelle-t-il, « dans chaque famille il y a un terroriste ou quelqu’un qui est de connivence avec les terroristes. Ils sanctifient les martyrs, c’est une culture des ténèbres inspirée uniquement de la mort, tandis que celle du peuple juif n’est que lumière et amour de son prochain, » a-t-il conclu.

Caroline Haïat dernière modification 10 juillet 2021, 14:23

Journaliste web i24NEWS

Dor ShaharDor Shahar et son père adoptif Nissim Ozen à Rishon Lezion en Israël

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habibi

La conversion véritable, ce n’est pas d’adhérer à un dogme religieux plutôt qu’à un autre…c’est de se retourner vers l’Eternel, libre de tout enfermement dogmatique humain.