Le rabbin Bruce Lustig, de la congrégation hébraïque de Washington, est entouré de membres de plusieurs religions lors de la préparation de la semaine de contre-protestations contre les manifestants de la suprématie blanche à Washington, D.C., le 10 août 2018. (Ron Kampeas)

WASHINGTON – Des groupes juifs de Washington, DC, ont lancé un week-end de contre-manifestation et d’enseignement en prévision d’une commémoration de la marche mortelle de l’année dernière à Charlottesville, Virginie.

Le Conseil des relations avec la communauté juive de Washington et la Ligue anti-diffamation (ADL) se sont joints à un certain nombre de groupes inter-confessionnels vendredi pour diriger une séance d’enseignement à Washington Hebrew, une synagogue réformatrice dans le quartier nord-ouest de la ville.

Des contre-manifestants sont venus de tout le pays pour se rendre dans la synagogue.

Les représentants ont également participé à l’organisation de la séance d’enseignement, Eleanor Holmes Norton, D-DC, membre non votant du Congrès de la région et interlocuteur de longue date de la coopération entre juifs et noirs, et Jamie Raskin, D-Md, membre du Congrès juif représentant les banlieues de Washington du Maryland.

« En fin de compte, peu importe que les organisateurs de Unite the Right amènent dix, cent ou même mille personnes dans notre capitale nationale pour leur festival de la haine », a déclaré Ronald Halber, directeur du JCRC, lors d’une conférence de presse à laquelle assistaient des membres de diverses confessions religieuses.

« Ils n’ont rien accompli si ce n’est d’avoir renforcé l’unité, l’amour et la solidarité dans notre ville et notre région – exactement le contraire de ce qu’ils espéraient provoquer. »

Des centaines de membres de la suprématie blanche et de la droite à la périphérie du parc Emancipation lors du rassemblement Unite the Right à Charlottesville, Virginie, le 12 août 2017. (Chip Somodevilla/Getty Images/JTA)

Un certain nombre d’orateurs ont établi un lien direct entre les participants de la suprématie blanche et l’administration du président américain Donald Trump.

« Nous avons actuellement une administration qui a déchaîné ces salves de haine, déchaîné ces salves de division », a déclaré Mary Cheh, membre du conseil municipal de Washington. « Nous devons les rejeter, les condamner, sans ambiguïté. »

Trump a été accusé de favoriser le racisme avec des déclarations d’accusations contre les Hispaniques, les musulmans et les Noirs. Il a également tergiversé l’année dernière lorsqu’on lui a demandé de condamner le rassemblement de Charlottesville, dans lequel des gangs néo-nazis se sont battus avec des contre-manifestants et où une voiture-bélier a tué une femme, Heather Heyer, et blessé 19 personnes.

Les organisateurs de Unite the Right ont cherché à se réunir de nouveau à Charlottesville, mais se sont vu refuser le permis. Ils ont obtenu la permission de se réunir au parc Lafayette, en face de la Maison Blanche, où ils se réuniront de 17h à 19h dimanche. Un grand nombre de contre-manifestants sont prévus.

Trump dit condamner le racisme avant un rassemblement néo-nazi

« Le rassemblement de Charlottesville, il y a un an, a entraîné la mort et des divisions insensées », a tweeté Donald Trump, qui avait été vivement critiqué l’an dernier pour n’avoir jamais clairement condamné les manifestants néo-nazis après les événements d’août 2017.

« Nous devons nous rassembler en tant que Nation », a-t-il ajouté. « Paix à tous les Américains! », a-t-il encore dit.

Un important dispositif policier sera mis en place, principalement pour empêcher les deux groupes d’entrer en contact.

« Nous savons que dimanche, des gens vont venir dans notre ville dans le seul but de déverser leur haine », a déclaré la maire de Washington, Muriel Bowser, tout en indiquant qu’il ne s’agissait pas d’empêcher l’événement car le premier amendement de la Constitution américaine protège la liberté d’expression.

Le permis qui a été accordé à « Unite the Right » prévoit 400 manifestants.

Initiateur de la manifestation de l’an dernier, Jason Kessler avait demandé à défiler de nouveau à Charlottesville, mais la municipalité a refusé.

Dans un entretien à la radio publique NPR diffusé vendredi, il a exprimé le souhait que l’événement de dimanche soit « apaisé » et pris publiquement ses distances avec la mouvance néo-nazie.

« Je ne veux pas de néo-nazis à mon rassemblement », a-t-il assuré, « ils ne sont pas les bienvenus. »

« J’espère qu’il sera apaisé », a-t-il ajouté au sujet de l’événement, « et qu’après, je pourrai discuter ou débattre avec des représentants de Black Lives Matter (mouvement contre les violences visant les Noirs) ou les antifa (mouvements antifascistes), parce que je crois que nous devons avoir ce dialogue. »

A Charlottesville, même si aucun rassemblement de quelque nature que ce soit n’est autorisé ce week-end, les autorités ont pris d’importantes mesures de sécurité, après avoir été débordées lors des heurts du 12 août 2017.

Le gouverneur de Virginie Ralph Nortam a décrété l’état d’urgence et le quartier piéton du centre-ville de Charlottesville, où avaient eu lieu les incidents de l’an dernier, a été cerné de barricades en béton et voitures officielles, avec seulement deux points d’entrée pour les piétons.

Sur le réseau social Gab, réputé être un refuge pour de nombreux internautes de la droite dure, de nombreux messages critiquaient le rassemblement prévu dimanche et appelaient à ne pas s’y rendre, estimant qu’il s’agissait d’un piège tendu par les organisations de gauche.

Quelques heures avant la deuxième démonstration de force de « Unite the Right », Twitter a suspendu le compte du groupuscule d’extrême droite Proud Boys, dont Jason Kessler fut membre, ainsi que celui de son fondateur Gavin McInnes, accusés de violation du règlement du réseau social.

En début de semaine, Apple, YouTube, Spotify et Facebook avaient suspendu les comptes du conspirationniste Alex Jones, proche de l’extrême droite, accusé d’avoir tenu un discours « haineux » et enfreint les règlements de ces plate-formes.

De nombreux observateurs reprochent à Donald Trump d’avoir favorisé, durant sa campagne et depuis sa victoire électorale, l’émergence d’un discours extrémiste pro-blanc décomplexé.

Dans un livre à paraître, l’ancienne conseillère à la Maison Blanche Omarosa Manigault Newman assure que l’ancien promoteur immobilier a utilisé à plusieurs reprises le mot « nigger » (nègre) durant l’enregistrement de son ancienne émission « The Apprentice ».

Des allégations démenties avec vigueur vendredi par la Maison Blanche.

AFP et JTA

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