Photo : les nouvelles techniques de « défense mobile SVBIED » de Daesh.
Résoudre la crise et la guerre en Syrie n’est pas une baguette magique qui arrêtera l’Etat Islamique (Daesh).

 

La guerre destinée à arrêter Daesh (l’Etat Islamique) est entrée dans un tunnel bien sombre. Et avec elle, les conflits sans fond en Syrie, au Yémen, en Libye et en Irak. La quête d’un rayon de lumière se déplacera la semaine prochaine de Moscou à Washington, quand le Roi saoudien Salman Bin Abdulaziz fera sa première visite officielle en tant que monarque pour aller discuter avec le Président Barack Obama.

Les trois dirigeants arabes inquiets reçus au Kremlin mardi 25 août par le Président Vladimir Poutine n’ont pu que parler en rond : le Président égyptien Abdel Fattah el Sissi est assiégé sur trois front : dans le Sinaï, sur sa frontière avec la Libye et au Caire ; le roi jordanien Abdallah II est poussé dans ses retranchements par deux guerres ; et le prince régnant des Emirats Arabes, le Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan a envoyé son armée combattre l’insurrection yéménite aux côtés de l’Arabie Saoudite.

Pour eux, résoudre le conflit syrien apparaissait comme « la balle d’argent », la baguette magique, la clé pour mettre un terme à l’ensemble de leurs problèmes. Mais quels que soient les plans russes ou iraniens et les idées soulevées pour ouvrir une perspective, ils ont tous été contraints de retourner dans la même impasse. Même Poutine et Obama ne peuvent contourner le problème ni ignorer deux faits intangibles :

1. Au cours de l’année qui a suivi la formation d’une coalition internationale par les Etats-Unis destinée à combattre Daesh, ces Islamistes barbares et brutaux n’ont pas été contenus ou réduits ; au contraire, ils n’ont fait qu’être renforcés et ont continué de s’emparer de nouveaux territoires à l’extérieur de leurs champs de conquête préalable, en Syrie et en Irak, comme les gros puits de pétrole en Libye, la percée d’une menace croissante en Egypte et de grands plans d’infiltration au Liban.

2. Une déception colossale a fait suite aux grandes espérances nourries par la Maison Blanche et qui reposaient entièrement sur l’Iran. L’accord nucléaire négocié avec les six puissances mondiales – et le statut régional élevé conféré à l’Iran – s’articulaient étroitement sur les attentes américaines que Téhéran investirait des ressources militaires efficaces pour s’attaquer de front au problème de Daesh.

Mais aussi bien les Gardiens de la Révolution iranienne, les milices populaires syriennes et les milices chiites irakiennes que les Gardiens révolutionnaires islamistes ont rassemblés, ainsi que les milices chiites afghanes et pakistanaises qu’ils ont importées – aucune force n’a fait le poids face aux tactiques djihadistes de Daesh. En Syrie, Daesh tient bon, sans être menacé sur le terrain, ni dans les villes ou les champs de pétrole qu’il a conquis, au cours de l’année précédente – excepté sur les fronts marginaux où ses djihadistes ont été contraints de reculer face aux combattants rebelles kurdes.

Le Hezbollah porte une lourde responsabilité dans cette désillusion américaine. Il était supposé servir de noyau dur contre l’invasion de l’Est du Liban depuis la Syrie, entamée par Daesh. Au contraire, ces combattants chiites libanais alliés de l’armée d’Assad sont embourbés dans une bataille cruelle pour la reprise de la ville stratégique syrienne de Zabadani, depuis 2 mois, après avoir échoué à percer les défenses rebelles syriennes, par des incursions depuis le sud, le nord et le centre de la ville.

La porte est, par conséquent, grande ouverte à Daesh s’il compte marcher sur les bastions du Hezbollah dans la vallée de la Beqaa au Liban et se diriger vers le port de Tripoli au nord, pour prendre pied sur la Méditerranée.

Savoir si Bachar al Assad restera ou devra partir, ce qui pouvait faire la différence à un stade précoce de l’insurrection syrienne, n’est plus la question pertinente du moment, alors que son armée et ses forces alliées sont mis en situation extrêmement pénible.

En Irak, les forces combattant Daesh sont également dans une grande perplexité. Les djihadistes contrôlent toute une série meurtrière de villes stratégiques comme Ramadi, Fallujah, la ville et la raffinerie de Beiji, Mossoul et l’essentiel de la province occidentale d’Anbar, dont Haditha qui contrôle les rives majeures du fleuve de l’Euphrate.

Là aussi, les lignes de front de l’armée terroriste islamiste demeurent intactes, loin d’être brisées soit par les forces spéciales jordaniennes qui font campagne à 200 kms à l’intérieur des frontières de l’Anbar, mais sont soutenues par une assistance des renseignements militaires américains et israéliens ; soit par les « Comités populaires de Mobilisation » mis sur pied par le général iranien Abu Mahdi al-Muhandis,, adjoint direct du Chef des Brigades al Qods Qassem Soleimani, et encore moins par les unités de l’armée irakienne entraînées par les Etats-Unis. Cette semaine, cette impasse a sérieusement refroidi les combattants dans l’escalade des fronts :

—  L’Iran a commencé à transférer ses missiles Zelzal-3 B (qui signifie « tremblement de terre ») à propulsion solide de l’autre côté de la frontière, dans l’espoir que ce projectile puissant, d’une portée de 250 kms, apporterait aux Gardiens de la Révolution iranienne l’arme fatale pour faire pencher la balance en leur faveur contre Daesh.

—  Les Islamistes pour leur part, ont adopté une nouvelle tactique, connue en Occident sous le nom de « Défense mobile SVBIED ». Un nombre important de véhicules sont chargés de centaines de tonnes d’explosifs et lancés contre les convois militaires en déplacement et contre les positions statiques et les bases de l’ennemi.

Cette tactique a fait ses preuves en tuant deux généraux dont le chef de la 10ème Division irakienne, son adjoint et toute l’équipe de commandement, ainsi que l’adjoint au chef des forces irakiennes présentes dans l’Anbar.

A Moscou, la semaine dernière, Poutine a offert à ses trois invités du Moyen-Orient des réacteurs nucléaires russes, des pactes conjoints pour combattre le terrorisme, assortis de belles idées pour préserver l’avenir de Bachar al Assad. Mais lui non plus n’a trouvé aucune proposition pratique à avancer pour faire tomber l’Etat Islamique (Daesh).

Le Président Barack Obama peut, de la même façon, offrir toutes sortes d’assistance au Roi Salman pour qu’il puisse faire face à Daesh, mais il ne trouvera pas d’acheteurs à Riyad pour prendre pour argent comptant l’échec de sa politique consistant à s’appuyer sur le rival de l’Arabie Saoudite, l’Iran, dans le but de liquider la menace islamiste imminente contre le royaume pétrolier qui survient depuis l’Irak voisin. L’aide américaine n’est guère plus utile pour endiguer l’afflux de radicalisme favorable à Daesh,qui est en train de se propager parmi la jeunesse saoudienne.

Comme les choses se présentent à l’heure actuelle, Daesh n’est confronté à aucune menace tangible – même si l’Iran poursuit sa course et dispose rapidement d’une bombe nucléaire.

DEBKAfile  Analyse Exclusive 29 août 2015, 12:07 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski.

 

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