L’UE doit cesser de saper les efforts visant à se sauver

par Majid Rafizadeh

L’Union européenne a passé des années à enrichir l’Iran en privilégiant les gains économiques plutôt que la sécurité, la moralité et les intérêts stratégiques.

Alors que le régime iranien continue d’alimenter la guerre, la répression et le terrorisme, l’UE s’accroche à ses partenariats commerciaux et à ses accords commerciaux, tout en refusant de prendre des mesures significatives contre un régime qui menace activement la stabilité du continent ainsi que celle du monde entier.

L’UE n’est pas naïve : elle fait le choix calculé de privilégier l’argent aux principes, à la sécurité de ses propres citoyens et à celle de ses alliés. Il faut absolument que cela cesse. L’Iran fournit des armes qui tuent des Ukrainiens, est sur le point d’acquérir l’arme nucléaire et prend les Européens en otage sans conséquences. L’UE continue néanmoins de faire des affaires avec l’Iran. Elle fournit au régime les ressources économiques dont il a besoin pour étendre son influence et financer son programme nucléaire, ses opérations militaires et ses intermédiaires terroristes.

Il est grand temps que l’Europe, tout en se présentant comme le summum de la vertu, cesse de se cacher derrière les actions américaines et israéliennes. L’UE doit couper les échanges commerciaux, imposer de lourdes sanctions et isoler complètement l’Iran. Toute autre mesure serait une complicité.

Alors même que l’Iran renforce son alliance militaire avec la Russie en lui fournissant des drones et des missiles utilisés pour semer la terre brûlée dans les villes ukrainiennes, l’UE refuse de rompre ses liens financiers avec Téhéran. Les drones Shahed de fabrication iranienne ont dévasté les infrastructures ukrainiennes, et pourtant les entreprises européennes continuent de commercer avec le pays même qui les produit. Il ne s’agit pas seulement d’hypocrisie, mais d’une trahison active des intérêts sécuritaires de l’Europe.

En poursuivant ses échanges commerciaux avec l’Iran, l’UE permet directement au régime de financer ses opérations militaires, d’armer ses mandataires et de soutenir le terrorisme au Moyen-Orient et en Occident. Les dirigeants européens semblent ignorer que chaque accord conclu avec l’Iran renforce un régime qui cherche à déstabiliser la région et menace l’Europe elle-même.

Plus important encore, l’Iran est plus proche que jamais de devenir un État doté de l’arme nucléaire, et pourtant l’UE refuse d’adopter une position ferme. L’Iran avance ouvertement son programme tout en regardant l’Europe rester passive. Au lieu de déclencher le mécanisme de « snapback » pour rétablir les sanctions de l’ONU, au lieu de rompre tous les liens diplomatiques et économiques, l’UE n’a pratiquement rien fait. Il ne s’agit pas d’une politique diplomatique, mais d’une politique de faiblesse, qui privilégie les relations commerciales aux mesures difficiles mais nécessaires pour stopper la progression nucléaire de l’Iran ainsi que la brutalité incessante du régime envers son propre peuple. L’UE ferait bien de rompre immédiatement tous les liens financiers restants.

L’un des aspects les plus honteux des relations de l’UE avec l’Iran est l’incapacité de l’Europe à réagir résolument à la multiplication des prises d’otages de citoyens européens par Téhéran. L’Iran a arrêté et emprisonné à plusieurs reprises des Européens sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, les utilisant comme monnaie d’échange pour obtenir des concessions politiques et économiques. Le régime iranien a perfectionné l’art de la diplomatie des otages, sachant pertinemment que l’UE ne fera que formuler des déclarations faibles et poursuivre des négociations discrètes et inefficaces.

Les échecs de l’UE n’ont fait qu’encourager l’Iran à poursuivre ses opérations de prise d’otages, traitant les ressortissants européens comme des marchandises. Les gouvernements européens doivent abandonner leur réaction insatisfaisante et imposer des sanctions automatiques et sévères à chaque citoyen européen détenu par l’Iran. Cela signifie des sanctions immédiates et paralysantes, des expulsions diplomatiques et une cessation totale de toute interaction commerciale et financière. En permettant au régime iranien de détenir ses citoyens en toute impunité, l’UE signale aux mollahs au pouvoir qu’ils peuvent agir sans conséquences.

L’UE ferait bien de prendre immédiatement les mesures suivantes : rompre tous les liens économiques avec l’Iran. Plus d’échanges commerciaux, plus d’investissements, plus d’engagements financiers. Chaque euro qui entre en Iran renforce un régime qui menace la stabilité européenne et mondiale. Imposer les sanctions les plus sévères possibles. Cibler le secteur énergétique iranien, ses institutions financières et son industrie militaire. L’UE doit faire comprendre que les actions de l’Iran auront un coût économique insupportable. Déclencher les sanctions de type « snapback ».

Enfin, et surtout, soutenir Israël dans sa lutte contre le régime iranien. Israël a été en première ligne pour contrer les menaces iraniennes et a pris des mesures significatives là où l’UE a échoué. Si les dirigeants européens sont trop faibles pour agir eux-mêmes, qu’ils soutiennent au moins ceux qui empêchent l’Iran de devenir une puissance nucléaire, de dévorer la région et de « révolutionner » l’Occident. L’UE doit déclarer ouvertement son soutien à toute opération militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

L’UE a passé des années à donner la priorité aux politiques commerciales et d’apaisement avec la République islamique d’Iran, une dictature brutale et expansionniste qui utilise toutes les ressources disponibles pour semer le chaos, la répression et la guerre.

L’engagement continu de l’UE avec l’Iran n’est pas seulement malavisé: il est dangereux, imprudent et constitue une trahison des valeurs et des intérêts de sécurité européens. L’UE doit rompre ses relations diplomatiques, exercer une pression maximale par le biais de sanctions et adopter une position ferme face aux ambitions nucléaires et à l’agression militaire de l’Iran.
L’histoire a montré ce qui arrive lorsque le monde libre laisse un régime dangereux se développer sans contrôle : l’incapacité de l’Europe à affronter l’Allemagne nazie dès le début a conduit à la dévastation. L’UE ne doit pas répéter la même erreur avec l’Iran.

Le Dr Majid Rafizadeh est politologue, analyste diplômé de Harvard et membre du conseil d’administration de la Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère des États-Unis

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Féru de poésie et de voyage, Olivier Grondeau, qui sillonne le monde depuis 2010, s’est fait arrêter en Iran le 12 octobre 2022 alors qu’il réalisait un séjour touristique. © X – Jean-Noël Barrot

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