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L’imam Tataï de Toulouse n’est pas un cas isolé

1820

L’imam de Toulouse n’est pas un cas isolé

Le hadith antisémite cité est largement répandu

Mohamed Tataï, octobre 2017. ©Capture d’écran Youtube


Le hadith antisémite prononcé par l’imam de Toulouse, Mohamed Tataï, est largement répandu. Comment les autorités musulmanes de France pourraient-elles lui jeter la pierre ? 


L’imam de la Grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataï, est un Algérien qui vit en France depuis près de trente ans, mais il ne prêche qu’en arabe. Cela lui a notamment permis, dans un de ses sermons en ligne, de se moquer de la démocratie, « cette religion bizarre ».

« Et les musulmans tueront les juifs… »

Les autorités locales ne sont pas très regardantes. La mairie a même aidé Mohamed Tataï à se procurer un terrain pour y construire une nouvelle mosquée, immense et luxueuse – 6 millions d’euros, partiellement payés par l’Algérie et le Koweït. Les islamistes, il est vrai, sont nombreux à avoir des liens avec Toulouse, et ils peuvent nuire, soit aux élections, soit autrement. Certains d’entre eux ont même défrayé la chronique du djihadisme : Mohamed Merah ; Sabri Essid et son beau-fils qui, à douze ans, a assassiné un otage israélien en Syrie ; les frères Clain, qui ont revendiqué l’organisation des attentats du 13 novembre 2015 à Paris ; et Olivier Corel, qui a inspiré tout ce monde.

Et puisqu’il parle en arabe, l’imam Tataï déclare le vendredi 15 décembre 2017 : « Le Prophète nous a parlé de la bataille décisive, la bataille finale, disant : « L’Heure de la fin ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les juifs. Et les musulmans tueront les juifs, jusqu’à ce que le juif se cache derrière les pierres et derrière les arbres. Alors la pierre ou l’arbre dira : ‘Ô musulman, ô esclave d’Allah ! Il y a un juif derrière moi, viens le tuer !’ Seul l’arbre du gharkad1 ne le fera pas, parce que c’est un arbre des juifs2

Dalil Boubakeur peut être embarrassé

L’imam Tataï n’a fait que citer un hadith dit « authentique »rapporté par l’imam Moslem. À ce titre, il est très connu : le lecteur arabophone le voit cité dans des fatwas innombrables, dans des vidéos en ligne de sermons en arabe. On le trouve notamment dans un des livres islamiques les plus populaires en France, Les Jardins des Vertueux de l’imam Nawawi, sorte de concentré du Coran et des principaux hadiths authentiques. L’édition française la plus répandue des Jardins des Vertueux est celle de Tawhid, l’éditeur de Hani et Tariq Ramadan. L’apprenti djihadiste peut y lire le hadith en arabe et dans la traduction française suivante (orthographe respectée) :

N° 1820. Selon Abu Hurayra, Ie Prophète a dit :

L’Heure ne viendra pas tant que les musulmans n’auront pas combattu les juifs qui n’auront d’autre recours que de se cacher derrière les pierres et les arbres qui diront :

« Musulman ! Voici un juif qui se trouve derrière moi, viens donc le tuer ! », à l’exception d’un arbre appelé gharqad et qui est un des arbres des juifs. [Bukhari et Muslim]

"Les Jardins des Vertueux", éditions Tawhid, 2007, p. 238« Les Jardins des Vertueux », éditions Tawhid, 2007, p. 238

 

Confiant, l’imam Tataï a fait mettre le sermon sur sa chaîne Youtube sans tarder. De fait, il y a eu un silence total pendant six mois. Et l’imam fit un discours sur la modération, le 23 juin 2018, lors de l’inauguration de sa nouvelle mosquée en présence des politiciens locaux. Trois jours plus tard, la partie du sermon contenant le hadith ci-dessus fut publiée par le site de Memri, l’institut de recherche des médias du Moyen Orient, avec sous-titrage en anglais.

Les oulémas et recteurs de mosquée furent pris à partie et sommés de condamner l’extrémiste. Mais comment jeter la pierre à leur confrère, quand eux-mêmes ont recommandé la lecture de ce livre et dit aux musulmans de se conformer à ce qui s’y trouvait ? Dalil Boubakeur est le plus embarrassé de tous, car ce hadith précis figure dans un très grand nombre de livres qu’il impose aux futurs imams de France dans l’institut Ghazali dont il est le recteur, et qui dépend de la Grande mosquée de Paris3.

A lire aussi: Islam: le dangereux discours de la Mosquée de Paris

Les oulémas ont donc déclaré que les juifs dont parlait ce hadith étaient des agresseurs car Mahomet dit dans un autre hadith : « Les juifs vous combattront, mais vous les dominerez. Alors la pierre dira : ‘Ô musulman, ô esclave d’Allah ! Il y a un juif derrière moi. Tue-le4 !’ »

Ils savent pourtant que le fait que les pierres et les arbres parlent n’est pas spécifique. Nombreux sont les hadiths ou les passages coraniques qui montrent des animaux ou des végétaux parlant à des êtres privilégiés.

Le bouc émissaire Tataï

En réalité, ce n’est pas du tout le même hadith. Le premier hadith concernait la fin des temps. Ce n’est pas le cas du second qui parle probablement des guerres qui ont opposé Mahomet aux juifs de son temps. Ce qui se déduit d’un autre hadith authentique rapporté par Bokhari :

Tandis que nous étions à la mosquée, raconte Abou Horeira, le Prophète sortit et dit : ‘Allez vers les juifs.’ Nous marchâmes jusqu’à arriver à l’école où les juifs étudiaient leurs Écritures. Il leur dit : ‘Aslimou, taslamou [Devenez musulmans pour être épargnés]. Vous devez savoir que la terre appartient à Allah et son Apôtre, et que je veux vous chasser de cette terre. Si l’un de vous a quelque propriété, il a le droit de la vendre. Sinon, sachez que la terre appartient à Allah et son Apôtre5.’ 

Cette scène ne montre pas les juifs en position d’agresseurs, ce qui est confirmé par les autres textes islamiques qui, tous sans exception, affirment que c’est sous les remparts des juifs que se sont déroulées toutes les batailles qui les ont opposés à Mahomet.

Le hadith cité par l’imam Tataï ne montre pas non plus les juifs comme des assaillants. Ils ne combattent pas, mais se cachent. Il est vrai qu’à la mort de Mahomet, tous les juifs vivant en Arabie ont été soumis au traité de dhimmitude qui leur a interdit le port d’armes. Plusieurs hadiths authentiques montrent que Mahomet croyait que la fin des temps aurait lieu peu après sa mort. À cette époque, il n’y avait plus en Arabie que des juifs et des chrétiens vaincus, des dhimmis qui ne pouvaient se défendre qu’en se cachant.

Il serait hypocrite de jeter la pierre à l’imam Tataï sans poser de questions aux autres, à ceux qui ont un langage doux quand ils parlent en public, mais disent à leurs fidèles de suivre tous les hadiths authentiques, y compris ceux cités plus haut. C’est d’autant plus grave que des jeunes ont tué sur la base de ces incitations à la haine6.

Je demande à l’État français pourquoi il autorise la propagation de ces textes qui tombent sous le coup de la loi : est-ce sous prétexte qu’ils sont religieux ? Car j’ai encore la faiblesse de croire que la République ne reconnaît aucun culte.

par

Lina Murr Nehmé

 – 

L’islamisme et les femmes. Meurtre de Sarah Halimi, princesses saoudiennes séquestrées et autres scandales passés sous silence

L’imam de Toulouse n’est pas un cas isolé


Réactions à la traduction et mise en ligne par MEMRI du sermon de l’imam Mohamed Tataï reprenant un hadith antisémite : Doutes du journal Le Monde, justification du Recteur de la Grande Mosquée de Paris, double procès contre Mohamed Tataï pour haine raciale et contre Dalil Boubakeur

Le 28 juin 2018, MEMRI a traduit et mis en ligne un sermon en arabe de Mohamed Tataï, imam de Toulouse, diffusé sur le compte Youtube de la Grande Mosquée de Toulouse le 30 janvier 2018. Dans ce sermon, Tataï reprend un hadith antisémite bien connu, qu’il cite en ces termes : « [Le prophète Mahomet] nous a parlé de la bataille finale et décisive : ‘Le Jour du jugement n’arrivera que lorsque les musulmans combattront les juifs. Les juifs se cacheront derrière les pierres et les arbres, et les pierres et les arbres diront : ‘ô musulman, ô serviteur d’Allah, un juif se cache derrière moi, viens le tuer’, sauf l’arbre Gharqad, qui est l’un des arbres des juifs’. »[i]

La révélation par MEMRI de l’usage de ce hadith antisémite dans une mosquée de France a suscité l’émoi et de nombreuses réactions dans la presse, Le Monde se posant même la question d’une « mauvaise traduction » ou d’une « manipulation » de MEMRI, ce qui semble indiquer que Le Monde ignore l’existence de ce hadith pourtant très connu et fréquemment cité dans les mosquées.[ii] Pour Mohamed Sifaoui en revanche, directeur de la revue Contre-Terrorisme, et l’un des premiers à avoir alerté sur la menace islamiste, il y a de cela plusieurs décennies, la traduction de MEMRI est « totalement exacte » et le CFCM ne devrait plus permettre à Mohamed Tataï de prêcher.[iii]

Suite à la traduction et au sous-titrage de la vidéo par MEMRI, l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) a entrepris de poursuivre Mohamed Tataï en justice pour « incitation à la haine raciale », arguant : « Pour l’UEJF, cet appel au meurtre des juifs est particulièrement inquiétant, à fortiori lorsqu’il est commis à Toulouse, dans la ville où Mohamed Merah a tué des enfants juifs à bout portant dans l’école d’Ozar Hatorah, le 19 mars 2012. L’UEJF dépose plainte pour incitation à la haine raciale contre Mohamed Tataï et appelle le Parquet à ouvrir une enquête et le ministère de l’Intérieur à fermer ladite mosquée ». [iv]

Face à la polémique, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a convoqué Mohamed Tataï. Le 2 juillet 2018, le site de la Mosquée de Paris[v] met en ligne un communiqué de presse déclarant que l’imam Tataï a été reçu par un conseil d’imams pour écouter son explication quant à l’usage d’ « un hadith dans un prêche consacré à l’eschatologie des fins dernières et à la souffrance du peuple juif ». Le communiqué rapporte que « l’imam Mohammed Tataï proteste vivement de sa bonne foi. Il s’excuse profondément auprès de ses amis de la communauté juive de Toulouse et de France de l’interprétation décontextualisée de ses propos. » Les excuses de Mohamed Tataï consistent donc à justifier les propos tenus dans le sermon, propos qui auraient été « mal interprétés » et « décontextualisés ». Le communiqué est signé par le recteur de la Grande Mosquée, Dalil Boubakeur.

Le 3 juillet, la chaîne télévisée algérienne Ennahar met en ligne une vidéo rapportant que la Grande Mosquée de Paris disculpe l’imam de la mosquée de Toulouse des accusations d’incitation à la haine, reprenant l’argument selon lequel le « hadith a été sorti de son contexte ».[vi]

Le 5 juillet 2018, La Grande Mosquée de Toulouse vole aussi au secours de Mohamed Tataï, déplaçant le problème vers un éventuel amalgame qui aurait été commis entre sionisme et judaïsme, amalgame dont il n’a pourtant pas été question dans cette polémique : « Suite à la polémique autour du sermon du 15 décembre 2017, nous publions une traduction de quelques extraits. Ces extraits montrent clairement qu’aucun amalgame n’est fait entre la mouvance sioniste et le judaïsme en tant que religion ou les juifs en tant que peuple. »[vii]

Le 5 juillet, on apprend que le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a porté plainte contre Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, pour avoir pris la défense de l’imam Tataï.[viii]

Dans une autre vidéo mise en ligne par la chaîne télévisée algérienne Ennahar le 7 juillet 2018[ix], le ministre Algérien des Affaires religieuses en personne vient au secours de Tataï, arguant que Tataï est un homme pur qui ne violerait pas les lois de son pays de résidence. Il apporte son soutien à Tataï, estimant que les « médias extrémistes » devaient cesser de porter atteinte à l’islam. Notons que Mohamed Tataï est algérien et que la mairie de Toulouse l’aurait aidé à se procurer un terrain pour y construire sa nouvelle mosquée avec le concours financier de l’Algérie et du Koweït.[x]

Notes :

[i] http://memri.fr/2018/06/28/mohamed-tatai-imam-a-toulouse-cite-un-hadith-antisemite-et-des-propheties-annoncant-la-fin-prochaine-disrael/

[ii] Le Monde, 30 juin 2018

[iii] Consulter la page Twitter de Mohamed Sifaoui : https://twitter.com/Sifaoui

[iv] http://uejf.org

[v] Site de la Mosquée de Paris : http://www.mosqueedeparis.net/mosquee-de-toulouse-mise-au-point-de-limam-tatai/

[vi] Ennahar TV, Youtube, le 3 juillet 2018

[vii] Grande Mosquée de Toulouse sur YouTube, 5 juillet 2018

[viii] www.bnvca.org, 4 juillet 2018

[ix] Ennahar TV sur YouTube, 7 juillet 2018

[x] La Dépêche, 10 juin 2018

memri.fr

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galil308

Je ne vois ici qu’une simple constat. .

Quand un patient évoque des arbres et ou des animaux qui lui « parlent » le diagnostique est assez simple, avec ou sans l’aide du DSM V, délire psychotique ou schizophrénique . .
Reste un choix à faire : traiter l’iman malade aux frais de la république sous AME ou l’expulser. . vers un lieu géographique où la « culture » banalise ce genre de pathologie. .
Je penche plutôt vers cette deuxième solution, tant le déni de pathologie peut contrarier l’observance d’un traitement médicamenteux adapté.
Sans omettre le risque de contagiosité. . !