Faudra-t-il présenter un pass sanitaire pour voter aux élections présidentielles ?

L’intervention d’Emmanuel Macron à la télévision demain soir sur fond de reprise du nombre de cas de Covid risque d’avoir un air de déjà vu. A part conseiller la vaccination, l’aération chez soi, tenter de justifier la prolongation du pass sanitaire jusqu’à l’été prochain, le Président en délicatesse avec les libertés individuelles va-t-il annoncer l’obligation du pass sanitaire pour l’accès aux bureaux de vote, en avril et mai 2022 ?

Attendre en se demandant à quelle sauce on va être mangé. Cette situation a un air de déjà-vu pour les Français, alors qu’Emmanuel Macron doit faire des annonces dans un nouveau discours mardi 9 novembre à 20h. Le président y évoquera la relance économique et les réformes, à cinq mois de la présidentielle, mais surtout la crise sanitaire, au moment où l’épidémie de Covid reprend de la vigueur.

Il ne devrait pas être question cette fois de décréter un nouveau confinement ou couvre-feu. Si l’Europe est redevenue selon l’OMS “l’épicentre de l’épidémie” avec probablement un demi-million de morts supplémentaires d’ici à février et que des pays comme l’Allemagne voient le nombre de cas exploser, la France semble pour l’heure relativement épargnée.

Mais à l’approche de l’hiver, le rebond est bien là. Et l’un des objectifs de l’intervention de mardi est bien de convaincre les derniers récalcitrants à se faire vacciner et à aborder la question épineuse de la troisième dose. Moins de la moitié des personnes éligibles, les plus de 65 ans et les plus fragiles, ont reçu leur dose de rappel.

Il s’agira de “revitaliser la campagne vaccinale”, a résumé le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand ce dimanche 7 novembre sur France 3, et de “booster la demande des Français” éligibles pour la troisième dose. Reste à savoir comment y parvenir.

Troisième dose dans le pass ou obligation pour les plus fragiles?

Faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les personnes éligibles à la troisième dose? Conditionner la validité du pass sanitaire à ce rappel? Ou annoncer un plan pour une troisième dose pour tous, comme en Israël et bientôt en Allemagne? En déplacement à Montpellier vendredi, le Premier ministre Jean Castex a affirmé à l’AFP que c’est la 2e piste qui tenait la corde, et que l’exécutif réfléchissait en priorité à la piste d’un pass conditionné à une troisième dose.

“C’est une question de cohérence. Si au bout d’un certain temps, le vaccin n’est plus actif et qu’il faut une dose de rappel, il y a une certaine logique à le lier au pass sanitaire”, a aussi ce week-end Yaël Braun-Pivet, présidente (LREM) de la commission des lois à l’Assemblée nationale, sur Franceinfo, même si Richard Ferrand a tempéré dimanche en affirmant que ce scénario n’était ”à ce stade pas sur la table”.

L’idée ne fait en tout cas pas l’unanimité, notamment chez les scientifiques. L’Académie de médecine s’oppose ainsi à cette piste qui “outrepasse” selon elle le rôle du document en question. Cette mesure “transgresse le rôle dévolu au passe sanitaire qui était de limiter le risque de transmission du virus et d’inciter la population à se faire vacciner”, selon l’Académie dans un communiqué vendredi. “Elle induit quelque incertitude sur l’efficacité de la vaccination et suscite une discrimination injustifiée à l’égard des personnes les plus vulnérables qui ont déjà accepté de recevoir les deux premières doses de vaccin”, poursuit l’instance.

Pour l’épidémiologiste Dominique Costagliola, la question de la troisième dose est par ailleurs sans “urgence”. “Le problème, ce sont les gens qui ne sont pas du tout vaccinés”, ajoute-t-elle sur France Inter.

“C’est déjà ça qu’il faudrait résoudre comme problème. Et ça, ça ne se résoud pas de façon magique. D’ailleurs, le pass sanitaire a un tout petit peu fait progresser la vaccination dans ce groupe-là, mais pas complètement. Je pense que le premier problème, ce sont les gens qui ne sont pas du tout vaccinés, avant de s’attaquer aux troisièmes doses”.

Alain Fischer, le “monsieur vaccination” du gouvernement, insiste aussi dans le JDD sur la priorité d’une troisième injection pour les plus fragiles et surtout les “13% des plus de 80 ans non vaccinés”. Selon les chiffres du ministère de la Santé, seulement 87% des Français de plus de 80 ans ont reçu au moins une dose et 85% sont entièrement vaccinés. Une couverture vaccinale à peine meilleure que celle des 30-39 ans (86% ont reçu au moins une dose, 83% entièrement vaccinés), nettement moins vulnérables face aux formes graves du Covid-19.

Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’Université de Montpellier, estime de son côté, auprès de La Dépèche, que rendre obligatoire la 3e dose de vaccin pour les personnes les plus fragiles serait “un levier à privilégier”. Ceci “pour accélérer” cette campagne et ainsi assurer la protection de ces personnes. Il rappelle notamment que l’immunité générée par le vaccin baisse avec le temps, d’où l’importance de renforcer la protection vaccinale.

Sans aller jusque-là, Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille cité par Le Parisien, appelle de son côté le gouvernement à d’abord “convaincre” que la troisième dose est utile plutôt que “tordre le bras” à la population.

Reste à savoir ce que l’exécutif, qui a sollicité la Haute autorité de santé (HAS), le comité d’orientation pour la stratégie vaccinale et le conseil scientifique pour avoir leur avis, décidera. La réponse arrivera au plus tard mardi en conseil de défense, puis lors de l’allocution d’Emmanuel Macron.

 

Eric Zemmour dénonce « l’entourloupe » qui consisterait à demander aux Français un pass sanitaire pour aller voter

Le candidat putatif a jugé disproportionnées les mesures prises par le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire et pointé l’éventuelle « entourloupe » qui consisterait à exiger un pass sanitaire pour aller voter à l’élection présidentielle, ce qui aurait pour effet, selon lui, de focaliser la campagne sur le COVID et non sur les réels problèmes du pays.
Le texte de loi de « vigilance sanitaire » adopté vendredi par le Parlement prolonge notamment la possibilité du recours au pass sanitaire jusqu’à la fin juillet, sans élargir le périmètre actuel du dispositif.

Pour Éric Zemmour, le Covid-19 est un prétexte bien utile à Emmanuel Macron. Quelques jours après que le Parlement a donné son feu vert à la prolongation de la possibilité du recours au pass sanitaire jusqu’à la fin du mois de juillet prochain, suscitant la bronca au sein des oppositions, le président de la République doit prendre la parole ce mardi, au moment où l’épidémie de Covid-19 repart à la hausse.

« Je pense que cette prolongation est très excessive », commente Éric Zemmour ce dimanche, invité de BFM Politique, qui s’interroge par ailleurs de « savoir s’il faudra le pass sanitaire pour aller voter ».

« Parce que là ça veut dire qu’Emmanuel Macron préparerait, je ne fais pas de procès d’intention, préparerait une entourloupe majeure, s’il imposait le pass sanitaire pour aller voter », lâche le quasi-candidat d’extrême droite.

« Je pense qu’Emmanuel Macron veut remettre ce sujet [le Covid-19, NDLR] au coeur pour justement empêcher que le vrai sujet selon moi, le sujet majeur de l’avenir de la France, de l’immigration, du ‘grand remplacement’, ne soit évoqué comme je l’ai fait depuis deux mois », affirme sur notre plateau l’ancien journaliste.

Le gouvernement a déjà démenti

La nécessité de se munir d’un pass sanitaire valide pour aller voter ne figure aucunement dans le projet de loi de « vigilance sanitaire » adopté par le Parlement, qui n’élargit pas le périmètre d’application actuel du document. Début octobre, Gabriel Attal avait fermement indiqué sur France 3 qu’il ne serait pas nécessaire de présenter un pass sanitaire pour se rendre aux urnes:

« Si le pass sanitaire devait être réactivé, il ne le serait évidemment pas pour le fait d’aller voter. C’est d’ailleurs constitutionnel. (…) Certains cherchent à instrumentaliser cette peur-là », avait affirmé le porte-parole du gouvernement, le 3 octobre.

 

Source : Huffington Post & BFMTV

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