« L’Etat Paria » : l’insulte comme forme d’agression contre Israël

 

Par Manfred Gerstenfeld

 

Un champ sémantique très large est utilisé dans la guerre des mots contre Israël. Ensemble, il forme un formidable front d’attaques par le biais du langage. On doit investiguer ces expressions une par une. C’est la seule façon possible de comprendre comment on les utilise et, par la suite, comment Israël doit les combattre.

On peut commencer par une expression extrême qui n’est pas employée aussi souvent. Une proposition concrète la concernant a été présentée aux Nations Unies. L’exemple le plus pervers a été créé par quelqu’un qui n’a même pas employé les motrs « Etat paria ». Son auteur était Michaël Lynk, un enquêteur spécial du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Il a offert une conférence de presse en 2017 à l’ONU  dans laquelle il a dit que l’organisation  devait « revoir le statut d’Israël comme membre des Nations Unies en tant qu’Etat de Droit », en déclarant illégale « l’occupation (de territoires) ». Lynk disait alors qu’un tel mouvement isolerait Israël sur le plan international, en le contraignant à mettre fin à son occupation de territoires prétendus « palestiniens ». Il prétendait également qu’on pourrait forcer Israël à adopter un changement radical dans son attitude envers les Palestiniens en mettant un terme à toutes les formes de coopération militaire, économique, universitaire, culturelle et ainsi de suite avec Israël[1].

Lynk proposait une résolution de l’Assemblée Générale pour requérir de la Cour Internationale de Justice de la Haye, de produire un avis consultatif sur le Statut d’Israël. Il fondait sa remarque sur un précédent. En 1971, la Cour Internationale de Justice a publié un avis consultatif attestant que l’administration de la Namibie par l’Afrique du Sud était illégale. Lynk prétendait que traiter le cas d’Israël était plus facile qu’avec celui de la Corée du Nord, parce qu’Israël est dépendant du commerce international avec les Etats-Unis et l’Europe.

En termes juridiques, il n’existe pas d’occupation israélienne de la Bande Occidentale du Jourdain. Il n’y a jamais existé d’Etat palestinien à cet endroit. Israël a conquis cette zone en l’arrachant à la domination jordanienne, dont la souveraineté sur la « Cisjordanie » n’était reconnue que par le Royaume-Uni et le Pakistan. La Judée-Samarie/Cisjordanie est juridiquement « un territoire disputé ».

Les positions de Lynk sont également antisémites. On peut les soumettre à l’examen de la définition de travail sur l’antisémitisme de l’Alliance Internationale pour la Mémoire de la Shoah[2]. Elle donne un exemple de cette haine comme : « Appliquer des doubles standards au cas d’Israël, en requérant un comportement qu’on n’attend d’aucun autre état-nation démocratique. Pour ajouter l’insulte à l’injure, Lynk a cru bon de clarifier en précisément que ses positions n’avaient rien d’anti-israéliennes!

Hillel Neuer, directeur exécutif de l’organisation des droits de l’homme UN Watch basée à Genève, a réagi en disant : « Selon toute définition des droits de l’homme, de la moralité et de la logique, si M. Lynk est un observateur averti des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, il doit regarder en face la torture et les arrestations arbitraires pratiquées par l’Autorité Palestinienne et le Hamas contre leur propre peuple, les attaques palestiniennes au couteau, à la voiture-bélier et les tirs au jugé commis contre les Israéliens[3]« .

/ AFP PHOTO / Rémy GABALDA

Omar Barghouti est un autre agresseur anti-israélien de premier choix. C’est le cofondateur et un promoteur important de la Campagne de Boycott, Désinvestissement, Sanction contre Israël. Lors d’une interview de 2016, Barghouti a déclaré qu’Israël devenait peu à peu un « Etat- Paria ». Il déclarait être partisan  d’un seul Etat laïque et démocratique à l’ouest du fleuve Jourdain. Dans ce cadre, dit-il, les Palestiniens doivent recevoir des réparations. En outre, les réfugiés de la Naqba et de 1967 devraient être autorisés à revenir dans leurs maisons d’origine. Barghouti prétend aussi que les Arabes devraient avoir le droit de vivre sans menace de violence[4].

Ariel Gold, venue jusqu’au Kotel pour affirmer qu’il faut boycotter Israël…

Ariel Gold, qui est Juive, fait partie d’autres individus ayant employé cette expression. C’est la codirectrice de Code Pink, une organisation de base dirigée par des femmes, qui milite pour mettre un terme à toutes les guerres américaines et contre le militarisme, et qui soutient des initiatives qui se prétendent pacifiques et orientées pour les droits de l’homme[5].  Gold a affirmé qu’Israël deviendrait un « Etat-paria » parce qu’il lui a interdit d’entrer sur le territoire, ainsi que ses fidèles militants. Pourtant, cela tombe sous le coin du bon sens, puisque le Mouvement Code Pink soutient BDS[6].

Le journaliste américain réputé Jeffrey Golberg a interprété les pensées d’Obama où l’éventualité qu’Israël puisse devenir un « Etat paria » joue un rôle important. Il écrivait à propos de celles-ci : « Et si Israël, un petit Etat dans une région inhospitalière, devient pire qu’un paria – du type qui s’aliénerait même l’affection des Etats-Unis, son dernier ami inébranlable – il ne survivra pas. Iran pose une menace à court terme à la survie même d’Israël. Le propre comportement d’Israël lui en pose une autre à long terme[7].

Golberg a interviewé Obama dans les moindres détails. La façon dont il définit les pensées d’Obama est un indicateur de la mentalité gravement déformée de l’ex-Président, dès qu’il s’agit du Moyen-Orient. L’élection de Donald Trump  en tant que successeur d’Obama comme Président des Etats-Unis et les actions de son administration qui ont fait suite, concernant Israël, ont largement démontré qu’Israël est tout l’inverse d’un Etat paria.

Cependant, le plus malencontreux se produit quand cette expression extrêmement incitative est utilisée par des sources officielles israéliennes. En 2016, la directrice générale du Ministère des Affaires Stratégiques a déclaré que la communauté internationale percevait Israël comme un Etat Paria[8]. On ne peut que s’interroger pour savoir quelle interprétation de la notion de stratégie peut circuler dans les couloirs d »‘un tel Ministère. Quand bien même cela serait vrai, un responsable israélien n’a aucun intérêt à formuler une telle déclaration intempestive.

Si le Ministère avait seulement jeté un coup d’œil aux contacts multiples et variés qu’Israël entretient et aux collaborations de recherche et dans beaucoup d’autres domaines avec les leaders mondiaux dans ces secteurs, la directrice générale aurait compris que ceux qui perçoivent Israël comme un « Etat paria », disposent d’un angle de vue singulièrement borné.

Il est indéniable qu’Israël collectionne de nombreux ennemis et que la guerre des mots contre les Israéliens est variée et très virulente. Ces incitateurs de haine contre Israël sont rejoints par des compagnons de route qui peuvent participer à ces attaques. C’est largement possible du fait que les le gouvernement israélien fonctionne si mal en matière de lutte contre la propagande qui s’exerce à son détriment.

Essentiellement grâce aux politiques du Président Trump, la situation d’Israël s’est nettement améliorée. Les Etats-Unis reconnaissent à présent Jérusalem comme la capitale d’Israël. Le candidat présidentiel démocrate américain Joe Biden a déjà déclaré qu’il y laisserait l’Ambassade américaine[9]. Israël -également grâce à Trump – dispose actuellement de relations diplomatiques avec trois pays arabes (EAU, Bahrein) ou musulmans (Soudan) supplémentaires. Les relations avec eux semblent même être plus chaleureuses qu’avec leurs prédécesseurs, l’Egypte et la Jordanie.

La locution « Etat paria » comme expression contre Israël n’a pas été largement utilisée. Pourtant, on peut utiliser cette analyse comme un modèle pour mener des recherches plus détaillées sur d’autres expressions de haine employées contre Israël.

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Le Dr. Manfred Gerstenfeld est Président d’honneur du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a été conseiller stratégique pendant plus de trente ans pour certaines des corporations dominantes dans le monde occidental.  Le prix du Lion de Juda, de l’Institut Canadien de Recherche Juive fait partie des récompenses qu’il a obtenues, lui attribuant le titre d’Autorité internationale dominante en matière d’Antisémitisme Contemporain. Son principal livre sur le sujet  est : The War of a Million Cuts The struggle against the delegitimization of Israel and the Jews and the growth of New antisemitism.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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[1] www.jpost.com/arab-israeli-conflict/turn-israel-into-pariah-state-to-end-occupation-un-official-urges-508622

[2] www.holocaustremembrance.com/resources/working-definitions-charters/working-definition-antisemitism

[3] www.jpost.com/arab-israeli-conflict/turn-israel-into-pariah-state-to-end-occupation-un-official-urges-508622

[4] www.outlookindia.com/website/story/israel-is-slowly-becoming-a-pariah-state/296563

[5] www.codepink.org/about

[6] https://forward.com/opinion/391603/israel-made-itself-a-pariah-by-barring-me-and-my-fellow-activists/

[7] https://forward.com/opinion/391603/israel-made-itself-a-pariah-by-barring-me-and-my-fellow-activists/

[8] www.haaretz.com/israel-news/world-sees-israel-as-a-pariah-state-gov-t-official-says-1.5421657

[9] www.aljazeera.com/news/2020/04/29/biden-says-hed-leave-us-embassy-in-jerusalem-if-elected/

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jamais existe que dans l'imaginaire

N’OUBLIEZ SURTOUT PAS QU’UN ARABE MEME 40 PIEDS SOUS TERRE RESTE TOUJOURS UN ARABE !!!!!!

GUIBOR

Le merveilleux  » état paria  » ne devrait rien partager de toutes les formidables découvertes que son peuple fait chaque année.
Donnant, donnant.
J’echange mes découvertes, j’offre mon amitié et mon respect aux pays qui respectent mon peuple, mes croyances, reconnaissent Jerusalem comme ma capitale.
Ceux qui refusent ses conditions je les emmerde… Qu’ils s’entretuent, c’est le jeu à la mode (par pays interposés bien entendu ! )

LE CHAT DORT

les sloughis aboient et la caravane triomphante passe

je regrette simplement qu israel abrite 21% d’ arabes musulmans qui sont encore tenus
mais jusqu a quand ?

le parti Balad vient d’ etre , enfin, reconnu comme traitre

pour en avoir été (heureusement) victime, faudra reprendre la delicieuse formule la valise ou le cercueil

Modo, merci d’ effacer le comment précedent, la bécane a cafouillé

ron

Les citoyens arabes musulmans israeliens (sic) n’ont pas besoin d’être tenus car ils se comportent bien dans l’ensemble. Ils auraient trop à perdre à se comporter en ennemis de l’intérieur et à se revolter. Ça justifierait leur expulsion, ce qu’ils ne veulent surtout pas ! C’est qu’ils sont plutôt heureux de vivre chez les juifs.