Guerre en Ukraine: quel accueil réservent Israël, le Canada et l’Irlande aux citoyens russes qui souhaitent fuir le conflit

Un citoyen russe montrant son passeport, le 26 septembre 2022. (THIBAULT SAVARY / LE PICTORIUM / MAXPPP)Un citoyen russe montrant son passeport, le 26 septembre 2022. (THIBAULT SAVARY / LE PICTORIUM / MAXPPP)

La question de l’accueil des citoyens russes qui veulent fuir la guerre et éviter la « mobilisation partielle » divise les pays européens. Le gouvernement polonais se montre par exemple assez hostile envers ces réfugiés, alors que la Serbie est un des rares pays européens à encore leur ouvrir les portes sans conditions. En Israël, au Canada et en Irlande, les portes semblent plus ouvertes.

En Israël, les émigrés russes sont plus nombreux que les réfugiés ukrainiens

Plus de 24 000 arrivants de Russie sont recensés depuis le début de la guerre. « Des chiffres que personne n’avait vu venir », précise Ygal Palmor, le porte-parole de l’Agence Juive en Israël. Des arrivants avec des profils très différents de l’exode économique des années 1990, lorsque près d’un million d’habitants d’ex-URSS sont venus s’installer en Israël.
Cette fois, il s’agit plutôt d’une émigration « de peur, de panique, de dégoût », affirment les spécialistes. Il y a ceux qui ont quitté la Russie précipitamment, dès le début de la guerre, sur fond de rumeurs de fermeture des frontières. Il y a les opposants à la Russie de Vladimir Poutine ou encore les artistes, les comédiens, chanteurs, cinéastes qui craignaient d’être fichés comme « agent de l’étranger » ou ne voulaient plus s’auto-censurer. Il y a également ceux pour qui le passeport israélien était le seul moyen pour que leurs enfants évitent d’aller combattre en Ukraine, depuis l’annonce de la mobilisation. Enfin il y a ceux qui ont déjà la nationalité israélienne, de la famille sur place, ou des origines juives. Pour les juifs russes, Israël est la destination idéale : contrairement aux pays européens, aucun visa n’est exigé.
De plus en plus de Russes intensifient leurs recherches des preuves de leurs origines juives. À Moscou, signe de l’exode, cinq nouvelles agences privées ont ouvert ces derniers mois pour faciliter les départs vers Israël. Pour Israël, ce regain de l’alyah russe – le terme hébreu qui désigne « la montée », l’émigration en Israël – est une aubaine, un atout stratégique, encouragé par les autorités pour des raisons démographiques face aux Palestiniens. Le gouvernement a d’ailleurs prévu au début du mois un plan de 90 millions de shekels – soit 25 millions d’euros destinés à l’accueil des immigrants juifs de Russie.
Certains observateurs extérieurs voient cette émigration avec sarcasme : « Ils veulent quitter la Russie pour Israël », en référence au conflit israélien-palestinien. Mais comme la plupart des immigrés russes, beaucoup sont « coupés » des réalités du terrain, accaparés par la guerre dans leur pays.

En Irlande, des conditions d’accueil plus souples pour les Russes

L’Irlande est restée militairement neutre dans ce conflit. Le pays est désormais prisé par les Russes pour ses conditions d’accueil plus souples. L’Irlande est un petit pays mais vu leur histoire, les Irlandais ont toujours accueilli ceux qui fuient la guerre. Alors à première vue, ce n’est pas une destination évidente pour les Russes mais en réalité si on y réfléchit, c’est le pays anglophone le plus proche depuis le Brexit. Ils sont déjà près de 1000 russes à être arrivés depuis fin septembre. « Ils ne me trouveront pas ici « , déclare Roman, le directeur d’une banque à Moscou. Je n’ai pas eu d’autres choix que de partir parce qu’une fois que vous recevez la lettre de l’armée, les soldats peuvent vous arrêter dans la rue, à votre travail, dans le métro. C’est un sentiment incroyable, c’est ma première expérience dans un pays libre. J’ai le droit de parler des problèmes dans mon pays ! Mais ce n’est pas parce que je suis parti que je ne ressens plus rien. Je suis bouleversé et j’ai honte. »
La question est actuellement en cours de discussion, mais la Russie pourrait bientôt figurer dans la liste des pays prioritaires pour faciliter les demandes d’asile en Irlande. « L’Union européenne a créé tout un arsenal de sanctions contre les citoyens russes, détaille Claire-Marianne Tetart, la directrice de communication au conseil irlandais des réfugiés. Faciliter les conditions de demandes d’asile ça va aussi à l’encontre de cela. Autre difficulté nous pouvons aussi avoir parmi ses demandes des proches du régime actuel en Russie pour de l’espionnage ou tout autre raison qui nous amène à avoir plus de vigilance à l’égard des citoyens russes. » Par ailleurs, les besoins d’accueil pour les Russes sont sur le long terme. Contrairement aux familles Ukrainiennes, eux ne seront pas les bienvenus chez eux après cette guerre qu’ils ont fuie illégalement.

Au Canada, les citoyens russes sont les bienvenus mais se heurtent à l’administration

Le Canada ouvre grandes ses portes aux Ukrainiens depuis le début du conflit, mais aussi aux Russes qui fuient le régime ou la mobilisation. Il faut dire que contrairement à plusieurs pays européens, le Canada ne ferme pas la porte aux citoyens provenant de Russie. Une étude, faite par l’Université de Calgary, montre d’ailleurs que le nombre de demandes pour des visas de travail a été multiplié par neuf entre février et juin. Un phénomène encore accéléré depuis la mobilisation déclarée par le président Vladimir Poutine. Sauf que les hommes cherchant à fuir la guerre se heurtent à un obstacle de taille, la redoutable administration canadienne. Les services d’immigration accusent des retards de plusieurs mois dans le traitement des dossiers. Plusieurs avocats dénoncent une situation qui met la vie de leurs clients en danger. Certains risquent en effet de se retrouver malgré eux en Ukraine, faute de recevoir leur visa canadien à temps.
Des associations ukrainiennes aimeraient bien que le gouvernement canadien se montre moins accueillant envers les citoyens provenant du pays « ennemi », même s’il s’agit de dissidents du régime. De leur côté, les avocats qui représentent les demandeurs russes font valoir que les citoyens en provenance d’Ukraine bénéficient d’une procédure administrative accélérée pour s’installer au Canada. Mais encore une fois, les ratés du service d’immigration annulent cet avantage.

 franceinfo
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