« Tout le monde vous craint » : les Kurdes réclament une aide militaire israélienne

Les commandants kurdes syriens demandent l’aide d’Israël après avoir perdu des territoires au profit des forces islamistes soutenues par la Turquie. Une intervention israélienne risquerait d’aggraver les tensions avec la Turquie.

Par Danny Zaken 

« Tout le monde vous craint » : les Kurdes réclament une aide militaire israélienneCombattants kurdes dans le nord de la Syrie | Photo: AFP

Les services de défense israéliens étudient actuellement les demandes d’aide de la minorité kurde de Syrie, qui subit les attaques de groupes islamistes soutenus par la Turquie. Les appels à l’aide sont parvenus aux responsables israéliens ces derniers jours, après l’avancée de ces groupes et leur conquête réussie de territoires kurdes.

Israël et les forces kurdes entretiennent un dialogue permanent, qui s’est considérablement renforcé après la chute du régime Assad.

Le dilemme israélien tient en partie à l’impact potentiel d’une telle intervention sur les relations avec la Turquie d’Erdogan, ainsi qu’à la position américaine, qui privilégie l’arrêt des combats par la voie diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a mené un discours diplomatique en faveur des Kurdes et des Druzes en Syrie, soulevant la question lors de réunions avec ses homologues européens et le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Leurs appels à Israël sont également parvenus à Israel Hayom : « Vous contrôlez le ciel, vous n’avez pas hésité à prendre la grande montagne (l’Hermon syrien). Tout le monde vous craint, y compris al-Julani (chef du groupe rebelle qui a renversé le régime Assad). La Turquie est contre vous, et nous sommes avec vous. Vous devez nous aider, pour vos propres intérêts », déclare A. Awak, l’un des commandants des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans le secteur sud-est de la région autonome syrienne, dans un entretien fragmenté depuis la frontière syro-irakienne.

Abou Mohammed al-Julani, chef du groupe islamiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a mené une offensive éclair des rebelles pour arracher Damas au contrôle du gouvernement (Aref Tammawi/AFP)

« Les Turcs sont déterminés à exploiter le succès de Hayat Tahrir al-Sham et à conquérir toute la Syrie pour en faire leur État client », ajoute-t-il. « Nous seuls pouvons l’empêcher, mais nous avons besoin de l’aide extérieure de l’Occident, et surtout de vous, car tout le monde vous craint désormais. Le jour n’est pas loin où ces groupes islamistes se retourneront eux aussi contre vous. »

« C’est une opportunité historique qu’Israël doit saisir », déclare le professeur Ofra Bengio, l’un des plus grands experts mondiaux des affaires kurdes. « Israël doit aider la minorité kurde en Syrie afin qu’elle puisse conserver son autonomie dans le nord-est du pays. » Pendant la guerre civile en Syrie, les Kurdes, une minorité pro-occidentale et pro-israélienne, ont réussi à prendre le contrôle d’un quart du territoire du pays – une zone plus vaste que la plupart des autres groupes d’opposition.

La région kurde de Syrie, limitrophe de l’Irak à l’est, sert également de tampon contre les groupes pro-iraniens opérant dans le sud de l’Irak qui lancent des drones et des missiles vers Israël.

L’intérêt de la Turquie pour le régime d’Assad est devenu évident à mesure que la chute du régime d’Assad aux mains des milices du nord-ouest de la Syrie ces dix derniers jours a suscité des inquiétudes immédiates parmi les Kurdes. Bien que cela marque la chute de l’un de leurs ennemis, les craintes de voir les milices soutenues par la Turquie se retourner contre eux se multiplient – une crainte qui a déjà commencé à se matérialiser.

Les groupes islamistes ont repris aux forces kurdes la ville provinciale de Manbij, près de la frontière turque. Les combats n’ont cessé qu’après l’intervention américaine, même s’ils se sont poursuivis sur d’autres fronts. Ces derniers jours, ils ont également pris la ville de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, y compris son aéroport stratégique, ainsi que la ville d’Al-Bukamal, à la frontière irakienne. Les Kurdes se sont retirés de l’autre côté de l’Euphrate, mais craignent la poursuite des attaques avec le soutien turc.

Une source diplomatique israélienne affirme que l’implication israélienne, même en coulisses, présente désormais plus d’avantages que d’inconvénients : « Il est clair pour nous aussi que la modération affichée par les chefs du quartier général des rebelles islamistes en Syrie est une question de relations publiques, et quand ils le pourront, ils se retourneront contre Israël. Les Kurdes sont des alliés qui nous ont aidés de diverses manières. »

« La situation est toutefois complexe et nous ne pouvons pas agir là-bas sans le consentement des Américains. Il y a une chance que les Américains ne soient pas trop en colère si nous attaquons indépendamment des cibles dans le sud, loin de la Turquie, sans revendiquer la responsabilité », souligne-t-il.

JForum avec ILH

 

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