CHRONIQUE – L’historien anglais Tom Holland se penche sur les vraies origines de l’islam. Un culot qui mérite d’être salué quandles djihadistes se réclament d’une «guerre sainte» dont on ne voit pas de trace au VIIe siècle.

Par Charles Jaigu

Source : Le Figaro 

À l’Ombre de l’épée, Tom Holland, Éd. Saint-Simon, 377 p, 22,90 euros.

Il a les cheveux blonds et l’accent oxfordien d’un Lawrence d’Arabie, mais il n’a pas chevauché de chameau à la tête d’une armée de tribus arabes. Pourtant, dans le documentaire qu’il a réalisé pour la télévision anglaise à partir du livre dont nous traitons ici, il se met volontiers en scène entre Médine et La Mecque, bivouaquant avec les chameliers. Car il est fasciné, lui aussi, par la puissante civilisation qui a jailli de ces territoires stériles et inhabités. Cette fascination le pousse à pister une vérité introuvable, celle de l’origine de l’islam, qui glisse entre les doigts de l’historien comme les grains de sable du désert, quand elle est limpide aux yeux du «fidèle» qui écoute la parole de Dieu.

Les attentats commis au nom de l’islam auront au moins forcé l’Occident à considérer ce monothéisme tard venu dont il s’est désintéressé à partir du XVIIIe siècle. On ne compte plus les livres publiés sur le djihad, le sunnisme et le chiisme, etc. Celui de Tom Holland s’ajoute donc à une longue liste d’exégèses. Mais il se propose d’examiner les origines du phénomène plutôt que ses derniers développements. Et il le fait avec un certain culot.

Un flibustier de l’histoire

«J’ai reçu des menaces pour ce livre qui a été reçu comme une insulte par beaucoup de musulmans pieux, mon intention n’était pas de les choquer, car pour moi la foi et l’histoire se déroulent sur des plans différents.»

Tom Holland

Car Tom Holland n’est pas un universitaire, c’est un flibustier de l’histoire, un Walter Scott dont le style ampoulé nous perd parfois dans le labyrinthe d’une histoire déjà complexe. Mais il ose conjecturer sur un temps dont nous ne savons plus rien. «Jamais un universitaire spécialiste de cette période ne pourrait dire les choses de façon aussi directe», reconnaît Holland qui a la liberté du franc-tireur. Latiniste, auteur de traductions et de livres sur l’Empire romain, dont un best-seller intitulé Rubicon, Holland s’est lancé un jour le défi de comprendre comment une poignée d’hommes à cheval ont pu conquérir un si vaste territoire au VIIe siècle après Jésus-Christ, en étant si loin des centres de pouvoirs, et s’offrant le luxe, par-dessus le marché, de créer une nouvelle religion et donc une nouvelle civilisation. Cette question l’a amené à des conclusions peu conformes au dogme de l’islam, qui lui ont donné du fil à retordre. «J’ai reçu des menaces pour ce livre qui a été reçu comme une insulte par beaucoup de musulmans pieux, mon intention n’était pas de les choquer, car pour moi la foi et l’histoire se déroulent sur des plans différents», nous dit-il.

Tom Holland avait décidé de passer outre ce conseil cher à John Ford: «Quand la légende devient la réalité, on imprime la légende.» C’est donc encore un auteur européen, d’origine chrétienne, qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Quand Ernest Renan écrivit La vie de Jésus, publié en 1860, il était lui-même un ancien séminariste en rupture avec l’Église. Il la connaissait de l’intérieur, et son propos avait toutes les raisons d’encourir les foudres du Vatican. Ce n’est pas le cas de Tom Holland dont le livre illustre l’impatience de l’intelligentsia européenne éclairée à convertir les savants du monde arabo-musulman aux exigences de la critique historique.

Tom Holland se pose une question simple: qui est le prophète Mahomet? La réponse est périlleuse, car Mahomet n’est pas comme le Christ un personnage attesté par les récits nombreux de ses contemporains. Il est au contraire un fantôme dont on ne sait où il a vraiment vécu, un mystère enveloppé dans une énigme, dont les faits et gestes n’ont été répertoriés nulle part de son vivant, et dont le nom n’apparaît nulle part non plus dans les documents officiels du monde arabe ou byzantin 60 ans après sa mort, en 632. Et il faudra attendre, deux cents ans, en l’an 830, pour la première biographie du Prophète, écrite par Ibn Hicham.

Ce livre n’est pas le premier à montrer que la fulgurante conquête arabe s’explique par d’autres raisons que la volonté d’Allah.

Ce livre n’est pas le premier à montrer que la fulgurante conquête arabe s’explique par d’autres raisons que la volonté d’Allah. Des causes démographiques et géopolitiques précises ont affaibli durablement les grands empires perse et byzantin au VIIe siècle. À la fin du VIe siècle, la peste bubonique a ravagé tout le pourtour méditerranéen, mais elle a épargné les Arabes, éloignés des grandes routes commerciales et des ports. Puis une longue guerre a opposé l’Empire byzantin à l’Empire perse. Elle les a épuisés. Les guerriers arabes qui font irruption en Palestine et en Égypte, mais aussi entre le Tigre et l’Euphrate, profitent donc de la vulnérabilité de territoires d’ordinaires imprenables.

Le plus surprenant est de constater qu’aucune de ces conquêtes ne semble être menée au nom d’Allah. Les comptes rendus de l’époque ne le mentionnent jamais. «Personne ne sait qui sont ces cavaliers du désert et ce en quoi ils croient», nous dit Holland. Personne ne semble s’en soucier. «Certains commentateurs de l’époque pensent qu’ils se réclament du judaïsme et s’apprêtent à le répandre à nouveau.» Trente ans après la mort de Mahomet, le seigneur arabe qui règne sur Jérusalem ne laisse rien sur Mahomet, ni Allah.

Il faut donc supposer que ce n’est pas «l’islam qui a donné naissance à l’Empire arabe, mais l’Empire arabe qui a donné naissance à l’islam».

Alors, pourquoi leur nom ressurgit-il? Parce que parfois le pouvoir terrestre doit se tourner vers le pouvoir spirituel pour réussir ce qu’il ne peut pas faire: unir les tribus et les peuples dans une foi commune. Il faut donc supposer que ce n’est pas «l’islam qui a donné naissance à l’Empire arabe, mais l’Empire arabe qui a donné naissance à l’islam». Ce n’est qu’après la victoire qu’il a fallu la justifier. Et ainsi, soixante ans après la mort de Mahomet, l’islam est devenu la religion officielle d’un monde arabe en gestation. Car ses chefs voulaient se distinguer de leurs adversaires – ils ne pouvaient donc être chrétiens, juifs ou zoroastriens.

Il fallait unifier et galvaniser par une religion différente cet immense empire sur le point, déjà, de se fracturer. Ibn Al Zubair, en 686, frappe la première monnaie au nom de Mahomet. Il n’aura pas le temps d’être à l’islam ce que l’empereur Constantin a été au christianisme, mais son rival s’en chargera. C’est ce que fera Abd Al Malik, le cinquième calife omeyyade. C’est à lui, selon Holland, que l’on doit la transformation de l’islam en religion officielle, et le récit d’un prophète recevant la parole de Dieu entre La Mecque et Médine.

Holland suggère donc que le Coran est une reconstruction a posteriori, faite pour servir les intérêts politiques d’un peuple en plein essor, et placer son foyer mythique au cœur du désert. Tant pis si de nombreuses références abrahamiques resteront présentes dans le texte, montrant que Mahomet a probablement vécu non loin de la Palestine, au sud de la mer Morte, où se trouvaient juifs et chrétiens. Comment un marchand au milieu du désert fréquenterait-il des fermiers, des vignes et des oliveraies? Toutes ces questions rythment le livre d’Holland. Elles n’ôtent rien à l’exploit de ces Bédouins venus des confins du monde civilisé qui ont fabriqué à partir de ses ruines une nouvelle civilisation.

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AHMED

le peuple arabe et la langue arbe et la civilisation arabe est la plus ancienne des peuple est la langue de noe et de adan de sam et de ismael et l hebreux l aramien l assyrien l akkadien sont de l arabe modifier avec l eloignement du centre quis est l arabie tu trouve la civilisation arabe le construction phenomenale de madain saleh en arabie saudite iram en arbie saudite saba au yemen de petra en jordanie les arbe vive en arbie avant meme qu elle etait deset elle etais un territoire plein des lac et des foret les peuple qui ont domestique les loups sont les arabe le chien actuelle desandes des loup gris d arabie il avais une grande ville obar perdue allez voire les arabe sont les encetre des europien quand l aire desertique a commancer deux clan arbe en imegre ver laureaupe clan beni yunan et beni asfar leur chef etais yuna ben hila il est arriver en gres et batit la vielle d aracos c est adir ville tortue et jusqua maintnant on dis en arabe la grece en dis yunan homage au clan bani yunan et ce clan a trouver un peuple sauvage les slave il vive comme des sainge il ont pris leur femmes et on eu des fils ces fils ont donner l europien d auourduit et les arabe n etais pas de bedoin le bdoin c est les berger on les appelle aarab en arbe et les arabe etaiq de commercant c est eux qui on fait la route de la soie il font la comerce avec l inde et la chine et les pays asiatique il parte apres en egypte en irak en turquie en syrie pallestine pour vendre les epice la soie apres il prene le coton de l egipte la laine il vende ca et il ont les plus ancien marche sur terre ces le marche de Okaz ou souk okaz les dieux europien vien des dieux arabe hobal est appolo ashtarout est devnue ashtart chez les grec mais les faus historien ne disent les dieus greco egyptien au lieux de dire arabe ou les dieux demon d arabie e vais pas tous les citer …….. est meme les pharaon etais des arabe la famille la plus connue sone les heksos a pres laire glacial les europien desandant des clan arabe commance a oublier leur langue les song des lettre europien vient de la glace le froid deja l aphabet europien vien de la phabet arabe les lettre sont pareille mais les son defferant comme si on prenance les lettre arabe mais dans la glace dans le froid toital

AHMED

L ISLAME EST UNE RELUGION DE PAIX PAS COMME LA RELUGION CHRETIENNE FALCIFIER PAR LES CONSTANTIN OU IL ONT SEMMER LA MORT EN IRAK EN LIBAN EN LIBIE AU VIETNAM EN CAUSOVO BOUSNIE AU JAPN HORICHIMA ET NAKASAKIE AU INDOCHINE EN 1ERE ET 2EME GUERRE MONDIALE EN 17 EMME SCIECLE GENOCIDE DES JUIF EN EUROPE EN CONGO 15 MILLON DE CONGOLER MASSACRER PAR LE ROI DE BELGIQUE

Patrice LUCCHINI

L’islam, une nouvelle civilisation bâtie sur les ruines de l’Occident civilisé ? Une civilisation éteinte alors, car ceux qui la représentent aujourd’hui ne sont le plus souvent que des « barbares » incultes et fanatiques ou bien courant après la modernité sans jamais la rattraper. Une « civilisation » de bédouins guerriers et ignorants, ne connaissant que la loi du plus fort et qui retourne aujourd’hui à ses origines pour notre plus grand malheur.

Photini Mitrou

C’est très intéressant et il faut mettre cet article en relation avec la théorie surprenante de Gibson pour qui la « Ville Sacrée » n’est pas la Mecque.
https://youtu.be/ZkzZUXWtLTI

David Belhassen

J’ai rarement lu un tel fatras de bêtises ! Il n’y a pas et il n’y a jamais eu de « peuple arabe », mais de clans de bédouins nomadisant. « arabe » est un mot hébreu signifiant « nomade qui vit sous la tente et attaque les caravanes ». Ces nomades du Hedjaz parlait la langue himyarite. Tandis que l’arabe du Coran est une langue artificielle composite de himyarite, d’hébreu, et de syriaque, ces deux dernières langues étant celles de rabbins et de moines qui ont influencé le ou les rédacteurs du Coran. D’ailleurs le Coran est rempli d’imprécations contre les bédouins « arabes » mais encense la « langue arabe »! Cela signifie que c’est bien l’islam qui a créé le panarabisme, et non le contraire comme le prétend l’auteur !

Soliloque

Tom Holland semble avoir intégré la théorie de Finkelstein sur le Judaisme et l’applique à la formation de l’islam. on comprend que cela puisse choquer les musulmans, mais cela donne un coup fatal à l’idée que le Coran serait incrée. il faudra que les musulmans s’y fassent.