Cette troisième péricope du livre de la Genèse (Bereshit), dès ses premiers versets, livre au lecteur des trésors d’enseignements et de nombreuses promesses.

Plus ou moins, tout le monde connaît les débuts de l’histoire d’Abram qui deviendra Abraham par la suite, lorsqu’il découvrit par lui-même l’existence du Tout Puissant, et que de lui-même, il se détacha des croyances ancestrales et surtout nationales pour se tourner entièrement vers le D. Unique qui créa le monde et le dirige.

 

A plusieurs reprises, Abram vit sa croyance éprouvée sous divers aspects. Les Sages ont dénombré 10 grandes épreuves qu’Abram a passées avec succès et de manière naturelle bien que chacune d’elles exigeait un don de soi toutes plus graves les unes que les autres cependant que l’épreuve qui précéda les dix citées ci-dessous fut pour l’homme jeune qu’il était alors, un véritable déchirement imposé par Nimrod qui, devant le refus absolu d’Abram de s’adonner à l’idolâtrie, fit jeter le futur patriarche dans la fournaise dont il ressortit indemne.

Selon Maïmonide donc, la première des épreuves est contenue dans le verset 1 du chapitre XII de la Genèse (Bereshit) :
וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-אַבְרָם, לֶךְ-לְךָ מֵאַרְצְךָ וּמִמּוֹלַדְתְּךָ וּמִבֵּית אָבִיךָ, אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ
L’Éternel dit à Abram: « Éloigne-toi de ton pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle, et va au pays que je t’indiquerai. »

La majorité des exégètes émettent l’avis selon lequel le pronom « lekha » est explétif, si donc il apparaît ici c’est, bien entendu, qu’il a un sens : cette action de partir d’Aram est une action destinée à « recycler » l’âme de cet homme et ceci se confirme avec les mots qui suivent. Le verset eût pu être plus court et ne comporter que ces 5 mots : lekh el haaretz asher ar’éka.

En sachant que rien n’est inutile dans la Torah le sens du verset apparaît ainsi : Lekh-lekha méartsékha, mémoladetékha, miveith avikha, el haaretz asher ar’éka. Lekha désigne Abram, son âme. C’est-à-dire : en s’arrachant de son pays, le lien tellurique sera coupé comme l’est le cordon ombilical.

En quittant la nation (molédeth), il va se séparer de son héritage spirituel (l’histoire de sa famille, de tous ces endroits dans lesquels il a évolué). En abandonnant la maison paternelle, il abjure tous ces us et coutumes dont il a été le témoin et qui ont été le théâtre de sa vie quotidienne.

Ces trois derniers « lieux » forment le triple lien (hahout hameshoulash) qui est censé ne jamais se rompre, mais qui, grâce à l’arrachement, sera définitivement détruit.

Le verset qui suit montre les événements à venir pour les générations suivantes :
וְאֶעֶשְׂךָ, לְגוֹי גָּדוֹל, וַאֲבָרֶכְךָ, וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ; וֶהְיֵה, בְּרָכָה
Je te ferai devenir une grande nation ; Je te bénirai, Je rendrai ton nom glorieux, et tu seras un type de bénédiction

Dans ce verset, apparaissent 4 promesses ce qui ramène aux quatre mères : Sara, Rivka, Rahel et Léa par l’intermédiaire desquelles se sont réalisées les prédictions d’une grande descendance.

Il faut aussi remarquer que ce verset succède au verset dans lequel est formulée la mitsva de quitter Aram ce qui fait comprendre que la conséquence directe de quitter le pays idolâtre est de devenir une grande nation.
Puis se présente un autre verset porteur de grands messages :
וַאֲבָרְכָה, מְבָרְכֶיךָ, וּמְקַלֶּלְךָ, אָאֹר; וְנִבְרְכוּ בְךָ, כֹּל מִשְׁפְּחֹת הָאֲדָמָה.
Je bénirai ceux qui te béniront, et qui t’outragera je le maudirai ; et par toi seront heureuses toutes les races de la terre.

En hébreu, le mot appartenant à la racine beth-resh-khaf (bénir) revient trois fois de suite ce qui rappelle qu’HaShem a fait une alliance avec les 3 patriarches et IL les a bénis.

Quelques versets plus loin, (verset 10), deux importants faits surviennent qui sont l’annonce de la famine dans le pays de Canaan et la décision de « descendre » en Egypte.

Certains thèmes sont récurrents dans la Torah. La famine en est un. Famine en hébreu se dit raâv il s’écrit resh-âyine-beth רעב sa valeur numérique est 272 tout comme le mot êrev (soir ou veille de) ou comme le mot êver qui est une déclinaison du verbe ôver passer.

Le mot « hébreu » ou îvri provient de êver. Abram est un hébreu un « îvri » à partir du moment où il est « passé » de Mésopotamie en Canaan.

Abram, ayant reçu la promesse qu’en quittant son pays de naissance et en arrivant dans ce pays (Canaan) que lui a désigné HaShem eût pu se révolter en trouvant la famine.

Ce fléau est un moyen d’éprouver Ses croyants. Abram, vient d’arriver avec sa famille et tous ceux qu’il avait déjà « convertis ». Abram n’a pas réclamé. Il ne s’est pas insurgé. Il est allé plus loin, en « descendant » en Egypte.

Sur le plan spirituel, l’Egypte a toujours représenté le plus bas degré de spiritualité et d’impureté du monde entier. Abram a consenti à perdre un peu de son degré de spiritualité pour survivre et revenir en Canaan.
Au retour en Canaan, Abram doit faire face à la querelle des bergers de Loth et les siens propres.

Les bêtes qu’Abram possédait : gros ou menu bétail y compris ânes et chameaux, étaient tous muselés et, les bergers, après s’être assurés que les espaces verts où ils se trouvaient n’étaient pas des terrains privés mais publics, ils démuselaient les bêtes afin de leur permettre de se nourrir et de s’abreuver.

Au contraire, les bêtes appartenant à Loth paissaient là où ils en avaient le loisir et ceci constituait un vol (guézel גזל). Ceci provenait du fait que l’attachement de Loth à la Torah était beaucoup moins fort que celui d’Abram.

Loth ayant pris la direction de Sodome, il fut pris en otage mais libéré par Abram et ses gens.

C’est à la suite de ces événements qu’eut lieu l’Alliance appelée en hébreu « Brith beyn habétarim » et qu’HaShem changea le nom d’Abram et de Saraï.

C’est alors que le Créateur informa Son digne serviteur de « transformer » la nature d’Abram et de Saraï.

En effet, tous deux étaient nés stériles. Pour le Créateur qui S’est exprimé à travers la nature, rien n’est impossible aussi Abram dont le nom signifie qu’il était le père d’Aram, HaShem ajoute la lettre ‘hé ה’ qui est aussi un signe de D. et le patriarche devient Abraham père de la multitude.

En fait, pour que l’accord soit parfait entre les deux membres du couple, la lettre youd qui existait dans le nom Saraï (valeur numérique du youd = 10) et il a été divisé en 2 lettres ‘hé dont la valeur est 5….

Caroline Elishéva REBOUH

 

A partir de ce lundi soir 7 Heshvan, on a la coutume en Israël d’ajouter un petit texte juste avant la 9e bénédiction de la Amida pour marquer le passage à la saison automnale au cours de laquelle tous souhaitent avec impatience l’arrivée des premières pluies, indispensables pour le pays.

On commencera donc à dire ‘Bareh’ Aleinou’ (pour les Séfarades) ou ‘VeTen Tal OuMatar Livraha’ (pour les Ashkénazes). Pourquoi ce délai de quinze jours après la fête de Chemini Atséret, au cours de laquelle les fidèles demandent à D. d’apporter la pluie et ajoutent les termes ‘Machiv Harouah’ OuMorid Haguechem’ au début de la Amida ?

La réponse est claire : on suit l’usage instauré par Raban Gamliel qui avait décrété qu’il fallait attendre deux semaines pour permettre aux pèlerins qui s’étaient rendus à Jérusalem pour Souccot de rentrer chez eux en Babylonie sans être retardés par la pluie.

Bien entendu, cette prière n’a pas seulement un caractère matériel. Le Juif qui demande à D. d’arroser en abondance la terre d’Israël souhaite en même temps qu’elle soit porteuse de sainteté et d’élévation spirituelle.

En Israël, après Souccot, les gens se souhaitent un ‘hiver sain’. Que ces pluies apportent donc la bénédiction. En diaspora, ce n’est que le soir du 4 décembre, à la prière d’Arvit, que les fidèles ajouteront ce texte.

Claire Dana-Picard 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires