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Le 8 août 2015, le père du bébé palestinien, tué dans un incendie criminel en Cisjordanie (dans la nuit du 1er août 2015), a succombé à ses blessures. Le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou n’a pas manqué de qualifier les actes criminel des israéliens, de « terrorisme ». De même, le Président de l’État d’Israël, Reuven Rivlin a livré son sentiment : « Plus que de la honte, je ressens de la douleur. La douleur du meurtre d’un petit bébé, la douleur de voir mon peuple choisir le chemin du terrorisme et perdre son humanité ».

Le gouvernement israélien s’est-il donc engagé à poursuivre une lutte sans merci contre ce qu’il appelle le « terrorisme juif », c’est à dire contre les auteurs d’actes meurtriers commis par des juifs contre les palestiniens. Aussi, le 2 août 2015, le Ministre de la Défense Moshé Yaalon a affirmé : « Le terrorisme juif doit être traité avec les mêmes moyens que le terrorisme arabe, y compris en utilisant les méthodes d’interrogatoire appropriées et des détentions administratives ». C’est ainsi qu’il a autorisé la détention administre des suspects (à l’instar de ce qui se fait pour les palestiniens impliqués dans des actes terroristes), afin de les maintenir dans les geôles, à disposition de la justice, théoriquement pour une 6 mois renouvelables, sans limitation de délai.

La condamnation, par Israël, des actes anti-palestiniens, est récurrente. Les juifs qui se livrent à des actes criminels contre les palestiniens ont toujours été sanctionnés, d’autant que les conséquences négatives rejaillissent sur toute la communauté.

Dans les années 1980, des juifs affirmant servir les « intérêts du peuple juif », s’étaient attaqués à des maires palestiniens proches de l’Organisation de Libération de la Palestine. Ils prétendaient apporter une réponse à une affiliation palestinienne désireuse d’éradiquer Israël. Ces extrémistes juifs appartenaient dans un premier temps, au mouvement « Hamaktheret » (« le réseau ») que le Shabak a démantelé en 1984. Ils se sont, par la suite, regroupés au sein d’une nouvelle structure « terror neged terror » (terreur contre terreur), qui a également été interdit comme portant atteinte à la sécurité publique.

De la même manière, les terroristes solitaires juifs ont toujours été blâmés par la société israélienne. Il en est ainsi de Baruch Goldstein, qui a provoqué un massacre, le 25 février 1994, dans la Mosquée d’Abraham (dont une partie est une mosquée et l’autre synagogue). Cet israélien originaire de l’implantation de Kyriat Arba (à proximité de la ville d’Hébron) a assassiné 29 fidèles palestiniens et en a blessé 125 autre. Pour tenter de justifier son forfait, Baruch Goldstein, a indiqué vouloir apporter une réponse aux attentats palestiniens qui commençaient à voir le jour (lors de l’engagement des accords de Oslo débutés en septembre 1993), et marquer son opposition au principe de concessions territoriales excessives envisagées par le premier Ministre Yitzhrak Rabin. Bien évidemment, son acte meurtrier a été immédiatement condamné par le gouvernement israélien même si Rabin a, par la suite, autorisé les résidants juifs de Judée Samarie à porter des armes pour se défendre en cas d’attaques palestiniennes.

Le Premier Ministre israélien Yitzhrak Rabin sera finalement assassiné. Bien évidemment, la société israélienne a également condamné de façon quasi unanime, cet assassinat commis par Yagal Amir, le 4 novembre 1995, lors d’une manifestation pour la paix qui se tenait à à Tel Avi. Le meurtrier a motivé son geste par le souci de poursuive l’entreprise engagée par Baruch Goldstein et pour « réveiller le peuple ». Une telle justification ne fait pourtant pas partie de l’histoire, de la culture, de la philosophie du peuple juif.  Désormais, l’assassin purge une peine d’emprisonnement à perpétuité,

Notons également le cas de Zeev Sternhell, qui luttait contre les implantations juives en Judée Samarie. Il a été victime d’un attentat fomenté par Yaakov Teitel, qui a été arrêté et condamné en qualité de terroriste juif, avant d’avouer son implication dans le meurtre de deux palestiniens en 1997.

Plus récemment, des jeunes hooligans supporter du club de football « Beitar Jérusalem » se sont regroupés au sein d’une structure dénommée « la familia », scandant « mort aux arabes » à l’occasion de compétitions sportives. Ce groupe a depuis été interdit et considéré comme une organisation criminelle, en 2013.

Les manifestations haineuses au sein de la société israélienne subsistent toujours. Le service de sécurité intérieure Shabak estime à 500 personnes le nombre de « jihadistes juifs » capables de sévir dans le pays et qui ont déjà perpétré 120 attaques anti palestiniennes depuis le début de l’année 2015. Israël n’entend pas laisser faire les personnes qui appartiennent au groupe « tag Mehir » (« prix à payer »)  et qui se livrent à des attaques de palestiniens dans le cadre d’une soit disant vengeance de la politique menée par Israël en faveur des palestiniens. Leurs forfaits nuisent tant aux palestiniens qu’à la communauté juive toute entière.

Une fois encore, le problème n’est pas tant celui de la folie meurtrière d’individus fanatiques, mais celui d’une société capable de sanctionner les assassinats racistes et de condamner lourdement leurs auteurs. Depuis quelques jours, il est fait un parallélisme, dans les journaux israéliens, entre les actes palestiniens commis contre les juifs et les actes meurtriers des juifs commis contre les palestiniens, qualifiés de « djihadisme juif ». Si la qualification de djihadisme est commune dans les deux cas, le traitement réservé par Israël aux actes meurtriers juifs, diffère du traitement palestiniens des assassins de juifs qui prend la forme d’un combat entre Fatah et Hamas et non un combat contre la partie vertueuse de la société palestinienne, et celle qui ne l’est pas.

Ce qui importe, c’est le cadre institutionnel qui sanctionne les criminels quelle que soit leur origine, ou leur motivation raciste. Or, c’est ce qui fait cruellement défaut dans la société palestinienne, dans laquelle les attentats anti israéliens demeurent héroïques. Dès lors, les palestiniens ne peuvent, collectivement, condamner les actes terroristes commis contre les juifs, si leurs responsables politiques appartiennent à un mouvement dont le nom est « Organisation de Libération de la Palestine », pudiquement repris sous l’acronyme arabe « Fatah ». Ils peuvent sérieusement douter de leur volonté de faire la paix avec Israël, en raison de leur appartenance au mouvement du fondateur de la Charte OLP qui appelait à éradiquer Israël sur un fondement national.

La paix dépend précisément de l’instauration d’un cadre moral, côté palestinien, qui interdise l’appel au meurtre de juifs, passant préalablement par la suppression de la dichotomie, Fatah/Hamas (dans laquelle chacun a sa « branche militaire » et  sa « branche politique ») et dans laquelle les terroristes se livrent à des exactions contre les juifs, en toute impunité, lorsque qu’elles ne sont pas glorifiées. La société palestinienne doit instaurer un cadre légal et pénal organisé, conforme à celui mis en place dans les sociétés démocratiques, et mettre en place un traitement national des mouvements terroristes palestiniens, calqué sur celui qu’Israël réserve aux meurtriers juifs de palestiniens, pour aider la population palestinienne à discerner le bien du mal dans les actes faits contre les juifs. C’est l’enjeu des relations de bon voisinage.

 

 

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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