Le prophète Elie défie 450 « prophètes » de Baâl (vidéo)

Dans Parashat Ki Tissa, Moïse affronte les conséquences du culte du Veau d’Or. La Haftara, elle, met l’objectif sur le prophète Elie et sur sa mission, celle de réfuter le pouvoir et l’existence de deux autres dieux étrangers, Baal et Asherah.

A des siècles de distance c’est à une discordance analogue que se heurte le prophète Elie, sous le règne du couple royal et idolâtre formé par Achab et Jézébel.

En ce temps là les prophètes fidèles à l’Alliance du Sinaï sont impitoyablement persécutés. Lorsque l’on parvient à les capturer ils sont exterminés en masse.

Dans son ensemble, le peuple fait montre de passivité laquelle encourage le couple royal et scélérat à persister dans ses agissements.

C’est pourquoi le prophète Elie le convoque maintenant à une inéluctable épreuve de vérité.

Il est temps que le peuple cesse « de boiter sur ses deux jambes », qu’il cesse de tergiverser, s’imaginant que le Dieu du Sinaï et que les idoles de Canaan sont des choix alternatifs.

Le prophète Elie, lequel en attendant a bloqué toutes les sources d’eau sur la terre en litige divin, défie les 450 « prophètes » de Baâl face à ce peuple moralement claudiquant.

Que l’on prépare un autel et qu’on y apprête symétriquement deux taureaux mais sans y mettre le feu avant l’heure convenue.

Après quoi chacun invoquera son dieu. Le premier qui consumera le sacrifice, sera reconnu pour l’unique et vrai Dieu. Le peuple acquiesce.

Les premiers, dès le matin, les prophètes de Baâl, apprêtèrent leur sacrifice et se mirent à invoquer leur divinité tutélaire. Leurs implorations durèrent jusqu’à midi. En vain. Point de réponse.

Et les voici qui s’agitent et se démènent au dessus de l’autel qu’ils avaient eux même confectionné, comme s’ils y cherchaient un défaut de conception et de fabrication qu’ils n’y avaient pas immédiatement perçu.

A midi, Elie les interpelle sur un ton qui passerait pour ironique s’il ne correspondait exactement à la réalité de la croyance idolâtre et à ses liturgies illusoires: « Appelez à haute voix (bekol gadol) car c’est un dieu ! »

Sans doute ce dieu est –il occupé à des affaires plus importantes ! A moins qu’il ne se soit accordé, qui sait, un petit somme dont il finira bien par s’éveiller ! Face à ce défi les prophètes de Baâl s’adonnent à une liturgie encore plus violente et sanglante, paroxysmique.

Ils tailladent le corps d’où leur sang ruisselle, sans cesser d’invoquer leur divinité, et cela jusqu’au milieu de l’après midi. Cependant, toujours point de réponse ni aucune marque d’attention.

C’est le moment décisif. Elie demande au peuple, à tout le peuple (col haâm) de bien vouloir s’approcher de lui (guéchou élay). Et le peuple dans son entier s’approche de lui.

Elie commence par rétablir symboliquement et matériellement l’autel de Dieu, jusqu’alors démantelé. Ensuite il réunit un ensemble de douze pierres représentant également les douze fils de Jacob, nommé à présent Israël, de ce nom transcendant que chaque Bnei Israël doit assumer personnellement.

Après quoi, il dispose les éléments du sacrifice proprement dit et fait entourer l’autel d’une tranchée. Sur le taureau sacrificiel il fait verser par trois fois quatre cruches d’eau, par quoi se retrouve la symbolique du douze. Cette eau est versée en abondance au point d’emplir la tranchée.

Et c’est au moment précis de la prière de minh’a, qu’Elie en appele au Dieu d’Israël « Réponds moi, Seigneur ! Réponds moi et que le peuple sache que tu es l’Eternel Dieu (Hachem Haélohim) et toi tu les ramèneras leur cœur à son origine (ah’oranit) ».

Et cette fois la réponse de Dieu survient sous la forme d’un feu qui consume le taureau sacrificiel, le bois, les pierres et la terre avant d’assécher toute l’eau de la tranchée. Enthousiasmé, le peuple exulte et proclame son adhésion élective en en redoublant l’expression: « L’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu ».

Peut on affirmer alors qu’Elie a « gagné », qu’il est sorti vainqueur de cette épreuve divine, de cette ordalie? La réponse est moins évidente qu’il ne le semble. Pourquoi?

Précisément parce que nous ne sommes plus immédiatement après la Sortie d’Egypte, alors que le peuple était encore tout imbibé, si l’on peut dire, de mentalité et d’habitudes idolâtres. Des siècles et des siècles se sont écoulés et il semble que le travail spirituel soit sans cesse à reprendre depuis le début (ah’oranit), tant s’avèrent lourdes les propensions idolâtriques.

Version biblique du mythe de Sisyphe? En partie mais surtout enseignement profond sur ce que signifie cheminer dans l’Histoire avec ce que celle-ci exige de patience, de lucidité, d’endurance et de fermeté spirituelle.

 JForum.fr avec raphaeldrai.wordpress.com

 

Ce cours est dédié à la Mémoire de notre chère maman Hafsa Bat Messaouda z’l 16 Adar- 5765

PARASHATH KI TISSA 5785

Le texte commence par l’injonction de dénombrer le peuple au moyen de l’offrande de la part de chaque homme de 20 à 60 ans d’un demi-shekel c’est-à-dire qu’en comptant toutes ces pièces d’un demi-shekel on saura exactement le nombre de personnes vivant dans le camp et ayant participé au don.

Pour cela D. a employé le verbe élever: לשאת (lasset) qui a d’autres significations liées l’une à l’autre de manière plus large parfois.
לשאת signifie donc élever mais aussi, porter (un fardeau) et aussi épouser! Quel est le lien ? Lorsqu’on porte un fardeau, on commence par l’élever du sol pour le soulever encore et le mettre sur son dos ou sur l’épaule et quel est le lien entre ceci et épouser ? C’est que lorsqu’on « prend femme » on décide de prendre sa charge, de la prendre en charge.
Lorsque D. demande à Moïse d’élever la tête de chacun des membres du peuple c’est qu’en comptant chaque pièce on élève chaque homme adulte au rang de personne, d’être humain et non pas d’esclave mais d’être libre et l’on retrouve ce caractère humain dans le verbe לשאת car il y a aussi un sens caché : en inversant les lettres de la racine נשא on obtient le mot אנש ou énosh = humain. Le verbe לשאת est un verbe dont la racine comporte une lettre défective : le noun et donc lorsque le noun apparaît la racine est composée d’un noun, sine, et alef.
La plupart des mots issus de cette racine concernent les humains ainsi le prince se dit נשיא (nassi) et il a une fonction des plus élevées, lorsqu’un homme consacre une femme pour qu’elle devienne son épouse, le mariage est נישואין c’est élever la femme à un rôle digne et élevé, et non pas, pour en faire juste une compagne pour la chair uniquement.
Et ces fonctions n’existent que pour les humains. Le dénombrement pour des êtres humains ne se fait pas comme on dénombre des objets ou des animaux mais de manière digne en élevant la tête de chacun dit la Torah.

Caroline Elishéva REBOUH

JForum.fr 

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