Lla philosophie politique nous enseigne que le pire ennemi de la démocratie c’est la démocratie elle-même. L’histoire nous montre qu’elle est capable de développer en elle les germes de sa propre destruction. Plusieurs dangers menacent la démocratie, hormis celui de voter au suffrage universel son abolition, comme cela est déjà arrivé par le passé. La démagogie aidant, les démocraties sont parfois ébranlées par des vagues populistes et « radicalistes » en période de crise.

Les élections en France, puis en Grèce et en Serbie en sont la preuve récente.

Le déni de confiance à l’égard de la classe politique et des institutions est probablement une des causes principales de cette remise en question.

Le pilier le plus solide d’une démocratie est sans aucun doute l’adéquation de son système politique aux aspirations, à la mentalité, et à la nature de la nation qu’il sert.

La démocratie américaine semble adaptée à la manière dont le peuple américain appréhende la politique.

Le régime constitutionnel anglais semble lui aussi correspondre à l’esprit britannique.

En France, le général De Gaulle a instauré une dimension monarchique au régime de la cinquième république, et la droite comme la gauche semblent s’en accommoder depuis 1958.

La jeune démocratie israélienne dont le régime parlementaire se fonde essentiellement sur la représentation proportionnelle traverse depuis des années une crise majeure que de nombreux dirigeants ont identifié mais n’ont pas été en mesure de résoudre. Le jeu des équilibres et des coalitions n’a jamais permis à la Knesset de modifier ses propres règles et on le comprend facilement, car aucun parti n’a vocation à se suicider politiquement. Pourtant ces tactiques de survie ont montré leurs limites et on ne compte plus les partis disparus depuis trente ans en Israël. La plupart des mandatures ne sont pas arrivées à leur terme et régulièrement les échéances électorales sont avancées.

Plusieurs anciens ministres ont été et sont impliqués dans des affaires de corruption. L’opinion publique se désintéresse de plus en plus de la politique.

La démocratie israélienne a besoin d’un changement en profondeur.

Alors que la Knesset avait déjà voté l’avancée des prochaines élections, les deux grands partis ont signé avant-hier un accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, avec une coalition comprenant 96 des 120 députés la Knesset.

La presse a présenté cet accord inattendu comme une brillante manœuvre politique de Netanyahou, mais aussi comme l’enterrement du parti Kadima par son nouveau chef Shaul Mofaz.

Le gouvernement israélien a, aujourd’hui, l’opportunité unique de réformer le système politique et d’assurer la pérennité de l’unique démocratie du Proche-Orient.

Si les mois à venir venaient à montrer qu’il ne s’agissait que d’une lamentable magouille politicienne, les risques pour l’avenir du pays seraient énormes et j’ose espérer que nos dirigeants mesurent l’immense responsabilité qui est la leur.

Chronique du 10 mai 2012

Yoh Het Beyyaar 5772

Michaël Bar-Zvi

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Armand Maruani

Israël est le meilleur exemple de cette bêtise . Envoyer des députés arabes antisionistes à la Knesseth , des traitres qui collaborent avec le hamas et qui ont soutenu les flottilles pour Gaza . Je ne parle même pas des prisons 4 étoiles pour les criminels qui coûtent une fortune à Israël , quand on voit le régime dont a subi le pauvre Gilad et la torture infligée à ses parents . Il faut que tout cela cesse , ce n’est plus de la démocratie , c’est suicidaire et de la connerie .

Leoo

Malheureusement les discours de ce type sont maintenant monnaie courante. Ils ne font pas avancer d’un pouce la cause qu’ils prétendent défendre.

1) Le postulat selon lequel l’histoire enseigne quelque chose est contestable. On peut au contraire très sérieusement soutenir que l’histoire n’enseigne rien à quiconque. Dans ce cas l’histoire ne montre rien. Il y a des faits historiques. Chacun/e en tire les conclusions qu’il/elle veut.

2) Dire « L’histoire nous montre qu’elle est capable de développer en elle les germes de sa propre destruction » est une lecture parmi d’autres. On peut soutenir exactement le contraire et vous trouvez un discours messianique tout aussi possible.

3) « La philosophie politique nous enseigne que le pire ennemi de la démocratie c’est la démocratie elle-même »: c’est réduire la philosophie politique à bien peu de choses. C’est très exactement instrumentaliser la philosophie au besoin politique, ce que les premiers philosophes avaient très bien compris.

4) Les « menaces » pesant sur la démocratie: la formule est trompeuse car elle laisse entendre que la démocratie existe et est déjà constituée. Quel que soit le système retenu, dans les pays cités dans l’article ou dans d’autres pays, il n’est pas démocratique dans l’absolu, mais démocratique relativement à une dictature ou à un système totalitaire. Donc un peu plus démocratique. Un pays dans lequel règne une certaine liberté d’expression et dans lequel les citoyens sont appelés à voter une fois tous les x années (et dans lequel ce qui se passe ensuite ne les regardent pas) est certainement plus démocratique qu’une dictature. Cela étant, aujourd’hui, en termes de budget, rappelons qu’au niveau de la planète, les empires commerciaux multinationaux pèsent {{davantage}} que les Etats.

Les menaces ont de tout temps pesé et continuent de peser {{sur la liberté}}.

5) Je ne connais pas de critère permettant de dire que le système israélien est meilleur ou pire que le système français. Je ne comprends pas ce que signifie une phrase comme « Le pilier le plus solide d’une démocratie est sans aucun doute l’adéquation de son système politique aux aspirations, à la mentalité, et à la nature de la nation qu’il sert. » Cela rappelle l’un des sophistes de la République de Platon. Comme s’il y avait unanimité des aspirations, des mentalités, etc. De même les phrases
« La démocratie américaine semble adaptée à la manière dont le peuple américain appréhende la politique »
et
« Le régime constitutionnel anglais semble lui aussi correspondre à l’esprit britannique. »
n’ont aucun sens.

paulopoc

Il ne faut pas être philisophe ni grand clecq pour comprendre que même la démocratie doit avoir des frontières qui ne peuvent être franchies pour justement la préserver. La formule  » la démocratie est malade de sa démocratie » n’est pas nouvelle, car elle permet à des extrémistes de libérer une parole qui lui porte atteinte. La question serait : peut-on être démocrate avec des gens, des états qui ne le sont pas ?
Poser la question, c’est déja donner la réponse.
Paulopoc

jankel

Il y a 45 ans déjà que je prône la destruction du système de suffrage universel absurde et débile dont vous faite la critique d’évidence, et de carrière politique par l’Unicité de législature et retour à la société civile; avec désignation, non de Candidats, nécessairement Narcissiques et carriétristes, par le Tirage au Sort (comme celui des Jurés d’Assises)des éléments les plus compétents de de la Société civile….L’AAdministration de haut Ranh n’ayant absolmument pas à occuper de postes « politiques »…
Tous les autres arguments sont nuls et non avaenus car en effet aucun carriériste ne transformera de lui-même un CDI de 50 ans en CDDde 5 ans?…..