Le New York Times publie des idées fausses qu’il transforme en vérités « pures »

 

Plus de deux mille ans avant que les ancêtres de n’importe quel rédacteur en chef du New York Times (NYT) – autres les premiers autochtones – ne vivent en Amérique, le peuple juif existait déjà et possédait sa propre langue, sa culture et sa religion sophistiquées. C’est encore vrai aujourd’hui. Le peuple juif a des racinres fortes et profondes. La compréhension qu’en a le NYT est, cependant, extrêmement superficielle, si ce n’est inexistante. Bien pire encore, il nie le droit à l’autodétermination des Juifs à s’appeler un peuple.

Durant ces vacances du Nouvel An Juif ( Rosh Hashana), le NYT a publié un article en première page, intitulé : « Le Ministère de l’Education rouvre un dossier accusant des individus de discrimination envers des Etudiants juifs[1]« . Cet article attaque une décision de Kenneth L. Marcus, le Vice-Secrétaire à l’Education pour les droits civiques de rouvrir un dossier d’antisémitisme à l’Université Rutgers.

Kenneth L. Marcus, le responsable du département de l’éducation qui a rouvert l’affaire contre Rutgers, est « un opposant de longue date à la cause des droits des Palestiniens » (sic. NYT). CréditCréditSusan Walsh / Associated Press

Le NYT a prétendu que le Département américain à l’Enseignement a adopté une conception du Judaïsme comme s’agissant d’une ethnicité et, de ce fait, fait sienne ce qu »il appelle une « définition hautement contestée de l’antisémitisme », qui comprend la condamnation de la « négation du droit à l’autodétermination du peule juif », par exemple, en « prétendant que l’existence d’un Etat d’Israël est une entreprise raciste » et en « appliquant des normes à deux vitesses qui exigent d’Israël un comportement qu’on n’exige d’aucune autre nation démocratique ».

Il ressort clairement de cet article que le NYT ne considère pas l’existence d’un peuple palestinien comme contestable. Pourtant, il n’y avait même pas une telle nationalité il y a soixante ans. Les Arabes, au cours du Mandat Britannique et après 1948, sous la férule jordanienne et égyptienne, en Judée-Samarie et à Gaza, respectivement, se percevaient comme appartenant , soit à leurs tribus, soit à une nation arabe internationalisée, soit encore aux deux.

L’autodétermination, selon le NYT – un soit-disant quotidien « progressiste » – semble convenir aux Palestiniens, mais pas aux Juifs. De tels double-standards sont une marque de fabrique caractéristique de l’antisémitisme. Ce que le NYT appelle « une définition hautement contestée de l’antisémitisme » est, au contraire, la définition de travail  largement acceptée de cette incitation à la haine sur le plan mondial, selon l’Alliance Internationale pour la Mémoire de la Shoah (IHRA)[2].

Son approbation a exigé l’accord de  trente et une nations démocratiques occidentales, représentées à son bureau directeur. C’était aussi spécifiquement adapté à l’usage interne, par un certain nombre de nations et de nombreuses institutions du monde occidental. En outre, on peut trouver cette définition sur le site internet du Département d’Etat américain[3].

Ira Stoll, un ancien rédacteur en chef de Forward, a découvert qu’en deux autres occasions, le NYT a décrit cette même définition comme « internationalement acceptée[4]« .

L’organisation observatoire des médias américains, CAMERA, révèle les distorsions anti-israéliennes du NYT depuis fort longtemps. J’ai interviewé deux analystes principaux de Camera, Ricky Hollander et Gilead Ini. Ils ont corédigé une étude majeure sur la couverture inique du NYT du conflit palestino-israélien.

Hollander et Ini disent : « Le New Yok Times est coupable de parti-pris journalistique. Autant sa page éditoriale que ses reportages d’actualité reposent essentiellement sur un point de vue antisioniste. C’est en nette infraction avec ses directives formelles aux journalistes dans le manuel du Journalisme éthique, de « couvrir les actualités de façon aussi impartiale que possible » et de « dire à nos lecteurs la vérité complète et sans fard, de la meilleure façon que nous puissions l’apprendre et la transmettre[5]« .

Réagissant à l’article sur le dossier Rutgers, Hollander et Ini ont souligné plusieurs expressions utilisées par les journalistes du NYT, qui sont largement identiques à celles employées par les organisations pro-palestiniennes les plus virulentes en matière d’anti-israélisme[6].

Ce serait une erreur de concevoir l’opposition du NYT et de plusieurs autres médias dont le Los Angeles Times [7]  à l’ouverture du dossier Rutgers comme une question isolée. Marcus, qui est avocat, dispose d’une longue expérience et d’une connaissance en profondeur à propos de l’antisémitisme comme mode de discrimination. C’est le fondateur  et l’ancien président du Centre Louis Brandeis pour les Droits de l’Homme et la Loi à Washington.

Cette organisation a plaidé contre l’antisémitisme classique et l’anti-israélisme sur les campus américains. Quand Marcus a été confirmé à son poste par le Sénat en juin 2018, aucun démocrate n’a voté pour lui[8].

Quand j’ai interviewé Marcus ne 2013, il m’a dit : « Il y a un paradoxe essentiel au cœur de la résurgence actuelle de l’antisémitisme sur les campus. Les universités devraient être des centres de raison et de tolérance, pourtant, aux Etats-Unis, ils constituent la source principale d’antisémitisme et d’anti-israélisme[9]« . Marcus a été à l’origine d’une campagne réussie visant à coinvaincre l’Administration Obama que le Département américain de la Division des Droits Civiques au sein du Département de la Justice devait protéger les Juifs,les Sikhs, et les membres d’autres groupes qui ont des caractéristiques à la fois religieuses et ancestrales.

Une grande diversité de départements cd’enseignement dans les universités des Etats-Unis illustrent à quel point le libéralisme zélé favorise une dégradation sur le plan académique. En beaucoup d’endroits, les idéologues se sont emparés de sujets qui sont des sujets de connaissance savante, de par leur nature. Il y a, par exemple, une énorme différence entre l’environnementalisme radical et la connaissance environnementale, entre l’analyse de l’Islam et la propagande arabe et entre les études de genre et le fanatisme féministe. Tout ceci se déroule à l’encontre d’une pratique fréquente de la culture médiévale, d’isolement des universités du reste de la société en général, grâce à l’auto-régulation par une faible administration. La titularisation est encore un autre outil protecteur pour une sorte de caricature d’érudition.

Marcus représente une menace potentielle pour ceux qui produisent un discours de haine répandu sur les terrains fertiles de reproduction académiques. Les points mentionnés ci-dessus nécessitent d’être envisagés quand on se demande pourquoi la réouverture d’un dossier d’antisémitisme à Rutgers obtient autant de publicité dans les principaux médias américains

Par Manfred Gerstenfeld

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Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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[1] www.nytimes.com/2018/09/11/us/politics/rutgers-jewish-education-civil-rights.html

[2] www.holocaustremembrance.com/working-definition-antisemitism

[3] www.state.gov/s/rga/resources/267538.htm

[4] www.algemeiner.com/category/commentary/opinion/

[5] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/15413

[6] www.camera.org/article/for-jewish-new-year-ny-times-attacks-an-opponent-of-anti-semitism/

[7] www.latimes.com/opinion/editorials/la-ed-trump-antisemitism-20180915-story.html

[8] www.timesofisrael.com/senate-approves-controversial-jewish-rights-activist-for-top-civil-rights-post/

[9] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/14153

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