Jared Kushner sera t-il  le bienvenu à Jérusalem?

On avait presque oublié le fameux plan de paix américain. Le deal du siècle comme on aime à l’évoquer dans l’entourage de Donald Trump. Un Donald Trump qui soudain a plongé dans le registre des dirigeants dont on doit se méfier pour cause d’erreurs stratégiques graves au Proche-Orient. L’abandon par Washington suite au retrait des forces américaines du nord de la Syrie qui ont laissé la place à la Russie de Poutine et au dictateur turc Recep Tayyip Erdogan, inquiète fortement Israël.

En opérant un retrait impromptu des soldats américains de la Syrie dont la présence avait force symbolique et stratégique pour l’équilibre sécuritaire de cette région, Donald Trump a porté atteinte à l’opportunité de la publication de son deal du siècle. Les partenaires régionaux sont dégrisés devant les conséquences de l’entrée des forces turques en Syrie et des victimes kurdes.

Washington doit s’expliquer devant les images affligeantes de l’exil pour des milliers de femmes, d’enfants et de vieillards lancés sur les routes qui fuient les bombardements et les chars turcs. On ignore à ce stade dans quelle mesure l’accord de cessez-le-feu obtenu par les États-Unis pourra entraîner une solution stable pour l’existence des Kurdes dans cette région de la Syrie.

Et puis voilà que le gendre et conseiller spécial de Donald Trump réapparaît dans un moment qui n’est peut -être pas le plus propice à la révélation du contenu d’un plan qui a tellement tardé qu’on a fini par l’oublier.

Un mauvais timing diplomatique et politique pour un Moyen-Orient qui n’en finit pas de voir se succéder les menaces de guerre.

La politique de  »L ‘America First »de Trump a entraîné de gros dégâts en ce qui concerne la confiance dans les États- Unis perçus comme le paratonnerre de l’occident et le gardien de l’équilibre du monde.

L’abandon du nord de la Syrie par les forces américaines suivies de l’entrée des troupes turques dans un secteur contrôlé par les Kurdes anciens partenaires de Washington contre les forces djihadistes a engendré des doutes quant aux intentions véritables du commandement américain.

Les supputations vont bon train. Les partisans de Donald Trump en Israel, laissent entendre que Trump a un plan secret pour confondre à la fois les Iraniens et les Turcs qui pourraient se neutraliser mutuellement, une confrontation Shiites – Sunnites. Ce qui semble relever plus de l’espoir que de la réalité actuelle. L’avenir dira si les calculs savants qu’on  prête au locataire de la Maison Blanche ont un réel contenu.

En attendant sans jouer les prophètes, le retrait américain qui prend l’apparence d’une trahison a bouleversé la confiance des alliés formels ou de cœur des États – Unis. L’Arabie Saoudite chasse gardée de Washington regarde désormais vers la Russie de Poutine, lequel s’est vu dérouler le tapis rouge dernièrement en visite officielle à Ryad. C’est le moment choisi par Jared Kushner pour venir prochainement à Jérusalem. Pas vraiment le  créneau  idéal, celui où l’envoyé américain devrait assister  sans doute au renoncement de Netanyahou à former un gouvernement.

Netanyahou un partenaire de marque et influent, longtemps espèré par Donald Trump pour défendre le plan.

Kushner qui a pris la mesure de ce timing compliqué a prévu de rencontrer Benny Gantz auquel le président devrait confier la charge de réussir là ou Netanyahou a échoué. Ce sera une ultime tentative de constituer ce gouvernement si nécessaire à Israël et pour le moment introuvable, sans doute un gouvernement minoritaire selon les évaluations des médias israéliens.

Si la visite de Kushner se déroule comme prévu, l’envoyé de Donald Trump rencontrera Benny Gantz pour la première fois. L’administration Trump misait clairement sur Netanyahou, elle s’était abstenue de discuter jusqu’à présent avec le leader de Bleu Blanc, mais le vent a tourné pour Netanyahou et l’attitude de l’administration américaine s’est modifiée en conséquence.

Le mois dernier, quelques jours à peine après les élections, lorsqu’il apparaissait que Netanyahou ne disposait pas d’une majorité suffisante pour conduire une fois de plus les affaires de l’État d’Israël. L’ancien émissaire de Trump pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt et l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, ont décidé de la nécessité de rencontrer Gantz.

En attendant l’ambassadeur des Etats- Unis en Israël, David Friedman a voulu ajouter une page au dossier et tester la réactivité israélienne dans le contexte actuel concernant le plan de paix américain.

Friedman a lancé quelques phrases qu’il a voulu rassurantes pour la droite israélienne, lors d’une interview à l’occasion des fêtes de Souccot, il a déclaré  » Le plan de paix de l’administration américaine n’appellera pas à l’évacuation d’un seul résident d’implantation ». L’ambassadeur a qualifié l’évacuation de résidents d’implantations de   »Processus inhumain », confirmant que le plan de paix ne l’envisagerait pas.

Toutefois la droite Israélienne ne devrait trouver aucun réconfort dans cette déclaration de principe après que la crédibilité de Donald Trump, un des leaders mondiaux les plus imprévisibles ait été entamée par son brusque abandon des Kurdes en Syrie.

Un geste considéré jusque dans le camp républicain aux Etats- Unis, comme un cadeau à Erdogan et surtout à Poutine dont l’influence est de plus en plus constatée. Le chef de file de la majorité républicaine au Sénat américain Mitch McConnell quand à lui, a qualifié de  »Cauchemard stratégique » la décision du président Donald Trump de retirer les forces américaines de Syrie.

Poutine  n’hésite plus  à affirmer que la Russie pourrait remplacer le rôle des États- Unis, comme médiateur et pacificateur de la région, une mission autrefois réservée  à Washington.

Toutefois les ambitions de la Russie auront une limite naturelle, car revendiquer le rôle de médiateur et de pacificateur exige d’être une puissance économique capable d’apporter ses ressources à un règlement de paix, comme les Etats-Unis l’ont démontré dans le passé.

La Russie de Poutine est bien loin de cette situation,elle ne pourra finaliser aucun accord de pacification sans le soutien américain. Washington en préparation de son plan de paix annoncé, avait pris la précaution d’encourager  une conférence économique en Arabie Saoudite, capable de mobiliser des milliards de dollars destinés à changer avant tout, la réalité économique de la région.

La prospérité économique  étant un des moteurs essentiels de la paix.

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Bonaparte

Rappel des 3  » NON  » de khartoum .

1967 septembre : Sommet de Khartoum, les trois « non » de la Ligue arabe

Suite à la guerre des six jours, les dirigeants arabes se réunissent à Khartoum du 29 aout au 1er septembre 1967 pour s’accorder sur une ligne politique commune face à Israël. Seuls l’Algérie et la Syrie refusent de se rendre à la rencontre.
La Ligue arabe évoque mais ne choisit pas l’outil de l’embargo pétrolier comme elle le fera après la guerre de 1973. Elle choisit de financer les pays (Égypte et Jordanie) qui ont supporté directement le conflit et ses conséquences.
Le régime Wahabite de Ryad, soucieux de Jérusalem depuis qu’il a repris par la force les lieux saints de Médine et la Mecque aux Hachémites, décide de redoubler d’efforts contre Israël avec qui il n’a pas pourtant de contentieux réel, ni frontières communes
 La résolution finale de Khartoum réaffirme alors l’unité du monde arabe qui s’engage à « liquider les séquelles de la guerre » et à récupérer les territoires occupés. Son troisième point proclame la « non reconnaissance d’Israël, le refus de la reconnaissance de cet Etat et de la négociation avec lui et la réaffirmation des droits du peuple palestinien sur son pays ».1

La troisième résolution (il y en sept) expose la politique de la ligue arabe, ce qui sera appelé « les trois non de Khartoum » : refus de la paix, pas de reconnaissance, pas de négociation
« Les chefs d’État arabes sont convenus d’unir leurs efforts politiques aux niveaux international et diplomatique pour éliminer les effets de l’agression et assurer le retrait des forces israéliennes agressives des territoires arabes occupés depuis l’agression du 5 juin.. Cela se fera dans le cadre des grands principes auxquels les États arabes se conforment, à savoir, pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d’Israël, pas de négociations avec lui, et l’insistance sur les droits du peuple palestinien dans leur propre pays. »

La solidarité arabe connait son premier accroc lors du vote de la résolution n°242 en novembre de la même année, qui prévoit la possibilité d’une paix avec Israël en échange de(s) territoires lors de la guerre des six jours .

Alors  » OUI  » ou  » NON  » ,

Encore beaucoup de chemin .

Jg

Heureusement il y a Macron ,digne successeur de ses illustres prédécesseurs .
Lâcher ses amis vous dites ? Trump n est pas l imposteur de l Elysée !