Le Hezbollah face à un tournant stratégique après une série d’attaques dévastatrices
Le Hezbollah se trouve à un moment critique de son histoire militaire après avoir subi des pertes conséquentes lors d’une explosion récente qui a touché environ 2 800 membres de l’organisation. Cet incident, causé par l’explosion de dispositifs de communication fournis par le groupe, soulève de nombreuses questions sur la sécurité interne du Hezbollah et la vulnérabilité de ses opérations.
Pour répondre à cet événement majeur, le Hezbollah doit gérer trois tâches simultanées. Tout d’abord, il s’agit de comprendre l’ampleur des dégâts, tant parmi ses membres que parmi les civils touchés. Ensuite, le groupe doit mener une enquête de renseignement pour déterminer comment l’ennemi a pu infiltrer ses rangs avec de tels dispositifs, échappant à toute détection. Enfin, et peut-être le plus crucial, le Hezbollah doit envisager une riposte pour restaurer son image et celle de son dirigeant, Hassan Nasrallah, dont l’autorité a été gravement mise en cause.
Le Hezbollah accuse Israël d’être responsable de cette attaque, un conflit qui s’inscrit dans le cadre d’une guerre prolongée entre les deux ennemis historiques. Le groupe continue de mener des attaques quotidiennes contre Israël, incluant des tirs de missiles et des attaques de drones, tout en établissant une zone tampon à la frontière israélienne. Cependant, si l’accusation contre Israël se confirme, cela pourrait pousser Nasrallah et ses conseillers militaires à reconsidérer leur stratégie globale dans cette guerre asymétrique.
Nasrallah a réaffirmé son soutien au Hamas et sa détermination à ne pas cesser les hostilités tant qu’Israël n’aura pas mis fin à ses opérations dans la bande de Gaza. Le Hezbollah se positionne ainsi comme un acteur clé pour forcer Israël à disperser ses forces militaires, créant un front nord incertain qui pourrait dégénérer en un conflit de plus grande envergure.
Malgré l’ampleur de cet incident, il est peu probable que le Hezbollah change immédiatement de cap. Nasrallah n’a pas encore subi suffisamment de pertes pour envisager une révision radicale de sa politique militaire. Le soutien constant de l’Iran et sa forte influence sur la communauté chiite du Liban lui permettent de maintenir son effort de guerre. De plus, tant qu’Israël évite de cibler directement les infrastructures étatiques libanaises, le Hezbollah peut continuer ses opérations sans craindre de déstabilisation interne immédiate.
Même si Nasrallah n’envisage pas une guerre totale contre Israël à court terme, des représailles sévères semblent inévitables. Des informations du Shin Bet ont récemment révélé que le Hezbollah planifiait une attaque contre un ancien haut responsable israélien, utilisant une méthode similaire à celle employée lors de l’attentat manqué de septembre 2023 à Tel-Aviv. Ce genre de révélations met en lumière les capacités offensives du Hezbollah, qui pourrait utiliser ces ressources pour frapper Israël en réponse à l’attaque qu’il vient de subir.
Malgré la dissuasion mutuelle entre Israël et le Hezbollah, il est clair que les tensions restent à un niveau élevé. Israël, de son côté, continue de perfectionner ses capacités de renseignement pour anticiper et contrer les plans de vengeance du Hezbollah, comme il l’a démontré lors de l’attaque du 25 août dernier. Toutefois, une escalade majeure semble encore évitée pour le moment, les deux camps préférant éviter une guerre ouverte tout en multipliant les actions de déstabilisation.
Le Hezbollah se trouve à un point charnière de son histoire militaire. L’ampleur des pertes humaines et matérielles subies lors de cette attaque pourrait forcer l’organisation à réévaluer sa stratégie à long terme. Cependant, tant que Nasrallah pourra compter sur le soutien de l’Iran et sur la passivité des autorités libanaises face à ses actions, il est peu probable que le Hezbollah change de cap de manière significative. Le Liban, quant à lui, reste pris au piège entre les ambitions de l’organisation et le risque d’un conflit prolongé avec Israël.
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