A Cachan, dans le Val-de-Marne, ses anciens camarades se souviennent de lui comme d’un jeune homme « drôle », volontiers « taquin », et « pas spécialement courageux ». Salim Benghalem est aujourd’hui soupçonné d’être un des principaux geôliers de l’Etat islamique (EI). Le 23 juillet, une information judiciaire a été ouverte par la section anti-terroriste du parquet de Paris pour enlèvement et séquestration visant Mehdi Nemmouche, Salim Benghalem « et tous autres ». Ces deux ressortissants français ont été identifiés parmi le groupe de djihadistes francophones chargés de surveiller les quatre journalistes français – Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres – gardés en otage par l’EI entre juin 2013 et avril 2014.

La présence dans les geôles de l’EI de Mehdi Nemmouche, l’auteur présumé du quadruple assassinat du 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles, avait été révélée par Le Monde en septembre 2014. Selon nos informations, il était en réalité encadré dans ses basses œuvres par un Français bien plus important au sein de la hiérarchie de l’EI : Salim Benghalem, 35 ans, compagnon d’armes des frères Kouachi et connu des services de renseignement depuis près de cinq ans. Ces deux djihadistes auraient gardé en binôme les quatre otages français dans une prison d’Alep sur une période de six mois, entre juillet et décembre 2013.

Mehdi Nemmouche a été décrit par les témoignages des anciens otages comme un exécutant de base au tempérament brutal, qui semblait se servir de son engagement djihadiste pour assouvir sa soif de notoriété – il rêvait qu’un épisode de Faites entrer l’accuser, son émission préférée, lui soit consacré. Son supérieur hiérarchique, Salim Benghalem, apparaît lui comme un professionnel aguerri du djihad ayant patiemment gravi les échelons de l’EI. « Quand Nemmouche cognait, c’est Benghalem qui posait les questions », précise une source proche du dossier.

Une ascension fulgurante dans la hiérarchie de l’EI

Une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) permet de mesurer l’ascension de cet ancien petit délinquant de Cachan dans l’organigramme de l’EI : Salim Benghalem « ferait actuellement partie de la police islamique de l’EI et participerait aux exécutions et châtiments corporels administrés aux personnes jugées par leurs soins ». Une autre note précise qu’il a occupé « les fonctions de bourreau au sein du Tribunal Islamique à proximité d’Al Bara [près d’Alep], où il aurait déjà exécuté une sentence de mort ». Une information corroborée par le département d’Etat américain, qui l’a placé en septembre 2014 dans sa liste des dix « Specially Designated Global Terrorists » – désignant les personnes les plus dangereuses aux yeux de Washington – pour avoir participé à des exécutions.

Salim Benghalem n’est pas uniquement soupçonné d’être un geôlier. Il est également visé dans la procédure du 23 juillet pour « provocation à commettre des actes de terrorisme », en raison de son apparition dans une vidéo de propagande diffusée le 12 février 2015. Dans ce « reportage » tourné sous la contrainte par un otage britannique, John Cantlie, un djihadiste français, identifié comme étant Benghalem, se félicite à visage découvert des attentats commis en janvier à Paris par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, dont il a croisé la route quelques années plus tôt. Il y exhorte ses « frères » en France à devenir des « loups solitaires » et à combattre les mécréants : « Tuez-les avec des couteaux, crachez-leur au minimum à la figure, mais désavouez-vous d’eux. »

L’ascension fulgurante de Benghalem au sein de la hiérarchie de l’EI est un cas d’école pour les services de renseignement, qui n’ont pas su interpréter le parcours initiatique de cet ancien délinquant, radicalisé sur le tard…

Le Monde.fr

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