Analyse: La question n’est pas de savoir si la nouvelle administration américaine devrait s’en tenir à l’accord sur nucléaire iranien ou bien le déclarer caduc. Il faudrait plutôt faire en sorte de conserver les acquis de cet accord, en tout cas dans un proche avenir, et de corriger les failles stratégiques qu’il contient, sur le long terme. Israël a maintenant une deuxième chance pour influencer la politique américaine sur cette question.

L’examen d’une stratégie adaptée vis-à-vis de l’Iran est à portée de main, et il est temps de choisir entre des solutions plus sophistiquées que «pour» ou «contre» l’accord nucléaire. C’est aussi une occasion pour Israël de corriger les échecs de sa conduite au cours de l’été 2015.


Au cours de la campagne électorale, Trump s’est opposé ouvertement à l’accord nucléaire, menaçant de «rompre» l’accord. Mais lors des audiences du Sénat, les membres de sa nouvelle administration ont exprimé une opinion plus modérée.

Le général James Mattis, nommé secrétaire de la défense,  a soutenu que, bien que l’accord ne soit pas satisfaisant, les États-Unis devaient respecter leurs engagements. Le secrétaire d’Etat désigné et le directeur de la CIA ont souligné les lacunes de l’accord, mais se sont engagés à surveiller étroitement sa mise en œuvre et à ne pas prendre de mesures pour l’annuler.

L’objectif est de veiller à ce que les termes de l’accord sont bien respectés et de développer des stratégies efficaces sur le long terme.

Une annulation immédiate de l’accord pourrait isoler les Etats-Unis de leurs alliés qui sont favorables à cet accord et aller à l’encontre des acquis obtenus grâce aux pressions qui ont conduit l’Iran à accepter l’accord. Imposer des sanctions internationales efficaces et garder une option militaire valide sur la table, serait plus productif. Même s’il serait logique d’annuler cet accord, il serait préférable d’attendre une bonne occasion pour le faire. Une violation iranienne significative de l’accord par exemple ou bien attendre que l’Iran franchisse une ligne rouge dans sa politique régionale d’une quelconque manière.

À court terme, l’accord présente certains avantages. Il a retardé la réalisation d’une bombe, de plusieurs mois à un an, tout en permettant de surveiller certains points du programme nucléaire de l’Iran.

Néanmoins, l’accord pose deux problèmes: il laisse à l’Iran les mains libres pour développer des capacités militaires dans les domaines non nucléaire, et lui permet dans la seconde moitié de la période de l’accord de développer un programme nucléaire légitime, avancé et illimité En outre, l’accord ne prévoit aucune restriction sur le programme iranien de missiles, qui est essentiel pour la construction d’une capacité nucléaire opérationnelle.

D’un point de vue global, il serait erroné d’abandonner les acquis de l’accord, en particulier au cours des premières années, avant que les principales restrictions sur le programme nucléaire ne deviennent invalides. En même temps, il serait erroné de permettre au régime totalitaire Iranien d’atteindre des capacités nucléaires avancées qui seront rendues possibles dans les dernières années de l’accord.

Avec l’arrivée de la nouvelle administration, Israël a une deuxième chance d’influencer la politique américaine qui a trait à ce programme nucléaire iranien, une opportunité d’action conjointe contre l’Iran, et la possibilité de mettre sur pied un accord parallèle israélo-américain, visant à changer de stratégie sans violer l’accord.

Tout d’abord, les deux pays doivent s’entendre sur une nouvelle ligne rouge que l’Iran devrait ne pas franchir, et le faire savoir. Alors que l’administration Obama était d’avis qu’il ne fallait pas intervenir tant que l’Iran n’essayerait pas de produire concrètement une arme nucléaire, Israël devrait œuvrer afin d’influencer l’administration Trump, pour qu’elle sévisse impitoyablement, à toute velléité iranienne de violations de l’accord.

Deuxièmement, les deux alliés doivent s’entendre sur le système de renseignement à utiliser pour mettre à jour les violations iraniennes, et prévoir quelles seraient les réponses à donner en cas de violation. Il est également nécessaire que l’Etat hébreu s’entende avec les États-Unis pour que l’option militaire d’Israël soit à nouveau sur la table en dernier recours, afin d’empêcher un Iran nucléaire.

Enfin, Washington et Jérusalem doivent élaborer un plan d’action contre le soutien iranien aux organisations terroristes dans la région et appliquer la résolution 2231 de l’ONU qui interdit à l’Iran de développer le programme militaire impliquant des missiles balistiques pouvant être équipés d’ogives nucléaires.

Dans le cadre des tentatives visant à restaurer les relations entre Israël et les États-Unis, il est urgent de mettre en place une stratégie qui rétablira le pouvoir dissuasif de l’Iran et l’empêchera de tirer parti des failles que renferme l’accord nucléaire. Si la dissuasion et la diplomatie échouent, le partenariat américano-israélien sera déterminant pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire.

Amos Yadlin est directeur de l’Institut d’études sur la sécurité nationale de l’Université de Tel-Aviv (INSS), qui tiendra la conférence internationale Strategic Assessment for Israel la semaine prochaine

Amos Yadlin|Published:  20.01.17 , 23:38

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carcassonne

Que l’Iran prenne la raclée de leur vie, car pourquoi avoir l’arme nucléaire ? sont-ils menacés, par je ne sais quel pays, certainement pas, c’est pour détruire Israel, alors qu’Israel a été attaqué de toute part par les nations arabes, il est normal qu’ils aient l’arme nucléaire.