«L’Allemagne, comme la France, est débordée face aux attaques imprévisibles»

Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme.(DR.)
Propos recueillis par Charles Sapin

Un camion a foncé lundi soir sur un marché de Noël à Berlin, faisant au moins 12 morts et 48 blessés. Jean-Charles Brisard, expert en terrorisme, rappelle que «l’Allemagne fait partie avec la Belgique et la France du trio de tête des pays les plus menacés par le terrorisme».

L‘Allemagne a été frappée lundi soir par une attaque meurtrière sur un marché de Noël à Berlin. Le pays «déjoue chaque semaine des attentats», souligne Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme et enseignant à l’Institut d’études politiques de Strasbourg.

Quelle est la réalité de la menace terroriste en Allemagne ?

Jean-Charles Brisard. L’Allemagne fait partie avec la Belgique et la France du trio de tête des pays les plus menacés par le terrorisme, et ce depuis plusieurs années. Elle est régulièrement visée, notamment par les canaux de la propagande officielle de l’organisation Etat islamique, 800 Allemands ont rejoint les théâtres d’opérations terroristes, cette année seulement. Le pays a d’ailleurs été frappé à quatre reprises récemment, à Hanovre, à Ansbach et à Hambourg notamment. L’Allemagne déjoue chaque semaine des attentats. Mais à l’instar de la France, elle est débordée face à des attaques imprévisibles.

Pour quelle raison est-elle ciblée ?

Le moteur est le même qu’en France. C’est un pays qui mène une lutte sans répit contre l’organisation terroriste Etat islamique. Certains ressortissants allemands, partis combattre en Syrie, sont de retour avec comme projet de commettre des violences. Les autorités allemandes ont récemment interpellé deux d’entre eux. Quand l’organisation Etat islamique planifie des attentats à Paris, elle planifie également des attaques dans d’autres pays de l’Union européenne.

Lors de périodes de fêtes comme Noël, la menace est-elle encore accrue ?

Ces périodes ont une très importante valeur symbolique, qui assure aux terroristes une très forte exposition médiatique. La menace est dès lors d’autant plus importante.

Des arrestations de djihadistes ont eu lieu récemment à Strasbourg et à Marseille. Comment se fait-il que la menace ne baisse pas ?

Ces arrestations constituent autant d’attaques déjouées. On compte une trentaine d’attentats évités depuis 2013, 17 cette année, sachant que plus de la moitié l’ont été depuis novembre. Mais, effectivement, la menace ne baisse pas. La propagande de l’Etat islamique s’accélère même et incite ses sympathisants à frapper sur le territoire dont ils sont ressortissants. Les actions militaires contre l’organisation Etat islamique sur la ville de Mossoul constituent un frein certain au recrutement sur place. Il est dès lors commandé aux combattants de fomenter des attaques dans leurs pays.

De nombreuses mesures ont été prises en France comme en Allemagne. Que faire de plus ?

Il faut les mettre vraiment en oeuvre. Il y a de grandes marges de progression dans la coopération des forces européennes pour le contrôle aux frontières et en termes d’échange d’informations. Beaucoup de terroristes ont pu entrer en Europe en profitant des flux migratoires. La superstructure européenne fait prendre du retard car elle implique pour chaque décision une intervention de la Commission, du Parlement et du Conseil européens. Tout cela prend énormément de temps.

>Faits divers|Propos recueillis par Charles Sapin|20 décembre 2016, 7h00 | MAJ : 20 décembre 2016, 8h58|

leparisien.fr

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
blum

Les propos convenus, de J. CH. Brisard ne sont pas très convainquants.
En 1995, quand il y a eu les sanglants attentats de Paris, il n’y avait pas Daesh, ni al Qaida, ni les autres factions de l’islam aussi intolérantes entre elles, que tueuses de m écréants en général. Les tueurs ( et sympathisants( étaient DEJA  » FRANCAIS »: Kelkal, vous vous souvenez?
Il y a eu Mera: même acabit.
Par opportunisme, fausse repentance ( pour la colonisation), par intérêt personnel (se créer un électorat reconnaissant pour avoir reçu des logements sociaux , accompagnés de prestations sociales à jet continu), par volonté de créer une société multiculturelle — sans avoir soumis pareil projet à un referendum— dont nos gouvernants se tiennent à l’écart, comme de la peste, ceux-ci ne sont pas à la veille de régler les attaques terroristes plus que « prévisibles ».
JUSTEMENT : au flash info de Radio classique, 19h, ce soir, j’entendais que Hollande avait fait ARRETER PREVENTIVEMENT des gars susceptibles de commettre des attentats.
Les djihadistes, ils les connaissent, les entretiennent, les logent ( avec nos impôts); ils ne les mettent surtout pas en prison pour les actes de délinquance déjà commis: il ne faut tout de même pas les stigmatiser.