La victoire de Netanyahou aux élections est nette et ressemble à celle d’un boxeur acculé dans les cordes pendant toute la durée d’un combat et qui finit par mettre son adversaire K.O à la dernière minute. Les sondages, les médias, les conseillers stratégiques annonçaient une défaite ou au mieux un résultat de parité, y compris après la fermeture des bureaux de vote.

L’analyse des résultats définitifs sera intéressante pour les politologues, mais d’ores et déjà on peut tirer quelques conclusions, à part l’échec évident des instituts de sondage que les électeurs ont volontairement bluffé. La première est la nécessité de changer ou au moins d’améliorer le système électoral. En effet, en accordant un score élevé aux deux principaux partis, les électeurs ont adressé un message clair, à savoir qu’ils préfèrent donner leurs suffrages à des partis de gouvernement et non à des partis sectoriels.

Deux ou trois réformes pourraient permettre d’atténuer les effets pervers du système : augmenter un peu plus le seuil d’éligibilité, car en passant de 3,25% à 5 ou 6% on réduirait le nombre de partis et donc le nombre de voix perdues, qui s’élève à plus de 200.000.

L’autre changement possible serait de limiter le nombre de mandats à la tête du gouvernement à deux, soit huit ans et le troisième amendement serait de décréter que le chef de la liste qui obtient le plus de sièges soit automatiquement désigné pour former la coalition gouvernementale.

Ces quelques propositions pourraient modifier la donne politique actuelle. Elles permettraient d’éviter que chaque scrutin ne devienne à chaque fois une sorte de référendum. Et c’est là le second enseignement de cette élection, le choix stratégique des partis d’opposition, principalement l’Union sioniste d’Herzog et Livni, mais aussi Yech Atid de Lapid, de focaliser la campagne sur la personnalité de Netanyahou s’est retournée contre eux comme un boomerang, car il lui a permis de rassembler les voix de la droite et de récupérer des suffrages dans l’électorat des partis alliés.

Le troisième enseignement concerne la manière dont se construit en Israël l’identité politique des citoyens, qui n’est pas seulement idéologique, mais trouve ses racines dans les origines ethnico-culturelles, les histoires familiales, les blessures sociales, les liens avec les traditions communautaires, la relation au sacré, l’image des élites, et le caractère disons un peu tribal des appartenances.

L’opposition a voulu centrer la campagne sur les problèmes économiques et sociaux, sur la précarité des quartiers de la périphérie, la vie chère ou la crise du logement, en rendant logiquement le gouvernement responsable de cette situation. Or les couches populaires qui souffrent sans doute le plus de ces difficultés ont voté massivement pour Netanyahou.

Tant que l’opposition n’aura pas compris les raisons de ce phénomène socio-politique et tant qu’elle n’aura pas trouvé la personne qui peut briser ce modèle, elle ne sera pas en mesure de proposer une alternative au pouvoir en place.

bar_zvi

Chronique de Michaël Bar-Zvi | Kaf Het be Adar 5775 -19 mars 2015

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Benabenja

Hello, apres lecture de cet article, je peux dire que je ne partage l’avis de son auteur en aucun point de reforme qu’il suggere pour le system electoral Israelien. Je pense que ses points se referent a un Jacobinisme bien pendu et encre dans de nombreux Francais, surtout dans la classe politique.

Augmenter le seuil d’elegibilite? Laisser parler la democratie! Donner le choix au gens pour s’exprimer et etre represente par les gens qu’ils admirent, qui leur ressemblent et non pas seulement par ceux qui rassemblent le plus. Il y a de nombreux partis a la Knesset, c’est tres bien, c’est un signe de democratie saine. Le seuil a deja ete augmente et a empeche le parti d’Elie Yshai d’etre represente, par exemple. Rappelez-vous aussi qu’il n’y a pas de second tour en Israel. Ce qui fait que beaucoup de gens ne sont pas representes au parlement au plus on augment ces seuils.

Limiter a deux termes? Si un candidat est de grande qualite, vous voudriez le limiter a deux mandats? Pourquoi? Pour le remplacer ensuite par un moins bon et faire different? Parce qu’en France c’est comme ca? Ca tient du ridicule.

Faire appeler obligatoirement la liste avec le plus de siges a forcement rassembler un gouvernement? Quel avantage? Laissons le jeu des parlementations, des affiliations, reconciliations se faire. Si les autres listes, moindres, peuvent rassembler plus d’elus en un bloc, pourquoi laisserait-on la liste avec plus de sieges former le gouvernement? Ca serait une entrave a la liberte, ce que les Francais comme Mr Bar-Zvi sont particulierement friands.

Merci mais le dirigisme a la Francaise, on en veut pas!

arie

Il est bien tofu ce troisième enseignement!
Je pense simplement qu’un noyau d’Israéliens hiloniim est incapable de concevoir l’entité Am Israël. Pour eux, Israel est un pays occidental à part entière dont les frontières spirituelles et physiques s’arrêtent au goush dan. Cela leur permet d’oblitérer les défis existentiels (ainsi 3000 ans d’histoire) au profit de défis mondain comme le prix lu fromage blanc. Evidemment, lorsque l’histoire commence en 48 et que tout relief métaphysique est aplani; les choix sont simples.

Am Israël est resté fort malgré les implications de leur choix et les défis terrifiants qui se profilent.