La force d’Israël dans l’union nationale

La dernière campagne électorale est enfin derrière nous et ses résultats prouvent que la société israélienne est bien divisée et déchirée entre laïcs et religieux, entre Juifs et Arabes, entre la région de Tel-Aviv et celle de Jérusalem, du centre du pays à la périphérie.

Le déchirement n’est plus entre la Gauche et la Droite car la gauche idéologique est moribonde et ne représente aujourd’hui qu’une dizaine de députés seulement.

Triste aussi de constater que le parti socialiste, fondateur de l’Etat d’Israël, a obtenu la moitié des sièges que la minorité arabe possède actuellement. Tous les efforts de l’ancien Premier ministre et chef d’état-major, Ehoud Barak, ont été voués à un échec cuisant et très humiliant.

Selon les résultats officiels des élections, la majorité des Israéliens se positionne en réalité au Centre-Droit. Certes, le parti Kahol-Lavan est en avance de deux sièges sur le Likoud avec 33 députés sur 120, et le président Rivlin demandera à Gantz d’essayer de former une coalition. Toutefois, le parti arabe pourra uniquement lui offrir un « filet de sécurité » provisoire tout en demeurant dans l’opposition.

Quant à Avigdor Liberman, il continue sans scrupule à jouer le maître chanteur, à faire la pluie et le beau temps en manipulant avec caprices et brusques humeurs. Il serait capable de se joindre à Gantz comme avec Nétanyahou.

Gantz, Nétanyahou et Rivlin à la cérémonie en mémoire de Rabin, le 19 septembre 2019 (Ben-Gershon/GPO)

Nous retournons donc au point de départ, à la même situation intenable des résultats des premières élections du mois d’avril 2019 avec, en plus, un gaspillage incalculable d’argent du contribuable et d’énormes dépenses inutiles.

Une fois encore nous plongeons dans une crise gouvernementale sans issue tangible car la mise en examen de Nétanyahou risque aussi de brouiller toutes les cartes.

Toutes les acrobaties du chef du Likoud et son acharnement à s’accrocher à la tête du gouvernement avec un bloc de droite minoritaire ne pourra non plus résister à court terme.

Un troisième round serait également inadmissible car le peuple israélien est fatigué, épuisé et lassé de la politique politicienne.

De certains leaders scotchés à leurs sièges, de blancs-becs prétendants à gouverner sans aucune expérience ou de vaniteux jeunes loups se contentant de signes menteurs.

Un code de conduite et une responsabilité certaine pour les affaires de l’Etat ne devraient-ils pas prévaloir sur les caprices de chacun et les intérêts personnels ?

Devant ce casse-tête et ce charivari politique, le Président Rivlin est le seul à pouvoir sortir le pays de l’impasse.

Dans ce nouveau cul-de-sac, il détient toutes les cartes. D’ailleurs, il a bien raison de s’atteler, en priorité, à former un gouvernement d’union nationale.

En 1984, le Président de l’époque, Haïm Herzog, avait réussi cette ingrate tâche dans un contexte plus compliqué et beaucoup plus grave.

C’est bien le vœu aujourd’hui de la majorité des Israéliens et de la diaspora juive, car malgré et en dépit de toutes les divergences, la force militaire, économique et spirituelle est ancrée dans la fraternité, l’alliance et l’union. Cette approche n’est point naïve et pourra s’épanouir par une volonté politique de fer de la part de tous les acteurs.

Bien que pour l’heure les chances soient minimes, et les opposants à Nétanyahou omniprésents au sein de l’opposition et surtout dans les articles de presse, nous pensons que sur un échiquier complexe comme le nôtre, et dans un Proche-Orient en pleine turbulences, et surtout à la veille d’un nouveau plan de paix américain, il est préférable que les deux grands partis mettent leurs querelles aux vestiaires.

Nous constatons que la partie de bras de fer entre Nétanyahou et Gantz est nuisible et profite à nos ennemis. Leur bataille est actuellement inutile et devrait cesser sur le champ.

Les deux leaders devraient penser sérieusement et sincèrement comment gérer tous les problèmes sécuritaires et socio-économiques en cours, et surtout à l’avenir des générations futures.

Former ensemble un gouvernement solide d’union nationale, capable de réformer dans tous les domaines, changer enfin le système électoral, relever les grands défis et prendre des décisions sages et audacieuses.

La composition de la 22e Knesset (infographie Mathieu Gallard)

Toutefois, si cette tentative échoue, eh bien, nul ne doute que Nétanyahou poursuivra ses efforts jusqu’au bout malgré sa mise en examen. Il pourra par exemple, persuader le parti travailliste-Guesher de se joindre à sa coalition en lui offrant avec générosité des portefeuilles sociaux-économiques.

Il tentera de créer la zizanie au sein du parti Kahol-Lavan en provoquant le départ de frondeurs.

Rappelons que ce nouveau parti a été créé récemment et uniquement pour sanctionner Nétanyahou et précipiter son départ de l’arène politique. Ce parti a été formé de toutes pièces, à la dernière minute et sans primaires. Il présente trois factions différentes dirigées par des anciens généraux et une ancienne vedette de la télévision.

En revanche, il est probable aussi que certains membres des partis ultra-orthodoxes (17 députés à la Knesset), décideront un jour de passer vers le camp Gantz. Tout est donc possible en politique, et les tractations pourront se poursuivent de nombreuses semaines encore. Rien n’est joué donc, et jusqu’à nouvel ordre Nétanyahou continuera à assumer ses fonctions de Premier ministre et de ministre de la Défense.

Enfin et malgré toutes les incertitudes à l’horizon, nous souhaitons à la veille de la nouvelle année hébraïque : une excellente Shana Tova.

Freddy Eytan

Le CAPE de Jérusalem

 

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