Les quatre nouveaux juges sélectionnés mercredi prêteront serment au cours des six prochains mois. Israël aura alors un tribunal dont les interventions dans le législatif seront plus restreintes. Son ingérence dans les décisions de la Knesset et du gouvernement et plus «favorable» à l’ordre du jour de la droite israélienne.

Les quatre nouveaux juges élus sont : Yosef Elron, George Karra, Yael Vilner and David Mintz

L’Etat d’Israël a franchi une étape importante mercredi en vue de la mise en œuvre d’un changement culturel, gouvernemental et moral. Il s’agit d’un mouvement drastique, orchestré par la ministre de la Justice Ayelet Shaked (Bayit Yehudi) et la présidente de l’Association du Barreau d’Israël Efi Naveh. L’objectif est de diriger la Cour suprême sur un chemin différent qui restreindra la « révolution constitutionnelle » de l’ancien juge Aharon Barak. Plus prudente elle ne pourra plus entraver les décisions de la Knesset aussi aisément. Plus important encore, cela facilitera une «compréhension» de l’ordre du courant sioniste religieux.

En coulisses, la juge en chef Miriam Naor mène une bataille impressionnante depuis ces derniers mois pour préserver l’image et la composition de la Cour suprême. Elle a cherché à préserver la manière dont elle est gérée et s’est renforcée depuis l’établissement de l’Etat.

En coulisses, Naor a reçu le soutien de certains juges de la Cour suprême, dirigés par la juge en chef désignée, Esther Hayut, qui s’est avérée être une personnalité assez agressive.

Tandis que Naor prendra sa retraite dans environ six mois, Hayut sera celle qui restera avec les nouveaux juges sélectionnés. Naor ne peut pas prétendre que cela ne l’affecte pas.

La Cour suprême opère dans un environnement qui a changé au cours de la dernière décennie. Ses juges inébranlables, représentaient autrefois une citadelle imprenable et elle s’est imposée comme une institution avec des lignes de front bien définies. Elle était une cible de choix des politiciens la considérant comme une institution d’élite qui devait être éradiquée et limitée à un rôle de représentation.


La ministre de la Justice Ayelet Shaked (R) et la juge en chef Miriam Naor (Photo: Gil Yohanan)

C’est dans ce climat, que Naor a été contrainte de gérer la sélection et le remplacement de quatre juges – environ un quart de la composition de la Cour suprême.

Naor était contre la ministre de la Justice Shaked qui appartient au courant idéologique de la droite qui ne veut pas renoncer à un seul poste gouvernemental. Dès qu’elle a été nommée, Shaked a annoncé son intention de s’attaquer à la Cour suprême pour l’aligner davantage avec la ligne conservatrice des sionistes de droite, favorables aux implantations.

Elle a commencé par faire entrer Efi Naveh dans l’arène, lui confiant la tâche de faire passer l’Association du Barreau d’Israël de corps passif sous l’emprise de la Cour suprême, en un corps actif, dominant, indépendant et influent, qui a servi de médiateur entre Naor et Shaked, tout en construisant une alliance avec le ministre des Finances, Moshe Kahlon, membre du Comité de sélection judiciaire.

Sur le papier, la sélection de mercredi marque une victoire pour la ligne conservatrice de Shaked. Mais l’expérience montre que lorsqu’un juge accède à la place la plus importante dans le système juridique, il lui arrive de retourner sa veste..

Bien qu’il soit entendu que chaque juge demeure indépendant, que la seule chose qu’il ait à craindre, c’est la loi, qu’il est indépendant, devant adhérer à un système général de valeurs et se préserver de penchants idéologiques arbitraires, la vérité est que quand un juge est en compagnie d’autrui, il est également exposé à des influences, des arguments et des pressions que l’on peut vouloir exercer sur lui. D’autre part, les relations du point de vue la Cour suprême sont considérées comme excellentes. Il n’y aurait pas de camps et pas de pressions.

Néanmoins, le fait que la retenue et la tendance conservatrice de la Cour suprême aient été une tendance continue pendant une décennie ne doit pas être dissimulé. Parallèlement à leurs décisions courageuses, les juges de la Cour suprême ne vivent pas dans une bulle. Ils entendent les appels politiques, sont sensibles aux tendances et sont bien conscients qu’un « scud » sera tiré sur la cour, chaque fois que les politiciens seront mécontents de ses décisions.

Ils entendent les voix qui cherchent à réduire leur autorité et à nuire à leur indépendance. Ils sont constamment contraints d’aller à contre-courant de l’opinion publique.

Ainsi, les conséquences de ce qui s’est passé mercredi dépendront finalement du choix qui sera fait par la société israélienne et le monde politique: voudront-ils une Cour suprême indépendante, dotée de valeurs libérales démocratiques ou d’une cour faible qui n’ira que dans le sens de l’opinion publique qui se fera le plus entendre, plutôt que de servir la justice de la façon la plus exigeante et plus rigoureuse qui soit.  Au vu ce que nous avons vu ces dernières années, il n’y a aucune raison d’être optimiste.

Tova Tzimuki | Publié: 23.02.17, 12:21

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Ratfucker

L’ego des juges de la Cour Suprême les a conduits à remplacer l’état de droit par un gouvernement des juges empiétant sur le pouvoir législatif et entravant l’exécutif. Une dérive que la France connaît bien : c’est la soif de pouvoir des parlements des provinces françaises qui a décidé la monarchie à convoquer les Etats Généraux, et à enclencher le processus de la Révolution de 1789.

ISRAELI Yeoshoua

je comprend pas très bien  » la droite, la gauche, le centre mais qui donc dirige Israël ? les usa, l’Europe, la Russie, les arabes ou bien le peuple juif ?

Danielle

Il faudrait tout remettre à plat et savoir comment et pourquoi une Cour Suprême fonctionne au détriment du peuple ?
On demande simplement à cette Cour une objectivité et pour cela il faut une composition de juges hétérogènes, de droite de gauche religieux et non-religieux.
Et au fait comment se fait-il que jusqu’à ce jour Israël n’a pas de constitution ?

Ephraïm

@ Danielle
Israël n’a pas de constitution s’inscrivant dans le concept des nations tel que vous l’entendez mais si , Israël a une constitution reçue sur le Mont Sinaï qui attend que TOUT le Peuple revenu à sa souveraineté sur sa Terre soit mûr pour l’appliquer ad hoc . Pour le reste de votre question , l’intervenant ci-dessous du nom de Yacotito vous a donné la réponse exacte . Cordialement Ephraïm , Jérusalem .

ofra

En 1993, la Cour Suprême d’Israël a condamné un rescapé de la shoah contre un criminel nazi. Si, si, c’est arrivé à Noah Klieger, il l’écrit dans ses mémoires intitulé : plus d’un tour dans ma vie. Alors ce changement d’orientation est sûrement une bonne chose.

Ixiane

Cette cour a trop de pouvoirs ! bientôt le Pays n’aura plus besoin de gouvernement …. la cour suprême gère le pays !!! Elle va démolir peu à peu les maisons juives en JUDEE SAMARIE …
Heureusement que AYELET SHAKED existe , il reste un espoir !!!

David Bentata

En dehors des limites d’Israël dans lesquelles toutes les lois s’appliquent , la Cour Suprême n’aurait jamais dû intervenir : seuls la justice militaire et le gouvernement sont compétents.
Sous la directon d’Aaron Barak elle s’est tout permis!

yacotito

Ils sont constamment contraints d’aller à contre-courant de l’opinion publique.

C’est surprenant pour une democratie: le gouvernement elu par le peuple vote une loi, la cour supreme la casse parce qu’elle a d’autres idées. Est-ce vraiment un fonctionnement democratique ou est-ce plutot une tyrannie de quelques personnes qui s’estiment détenir la vérité et qui pense que le peuple est idiot.
La difference de verdicts dans des situations identiques de conflits entre juifs et musulmans les fait voir comme plus nuisibles qu’utiles à Israel.

Il faudrait que le gouvernement fasse un referendum pour legitimer une diminution de pouvoir de cet officine de gauche