Kfar Saba, est une ville prospère de 107 000 habitants, située à quelques 20 minutes de Tel Aviv, qui affiche depuis un an, son ambition d’atteindre le zéro déchets. Itay Tsachar, vice-directeur général de ce «pôle vert», explique que le zéro déchet est un état d’esprit qui conjugue le zéro déchets au zéro gaspi. Tout récemment, à l’occasion d’une visite de la ville organisée pour une délégation internationale, les personnalités venues d’Afrique qui y prenaient part, lui ont avoué que le concept de «gaspillage» leur était étranger. Quand on est frappé par la pauvreté on ne jette pas les vêtements, ni les jouets, parce qu’on s’en est lassé, ni les écrans d’ordinateur.

En Israël en revanche, les poubelles débordent de nourriture, de jouets et d’appareils électroniques démodés de toutes sortes. Le traitement des déchets engloutit une grande partie d’un budget municipal. Aux dires de M. Tsachar, Kfar Saba recycle déjà 40% de ses déchets, ce qui représente probablement le pourcentage le plus élevé parmi les villes du pays. Par exemple, la plupart des déchets provenant des jardins de la ville sont traités et transformés en copeaux, compactés pour être ensuite répandus dans les espaces publics, afin d’éviter l’évaporation de l’eau d’arrosage et stopper la prolifération des mauvaises herbes. Les écrans des anciens ordinateurs sont recyclés, et leurs composants d’origine, sont tous réutilisés. 30% des déchets ménagers sont organiques. Kfar Saba les trie à la source en fournissant à chaque famille une poubelle de couleur brune, spécialement dédiée à leur recyclage. La ville est actuellement impliquée dans un projet pilote visant à transformer ces déchets en électricité et en compost, ce qui se traduira par une énorme économie du budget municipal.

Le recyclage n’est pas seulement essentiel à tout projet de développement durable. Il permet en outre de consacrer une plus grande part du budget municipal à l’éducation, par exemple, ou à l’aide sociale.

Le chemin jusqu’au zéro déchet, toutefois, est encore long. Ella Danon, chef du département de développement durable, affirme que seulement 20% des citoyens de Kfar Saba font l’effort de mettre leurs épluchures de bananes dans cette fameuse poubelle marron. Mais elle reste optimiste. “Même si nous ne trions qu’un cinquième de nos déchets organiques, l’économie que cela représente est déjà tout à fait conséquente », dit-elle, « et nous allons maintenant essayer de convaincre nos citoyens que les déchets pourraient aussi devenir une source de revenus. « En tout premier lieu il convient de changer les mentalités en faisant comprendre que si jeter un truc à la poubelle et le voir disparaitre de notre vue comme par magie, peut nous sembler le comble du progrès, c’est en fait tout le contraire. «L’élimination des déchets est chère, et nuit à notre environnement», ajoute-t-elle. « Ensemble nous pouvons changer les choses. »

Les couches jetables dans le collimateur

Qui ne s’est pas senti fondre en entendant les gazouillis d’un bébé, extasié en voyant grandir ce petit être, dont la capacité d’apprentissage dépasse de loin celle des adultes les plus brillants, en se disant quelle merveille de la nature. Mais ces bébés qui font notre bonheur, sont aussi des merveilles de petites usines de production de caca, qui polluent notre planète en moins de temps qu’il ne faut pour tirer une chasse d’eau, et qui ont déjà généré une tonne de déchets toxiques par tête, à l’âge de deux ans.

Car la vérité vraie, la voici. Une catastrophe écologique nous menace. Chaque couche jetable, qui plus est, souvent enveloppée dans un sac plastique lorsqu’on la jette à la poubelle, mettra plus de cinq cents ans à se décomposer. Quand les arrière-arrière-petits-enfants de votre arrière-petit-fils, de la 20e génération, iront siroter leur thé de la mi-journée sur Mars, la couche souillée de votre progéniture chérie sera encore en pleine décomposition dans une puanteur atroce, au fin fond d’une déchèterie, enfouie dans les sous-sols du Néguev. Dingue, non?

Avec les couches, on ne peut que jeter l’éponge. Aucune solution écologique de recyclage à l’horizon. Pas moyen de composter les produits chimiques, les déchets plastiques et toxiques pour les remettre en circulation. Le sol moyen de s’en débarrasser, et en apparence seulement, c’est de les enterrer profondément dans le sol. Hors de nos vues, mais pas hors d’état de nuire. Kfar Saba, par exemple, une ville pionnière en matière d’écologie, riche de quelque 3 500 bébés de moins de deux ans, rejette quelques 10 millions de couches par an aux ordures, qui viendront engorger nos sous-sols. Multipliez cela par le nombre de bébés que compte tout le pays, puis par le nombre de bébé que compte la planète. Non ne faites pas ce calcul votre esprit pourrait ne pas s’en remettre.

Le trou dans la couche d’ozone, les gaz à effet de serre à côté, sont les dommages collatéraux de l’évolution qui trouveront leur remède. Les couches culottes, elles, sont le fruit d’un mal irréparable. Et c’est sans compter ce qu’elles nous coûtent en taxe carbone, en frais de transport, pour être expédiées vers Israël, puis pour acheminer les 42 500 emballages en plastique de couches sales par jour en camion, vers les sites d’enfouissement du sud du pays, avec en prime, la charge financière que représentent les salaires des conducteurs et l’impôt sur les ordures ménagères.

Une petite révolution

Pourtant une solution existe. Tal Peled, jeune mère de famille, responsable de l’innovation et du développement au sein du département de développement durable de Kfar Saba, est en train d’élaborer un projet d’économie durable, qui va révolutionner la planète, à commencer par Kfar Saba, qui se targue déjà d’être la ville la plus écolo d’Israël. Une campagne s’invite actuellement sur les panneaux d’affichage municipaux et nos médias sociaux, dont le but est de sensibiliser les familles avec des bébés, en les incitant à venir chercher un cadeau pas ordinaire qui leur est offert gratuitement : trois couches ‘Charlie Banana’. Colorées, mignonnes, réutilisables. Elles permettront à ces parents nouvelles génération d’économiser de l’argent tout en faisant d’eux des pionniers en matière de sauvetage de l’environnement.

« Nombre d’entre eux trainent encore les pieds quand il s’agit de trier les déchets, c’est connu », concède Peled. « On préfèrent éviter de penser à leur impact sur l’environnement. Mais nous parions que dès qu’ils verront à quel point ces couches sont faciles d’utilisation, ils opteront pour leur utilisation. Et même si seulement 5% de la population les utilise, et rien qu’une ou deux fois par jour, cela permettra d’éviter déjà des tonnes de déchets. « 

Les couches réutilisables ont énormément évolué depuis l’époque où nos grand-mères faisaient bouillir des carrés de tissu dans des pots. Avec Charlie Banana et leur tissu antiadhésif, les déchets s’évacuent facilement dans les toilettes enveloppés dans une mince couche de papier recyclable, optionnelle et bon marché, à base de bambou ou de chanvre. Balancez ensuite la couche dans la machine à laver avec les autres vêtements et le tour est joué. Une fois séchées sur un étendoir ou dans un sèche-linge les voici à nouveau prêtes à l’emploi, et qui pourront servir encore pour les prochains frères et sœurs !

Outre les avantages pour l’environnement, les couches réutilisables permettent à une famille d’économiser environ 3 000 NIS par an. Elles sont également meilleures pour la peau fragile du bébé : fabriquées à partir de fibres naturelles, elles ne provoquent aucune irritation.

Selon Tsachar, Kfar Saba est la seule ville en Israël, et peut-être même au monde, qui n’utilise pas de produits chimiques pour lutter contre la prolifération des mauvaises herbes. Maintenant, c’est aussi la première ville au monde à promouvoir les couches réutilisables.

Peled a déjà en tête sa prochaine campagne de recyclage : pour des produits sanitaires pour les femmes, réutilisables.

Les tampons périodiques sont chers, et ne sont pas sans conséquences sur la santé des utilisatrices, sans compter qu’ils polluent les rivières et encombrent les sites d’enfouissement des déchets. « Mais je ne suis pas sûre que le public féminin soit déjà prêt pour ça », concède Danon, dans un sourire. « Mais petit à petit, à petit pas. »

En attendant, le petit pas de Kfar Saba est un pas de géant pour la planète.

Pamela Peled Jerusalem Post

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