Karl Marx et le complot juif : l’article qui dérange

Karl-Marx-Monument by Tobias Nordhausen(CC BY 2.0)

Voici un aspect peu reluisant de l’oeuvre de Karl Marx : son antisémitisme sans bornes.

 

Le deux poids deux mesures a encore de beaux jours devant lui en matière d’extrémisme politique, et malgré une barque plus que chargée Karl Marx bénéficie toujours d’une fascination de la part d’une partie de nos élites intellectuelles et politiques. À une époque où l’Union Européenne juge bon de « fêter » les 200 ans de Marx, il est toujours bon de relire Marx dans le texte. Les appels à l’élimination physique de ses cibles politiques ne sont même pas déguisés, et le Marx adepte de la dictature politique ne semble pas éclabousser le Marx philosophe ou économiste. S’il est faux de dire que Marx est responsable des dizaines de millions de morts des dictatures communistes, il est tout aussi naïf et factuellement erroné d’affirmer que ses écrits n’ont eu aucune influence sur ces massacres.

Toutefois ces aspects sont bien connus, sans doute beaucoup plus qu’un autre aspect peu reluisant de l’oeuvre de Karl Marx : son antisémitisme sans bornes. Dan Hannan l’évoquait dans un précédent billet, que j’aimerais compléter par quelques morceaux choisis d’un article publié par Marx le 4 janvier 1856 dans le New-York Daily Tribune. Comme on peut s’en douter cet article est souvent discrètement évincé des florilèges marxistes, mais avec quelques efforts on en retrouve la trace sur la toile.

Pour que le lecteur comprenne mieux le contexte des phrases suivantes, précisons que Karl Marx dénonce dans cet article le rôle joué par les financiers juifs de plusieurs pays européens dans la vente d’emprunts russes émis par le Tsar pour financer la Guerre de Crimée. Il s’en prend tour à tour à plusieurs familles juives impliquées dans l’industrie bancaire : Stern, Stieglitz, Rothschild, etc. pour dire tout le mal qu’il en pense. Les passages traduits ici sont les considérations plus générales sur les Juifs.

L’ANTISÉMITISME DE MARX

« Il y a un Juif derrière chaque tyran, tout comme il y a un Jésuite derrière chaque Pape. En réalité, les espoirs des oppresseurs seraient vains et la guerre pratiquement impossible s’il ne se trouvait quelque Jésuite pour endormir les consciences et quelque Juif pour faire les poches.

(…)

Hope inspirant le respect des plus éminents marchands de son époque, et Stieglitz faisant partie de la franc-maçonnerie juive, qui a toujours existé, ces deux pouvoirs combinés pour influencer tout à la fois les marchands les plus haut placés et les plus petits travailleurs, ont été mis au plus grand profit de la Russie.

(…)

Mais les Hope ne fournissent que le prestige de leur nom : le vrai travail est fait par les Juifs, et ne peut l’être que par eux, puisqu’ils monopolisent et maîtrisent tout l’appareil de prêt à intérêt. Ils concentrent en effet leurs énergies sur le commerce de titres financiers, ce qui fait qu’ils manipulent de grandes quantités de monnaies et de factures. Prenez Amsterdam par exemple, une cité qui abrite beaucoup des pires descendants des Juifs, (…) et où ils ne sont pas moins de 35.000, dont beaucoup sont impliqués dans les jeux d’argent ou la finance. Ici et là, dès qu’une somme d’argent cherche preneur, l’un de ces petits Juifs est là pour lui faire une suggestion et le placer. Le plus habile bandit de grand chemin des Abruzzes n’est pas mieux renseigné sur le contenu de la valise d’un voyageur que le Juif ne l’est sur le moindre capital disponible.

Ainsi ces emprunts qui sont une malédiction pour le peuple, une ruine pour leurs détenteurs, et un danger pour les gouvernements, sont une bénédiction pour les enfants de Judée. Cette organisation de financiers juifs (Marx désigne les juifs hollandais, ndr) est aussi dangereuse que les organisations aristocratiques de propriétaires terriens.

(…)

Ne nous croyons pas trop sévères envers cette gent de financiers. Le fait qu’il y a 1855 ans le Christ a chassé les marchands du Temple, et que les marchands contemporains engagés du côté de la tyrannie se trouvent être ces mêmes Juifs n’est peut-être rien de plus qu’une coïncidence historique. Les financiers juifs font seulement à une échelle plus large et plus insupportable ce que d’autres font à un niveau moins significatif. Mais c’est seulement parce que les Juifs sont si puissants qu’il est plus que temps de mettre à jour et de dénoncer leur organisation. »

MARX ET SES AMALGAMES DOUTEUX

On pourrait objecter que Marx s’attaque ici aux Juifs non pas pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils font. Cependant pour le lecteur attentif il est impossible d’ignorer que nulle part la distinction n’est établie, l’article étant à l’image de la pensée marxiste une suite de généralisations grossières et d’amalgames douteux. Au détour d’une phrase on devine que Marx tient particulièrement en horreur la religion (juive, en l’occurrence) qu’il reproche à certains financiers de pratiquer de manière très ostensible. Mais au total c’est bien à l’activité économique supposée de toute une catégorie de population qu’il s’en prend, sans jamais envisager l’idée que tous les Juifs de son époque ne sont pas des financiers, petits ou grands.

Mais alors, Karl Marx n’avait-t-il pas le droit comme tout un chacun de dénoncer une profession et ceux qui la pratiquent ? En tant que libéral nous serions tentés de répondre par la positive, mais le contexte importe. Si Marx n’a pas vécu assez longtemps pour assister au génocide des Juifs à partir de 1941, l’historien cultivé qu’il était ne pouvait ignorer les persécutions dont ils avaient été victimes à travers l’Histoire.

On peut d’autant moins en douter que l’article cité plus haut mentionne l’expulsion des Juifs d’Espagne puis du Portugal pour expliquer leur arrivée massive en Hollande. Étant donné que Karl Marx n’a jamais fait mystère de la nécessité d’une violence physique pouvant aller jusqu’à la mort pour combattre ses ennemis désignés, on peut difficilement lui pardonner ces diatribes haineuses dont ses héritiers intellectuels se font encore occasionnellement le relais.

DE LA NUANCE ET DU DÉBAT

Nul courant de pensée n’est exempt de contradictions occasionnelles de la part de ses chefs de file : à ce titre on cite souvent la collaboration de Milton Friedman avec le régime autoritaire de Pinochet au Chili, les positions pro-coloniales d’Alexis de Tocqueville concernant l’Algérie, ou plus récemment les positions de plus en plus violentes d’intellectuels encore qualifiés de libéraux, tels Hans-Hermann Hoppe.

Fort heureusement le mouvement libéral, dans sa grande majorité, a un sens de la nuance plus développé que le mouvement marxiste. Pas question ici de se diviser en deux camps : les amis de la liberté qui souscrivent à toutes les thèses des auteurs canoniques, et les traîtres qui osent s’en détacher ou émettre des critiques. Le libéralisme n’est pas une religion et ses défenseurs doivent éviter de se créer des idoles et de suivre aveuglément toutes leurs positions, surtout lorsque celles-ci contredisent des principes moraux fondamentaux.

Cela n’empêche pas de continuer à lire tous les auteurs et à apprécier leurs contributions respectives. À titre personnel je pense que tout n’est pas à jeter dans la pensée marxiste, et que son influence constante et durable devrait nous inspirer de l’humilité et nous questionner plus sérieusement sur ce qui peut faire son attrait dans le monde d’aujourd’hui. Si je ne vois rien à sauver dans les écrits économiques de Marx, je pense que son approche de la sociologie n’est pas sans intérêt. On peut relire Marx, en débattre, mais cela n’autorise pas à le glorifier en dépit de ses positions antisémites et de l’influence mortifère de sa pensée sur des régimes politiques les plus meurtriers du siècle passé.

Par Pierre Schweitzer.

Karl Marx et le complot juif : l’article qui dérange

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Marianne Munger

Dans la vie il est possible de ne pas exclure, mais de faire peut être pire, c’est-à-dire de mettre les personnes (comme c’est dit dans un des posts que j’ai lus ici) de les mettre à l’écart, de les marquer d’un sceau d’indignitié ! Un peu comme font les pseudos témoins de Jéhovah avec les adeptes qui ne filent pas droit.
Or c’est une calamité que d’agir ainsi; car les personnes mises au banc des sociétés qui refusent de les comprendre, (même de faire un pas pour mieux saisir leur manière de penser), ces personnes peuvent être amenées à s’ôter la vie (et je sais que cela arrive partout, dans n’importe quelle réligion, judaïsme y compris). Alors je dis que c’est d’une tristesse infinie. Mais allez faire comprendre ceci à des gens hyper endoctrinés qui ne le savent même pas, qui ne veulent d’ailleurs ou ne peuvent s’en rendre compte.

rachel

Je n’amalgame rien du tout : vous avez des juifs (bien que je suis votre raisonnement, je ne vois pas pourquoi dire hébreux changerait la vision de nos ennemis comme dit Marc, car nos ennemis verraient vite la supercherie) anti-judaïques et antisémites comme il vous plaît, comme vous avez des noirs anti-noirs (je me souviens d’une vieille femme noire lors de mes missions outre-mer qui voulait que tous ses enfants se marient tous avec des blancs afin de blanchir la race, me disait-elle), des asiatiques anti-asiatiques, etc…
Non, le souci chez les Juifs, dont l’appartenance à une communauté dépasse très largement le cadre de la religion et notamment à cause de la Shoah qui frappait TOUS LES juifs croyants et incroyants, de toutes nationalités, riches et pauvres, c’est qu’ils ne peuvent pas excommunier leurs membres comme les catholiques, les protestants, les musulmans parce que justement être juif, ce n’est pas uniquement et de loin, croire en Yahvé, Moïse, David, Salomon. Il est impossible, vous en conviendrez, d’exclure de la communauté juive tous les incroyants, donc à cause de ce principe, vous ne pouvez pas non plus exclure les anti-judaïques ou antisémites mais vous pouvez les dénoncer comme je le fais : faute de pouvoir les excommunier et les exclure, j’ai toujours pensé qu’il serait possible de les frapper d’INDIGNITE par une loi communautaire car ces anti-judaïques comme Karl Marx ou antisémites comme Edgar Morin sont les pourvoyeurs de la haine anti-juive.

David Belhassen

A Rachel. Voilà le grand piège sémantique dans lequel l’amalgame entre l’inné (l’appartenance ethnique au peuple hébreu) et l’acquis (l’adhésion à la religion-confession judaïque) nous a plongé !
Marx était un Hébreu de par son appartenance ethnique, et un anti-judaïque. Voilà comment il faut le présenter. La conversion des parents de Karl Marx ne change rien à leur identité ethnique hébreue, et ni non plus à celle de leur fils. Le jour où les judaïques sauront ne pas faire l’amalgame entre l’inné et l’acquis, beaucoup de l’eau au moulin qu’ils apportent à nos pires ennemis par cet amalgame imbécile, sera tarie.

rachel

Rectificatif : …elle rejettera…

rachel

Karl Marx, né en 1818, avait une mère juive qui rejetera le judaïsme et se fera baptiser dans le protestantisme en 1825 lorsqu’il avait 7 ans; son père juif s’était converti deux ans avant sa naissance en 1816. Le petit Karl a été élevé certainement dans la haine la plus vile des Juifs à une époque, le XIXéme siècle, où l’antijudaïsme était d’une virulence extrême et où les pogroms en Europe de l’Est, Centrale et en Russie étaient les plus barbares, les plus cruels et les plus monstrueux : il ne pouvait ignorer cela. C’est vrai qu’une fois devenu adulte, il s’est éloigné de la religion en général mais c’est sur les Juifs qu’ils tapaient le plus mêlant leur soi-disant appât du gain et le fait religieux or, je l’ai dit à plusieurs reprises que les seuls métiers que les juifs pouvaient exercer étaient ceux du commerce : les métiers de l’agriculture, les métiers de l’artisanat, les métiers d’avocat, de médecins, de la fonction publique leur étaient interdits alors il est logique qu’à travers les générations, ils aient excellé dans le commerce comme n’importe quel groupe atteint la perfection dans la branche professionnelle qu’il pratique de père en fils; ce n’est pas propre au peuple juif. La situation est la même aujourd’hui : quoique le Juif israëlien et de la diaspora fasse en bien, en moins bien , en mauvais, il est toujours condamné, honni, haï : on demande au peuple juif, peuple persécuté, chassé, torturé, exterminé à maintes reprises à travers les siècles comme on demande aux enfants battus et/ou violés par leurs parents pendant des années d’être les meilleurs des hommes et les meilleures des femmes alors que les individus et les Etats sont promptes à pardonner aux pires criminels et aux pires parents : C’EST DE LA FOLIE PURE car c’est l’inverse qui aurait et qui doit être.
Pour finir, je nous dirai : MEFIONS-NOUS GRANDEMENT DES TRAITRES, LES MARX D’AUJOURD’HUI, PARMI NOUS.

PS : Je parle des enfants battus et/ou violés : je connais le domaine ayant fait mon travail de fin d’études à l’Ecole d’Infirmières il y a environ quarante ans sur les enfants victime de maltraitances sexuelles; j’avais choisi ce sujet difficile, je pense, parce que j’avais assisté au viol de ma mère quand j’étais une petite fille de quatre ans et que je me sens toujours « coupable » d’avoir été témoin et victime à la fois.

Marc A

Perso, je préfère Groucho à Karl.

Eliezer

Marx est la véritable illustration du tohu et du bohu. Il ne peut être remis en cause puisque c’est l’idéal humaniste. Ses fausses prophéties ont devoyé et perverti le monde. Il aurait dû bien lire la Torah