Des membres de la gendarmerie et des forces de sécurité jordaniennes sont en état d’alerte alors que des manifestants scandent des slogans et brandissent un drapeau national lors d’une manifestation devant le bureau du Premier ministre dans la capitale Amman le 2 juin 2018. (AFP PHOTO / Khalil MAZRAAWI)

La Jordanie a de nouveau été le théâtre dans la nuit de samedi à dimanche de manifestations, les plus importantes en cinq ans, contre la hausse des prix et les impôts, dans un pays lourdement endetté qui s’est engagé à mener des réformes.

Les manifestations nocturnes ont eu lieu à Amman et dans d’autre villes du royaume, selon des correspondants de l’AFP. Elles ont lieu en plein ramadan, mois de jeûne musulman durant lequel la vie nocturne est traditionnellement plus animée.

Quelque 3 000 personnes ont ainsi manifesté samedi soir près des bureaux du Premier ministre, Hani Mulqi, dans le centre de la capitale, jusqu’à 03H30 (00H30 GMT) dimanche en dépit de strictes mesures de sécurité.

« Celui qui augmente les prix cherche à enflammer le pays », « Nous sommes le peuple, nous sommes la ligne rouge » ou encore « peuple souverain, patrie souveraine », ont scandé les manifestants arborant des drapeaux jordaniens et appelant au départ du Premier ministre.

Des centaines de manifestants sont également descendus dans les rues à Zarqa, Balqa (est), Maan, Karak (sud), Mafraq, Irbid et Jerash (nord).

Quelques heures auparavant, des négociations avaient échoué entre représentants des syndicats et M. Mulqi, qui a souligné après les discussions que le renvoi du projet de loi devant le Parlement « ne voulait pas forcément dire qu’il sera approuvé par l’Assemblée, qui est souveraine ».

Le président de la principale fédération syndicale, Ali al-Abbous, a dit avoir rappelé au Premier ministre que le « citoyen est épuisé par la hausse des prix et des impôts » et souligné que l’ « Etat doit garder son indépendance et ne pas se plier aux exigences du Fonds monétaire international (FMI).

Le FMI avait approuvé en 2016 une ligne de crédit de 723 millions de dollars sur trois ans pour le royaume. En contrepartie, ce dernier s’était engagé à mettre en place des réformes structurelles et à réduire progressivement sa dette publique à 77% du PIB d’ici 2021, contre 94% en 2015.

L’accueil de centaines de milliers de réfugiés syriens pèse lourdement sur l’économie de la Jordanie.

Le projet de loi fiscal a été présenté sur les recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Il prévoit une augmentation d’au moins 5 % des impôts pour les particuliers et impose désormais les personnes ayant un salaire annuel de 8 000 dinars (environ 9 700 euros). Les impôts des entreprises doivent eux augmenter de 20 à 40 %.

Au Parlement, ce projet de loi est toutefois loin de faire l’unanimité. Sur les 130 députés, 78 se sont dits opposés au texte qui, selon eux, ne sert pas les intérêts économiques et sociaux des Jordaniens.

Une première grande manifestation organisée par les syndicats s’est tenue mercredi, puis après l’annonce de l’entrée en vigueur jeudi d’augmentations des prix du carburant et de l’électricité. Cette dernière mesure a finalement été gelée.

« Nous voulons dire au gouvernement que le revenu du citoyen jordanien ne convient pas à une telle loi et qu’il est de notre droit de descendre dans la rue » pour protester, a expliqué à l’AFP Mohamed Chalabiyé, un employé de banque de 28 ans qui manifestait samedi soir devant les bureaux du Premier ministre.

Les forces de l’ordre ont empêché certains protestataires de s’approcher du bâtiment, en ayant parfois recours au gaz lacrymogène, selon des sites locaux d’information.

« Ce projet de loi est injuste », s’est indignée Lina Archidate, femme au foyer de 35 ans.

Depuis janvier, plusieurs hausses de prix ont été décidées en Jordanie notamment sur le pain, ainsi que des augmentations des taxes sur des produits de première nécessité.

Le roi Abdallah II de Jordanie lors d’une conférence de presse avec le président américain Donald Trump au Rose Garden à la Maison Blanche, le 5 avril 2017 (Crédit : AFP Photo / Brendan Smialowski)

Le roi Abdallah II a appelé samedi soir le gouvernement et le Parlement à « mener un dialogue national global et raisonnable à propos du projet de loi sur l’impôt », estimant « injuste que le citoyen paie seul les conséquences des réformes fiscales ».

Le président du Sénat Faysal al-Fayez a appelé à une « réunion de consultation » ce dimanche.

AFP

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