Israël va t-il créer une zone de sécurité au Sud de la Syrie?

Commentaire : à l’heure où la Turquie envoie des bandes djihadistes mercenaires reprendre aux Kurdes l’autonomie qu’ils se sont âprement créés en affrontant Daesh au corps-à-corps, depuis l’invasion de Kobané en octobre-décembre 2014, jusqu’à la libération de Manbij -et en se servant de ce prétexte, avec l’appui de Joe Biden, Vice-Président des Etats-Unis, dans une trahison dont les Etats-Unis ont le secret-, il est utile de se poser cette question qui hante les esprits depuis le début de cette guerre civile, il y a plus de cinq ans maintenant (mars 2011). Il convient aussi de s’interroger sur les différences de style, qui feraient que si Israël s’exécutait en ce sens, ce serait pour la plus grande autonomie des Druzes et autres minorités locales, et leur auto-organisation, à l’inverse symétrique de l’entreprise turque de démantèlement d’un peuple accédant à sa souveraineté et à son auto-gouvernement, comme les Kurdes de Rojava. 

Israeli soldiers from the 605 Combat Engineering Corps battalion take part in a training session on the Israeli side of the border between Syria and the Israeli-occupied Golan Heights June 1, 2016.REUTERS/Baz Ratner - RTX2F6VN
Des soldiers israéliens du 605ème Bataillion de combat du Corps Génie prennent part à une période de formation du côté israélien de la frontière entre la Syrie et le Hauteurs du Golan libérées par Israël, le 1 Juin 2016.REUTERS/Baz Ratner – RTX2F6VN

Cela a commencé en mai avec l’annonce de l’existence d’une Iunité de liaison israélienne chargée de se coordonner avec les habitants syriens vivants sur le territoire détenu par l’opposition, dans le sud de la Syrie, à la suite de la distribution de l’aide israélienne au cours du Ramadan, à travers 35 villages situés dans la même zone. Puis, le 11 juillet, l’armée israélienne a déployé plusieurs bulldozers et un tank à 300 mètres à l’intérieur du territoire syrien à Quneitra et a commencé à creuser, en menaçant de tirer sur quiconque tenterait de s’approcher. 

Malgré une politique officielle israélienne de non-engagement dans la guerre en Syrie — excepté en ce qui concerne les soins médicaux prodigués à plus de 2.000 Syriens, y compris des combattants appartenant à l’ex-Jubhat Al Nusra – certaines personnalités de l’opposition ayant des relations solides avec Israël ont confirmé à al Monitor un intérêt croissant dans la création d’une zone de sécurité dans le Sud de la Syrie. Les actions sur le terrain prouvent qu’un tel projet pourrait bien être déjà en cours. 

Kamal Al-Labwani, un personnage de l’opposition syrienne et  avocat acharné d’une zone de sécurité préservée en Syrie, a rendu visite à des responsables en Israël au cours des deux derniers jours, lors de sa dernière visite en février, il a remarqué une changement de tonalité très net dans les cercles décisionnaires israéliens. 

« J’ai été surpris qu’à la Knesset, ils puissent dire d’accord à une zone de s&curité, et que si nous en demandions une, ils étaient en tout cas, prêts à nous aider », a déclaré Labwani à al Monitor, ajoutant qu’il avait rencontré plusieurs responsables de haut-rang et diplomates  étrangers afin de faire progresser l’idée de zone de sécurité.

Conformément à cela, dans une rencontre avec l’ambassadeur américain en Israël, « Il m »a dit que les Américians ne diraient par non », déclare Labdwani, ajoutant que quand la proposition a été présentée au Premier Ministre Binyamin Netanyahu, « il n’a pas dit non ».

Selon Labwani, cette zone de sécurité proposée, et a priori approuvée par les Israéliens, est supposée s’étendre sur une bande de dix kilomètres de profondeur sur le territoire syrien et approximativement 20 kms le long de la frontière, en commençant juste ua sud d’Hader (un village druze pro-régime) jusqu’au sud de Quneitra, reliant 17 villages avec une population d’environ 15.000 personnes.

Il explique : « Les Israéliens affirment qu’ils pourraient utiliser la question de leur séurité nationale comme raison suffisante, face à la communauté internationale, en disant vouloir protéger leurs frontières. Puis les Jordaniens pourraient en faire autant, alors que les Turcs, pour leur part, ne soe sontpas gênés pour le faire (mercredi 24 août).

L’unité de liaison est apparu en peline lumière, en mai 2016, avec pour objectif de coordonner l’aide humanitaire et médicale pour les résidents du Sud de la Syrie, dans un effort pour gagner la bataille des coeurs et des esprits. Cette unité est fondé sur le modèle de l’unité israélienne Yakal, créée au Sud-Liban au cours de la guerre civile libanaise, en tant que mécanisme pour interagir avec les citoyens et les milices libanaises.

En 1975, au début de la guerre civile, Israël a  commencé à entrer en contact avec les résidents, dans le cadre de ce qu’on a surnommé la politique de la Bonne Barrière. Selon les résidents libanais, Israël avait mis sur pied un réseau de collaborateurs et jouaient sur les craintes confessionnelles à l’encontre des Palestiniens. En moins de quelques mois, Israël a créé l’Armée Libre du Liban sous les ordres du cmmandant démissionnaire Saad Haddad. En 1980, alors qu’Haddad était trop vieux et malade, cette force supplétive est devenue l’Armée du Sud Liban sous les ordres d’Antoine Lahad. Sa mission était de prendre pour cibles les ennemis d’Israël et des Chrétiens, les Palestiniens, Amal ou le futur Hezbollah,de paver la voie à l’invasion israélienne de l’Opération « Paix en Galilée » (àa la demande des Libanais) et à l’occupation du Sud-Liban qui s’en est suivie. 

Un scénario identique pourrait prendre forme dans le Sud de la Syrie, 40 ans plus tard.

« Du fait de sa longue histoire de relations tout le long de la frontière et à travers sa frontière nord, Israël est un acteur pérenne (permanent) et l’Etat hébreu perçoit la situation dans le Sud de la Syrie en fonction de ses propres paramètres stratégiques », déclare à Al Monitoir Robert Rook, Président du Département d’histoire à l’Université Towson, aux Etats-Unis. Rook qui s’est spécialisé sur les relations entre Israël et la Syrie, ajoute : « Quelque chose comme l’arrangement de la « Bonne Barrière » est en place et, au-delà de la politique de communication humanitaire et de produits de première nécessité, on peut certainement envisager tout ce qui est li au recueil de renseignements dans un tel processus ».

Le retrait forcé du régime syrien ainsi que des « Casques Bleus » des Nations-Unies ont laissé cette zone sous le contrôle d’une grande palette de factions de l’opposition rebelle et de groupes extrémistes islamistes. Ajoutant encore aux résidents des pressions supplémentaires, il y a un afflux de personnes déplacées de l’intérieur qui fuient les affrontements entre les forces du gouvernement et les factions de l’opposition, ainsi qu’entre factions rivales.

Selon Labwani : « Quand Israël aide le peuple syrien dans le Sud, par de l’aide et des médicament, les habitants cessent de considérer Israël comme l’ennemi et comme une menace. Actuellement, l’atmosphère est tout-à-fait appropriée pour cela ». Il ajoute qu’Israël réalise un recueil complet de renseignements et dispose d’un réseau intégré de communications à travers tout le sud syrien. 

« Les gens sont pauvres, en ce moment, et affamé, aussi ils travailleraient pour n’importe qui contre un peu d’argent », dit-il. « Israël a accès partout et à un large volume d’informations ».

Moti Kahana est le fondateur israélo-américain d’Amaliahune ONG basée aux Etats-Unis, qui milite pour l’établissement d’une zone de sécurité. Kahana, qui travaille étroitement avec Labwani, déclare que le gouvernement israélien lui a donné carte blanche pourtqu’il opère où bon lui semble au sein de cette zone de sécurité ainsi désignée.

« Nous avons déjà commencé à travailler », déclare Kahana au Al Monitor, depuis son bureau à New York. « Aussi au cours des prochaines semaines, nous amèneront des vivres dans cette zone sécurisée en Syrie ». Il poursuit : « Le gouvernement israélien nous autorise à amener des fournitures et produits humanitaires au peuple syrien », ajoutant qu’Israël « souhaite permettre à une ONG américaine – autrment dit nous-mêmes- de développer son apport en produits de ce type »

Kahana a expliqué que la première étape consiste à emporter des médicaments et des équipements, la deuxième phase est d’ouvrir des écoles et de se focaliser sur l’éducation et la troisième étape peut consister à créer et à équiper une force de police locale pour veiller sur les habitants. Nous avons identifiés avec quelles villes et quels villages nous allons travailler. Mais, pour des raisons évidentes, il m’est impossible de partager leur localisation exacte ». Il a aussi refusé d’identifier les groupes d’opposition avec lesquelles sont organisation se coordonne déjà.

Et comme on pouvaiten être sûr, à la suite de l’instauration de l’unité de liaison, l’aide d’Israël est soudainement apparue dans les zones détenues par l’opposition. Abu Omar al-Joulani, porte-parole du Conseil du commandement Révolutionnaire de Quneitra et du Golan a déclaré à Al Monitor : « Un réseau de collaborateurs travaillant avec les Israéliens facilite le fait que cette aide provienne des Hauterus du Golan israélien ».

Il ajoute : « Nous ne savons pas qui ils sont, mais ils opèrent au beau milieu de la nuit et distribuent l’aide à 35 villages, dont Saida el-Golan, Saida el-Hanout, Ghadir el-Bustan et El-Hisha,”, cce qui, dit-il, indique un système de distribution systématique sur une très large portion de population à travers tout ce territoire. 

Il existe environ 14 brigades présentes dans cette zone, allant de l’Armée Syrienne Libre au Jabhat al-Nusra et à un groupe appartenant à Daesh, les Shuhada al-Yarmouk. « La plupart de ces groupes, exceptés Daesh, n’ont pas de problème avec Israël et Israël n’en a pas avec eux »,souligne Labwani, en exagérant à peine. « Les problèmes leur sont internes, entre eux ». 

Issam Zeitoun, une autre personnalité de l’opposition ayant des relations avec Israël, a aussi confirmé l’existence d’une relation secrète entre Israël et plusieurs commandants de ces brigades, en particulier ceux qui sont directement impliqués dans le Centre des Opérations Miliaires basé près d’Amman en Jordanie. Zeitoun, le seul Syrien invité par Israël à assister à la conférence annuelle sur la Sécurité à Herzliya, pousse aussi dans le sens d’une zone sécurisée et contrôlée par Israël. 

« Cela fait cinq ans que je travaille afin d’ouvrir cette fenêtre close », déclare Zeitoun à Al Monitor, en faisant référence à un partenariat avec Israël.  » On nous a lavé le cerveau pendant des décennies en disant qu’Iraël est notre ennemi. Ce n’est pas le cas. En fait c’est tout simplement le seul pays qui frappe nos véritables ennemis ».

Selon Zeitoun, la zone de sécurité proposée « débute à Jbeta al-Khashab [au sud de Hader]et court vers Saida al-Golan et Tal Hara, [l’ancienne base radar russe sur le mont le plus élevé qui espionnait autrefois Israël”], en s’étendant au-delà des coordonnées fournies par Labwani et éclairant les zones où l’aide israélienne a récemment été distribuée. 

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Pour Israël, une zone sécurisée dans ce secteur serait énormément avantageuse. En créant une zone-tampon où les forces aériennes syriens ne peuvent pas voler jusqu’à la frontière et d’où le Hezbollah ne peut pas lancer d’attaques sur l’autre côté israélien du Golan, Israël cimenterait son emprise sur un territoire que ses dirigeants disent depuis longtemps lui appartenir et qui pourrait finir par être internationalement reconnu comme tel.

Auteur 

NOUR SAMAHA

Source : al-monitor.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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[…] cours de laquelle le Président syrien a déclaré que « son pays ne permettra pas à l’ennemi israélien d’établir un cordon sécuritaire gouverné par des groupes armes terroristes… dans la Province de […]

[…] Adaptation : Marc Brzustowski – JForum […]

jcg

Qui va nous mettre le poignard dans le dos ? Les francais ou hussein obama ,ce seront les premiers a nous trahir ,encore plus dangereux qu erdogan !

[…] digital jueu francòfon Jewish Forum tradueix, precisament avui, un article publicat fa un mes per l’analista israeliana Nour Samaha […]