Nicole Riahi est la présidente et fondatrice de l’association « Israel and Yoo »*, qui a pour objectif de dépeindre « Israël tel quel », au travers d’interviews de citoyens israéliens. Après plus d’un an d’existence et près de 100 reportages, nous avons voulu en savoir plus sur la présidente de cette association et faire un bilan de son travail.
JFORUM : Nicole Riahi, qui êtes-vous ?
Nicole Riahi : Qui je suis ? …Vous savez j’ai toujours eu un peu de mal à répondre à cette question. Toujours eu du mal, en fait, à rentrer dans une case. C’est curieux, mais votre question me rappelle d’un coup l’entretien d’embauche que j’ai eu avec le Groupe Publicis, à mon retour de New York.
A la lecture de mon CV, la personne qui m’a reçue m’a lancé, amusé, « Votre parcours de carrière, c’est un catalogue du Club Med. Vous n’entrez dans aucune case ! »
Sérieusement, s’il faut vraiment que je me définisse, je crois que ce qui me caractérise, c’est ma flexibilité. Je saisis les opportunités qui se présentent, même si elles apparaissent improbables. Cela tient peut-être au fait que j’aime ce qui commence, les débuts des choses, des projets, quitte – ou surtout ! – à me mettre en danger. Car il faut bien le dire, je m’ennuie très vite. D’ailleurs, lorsqu’on m’a proposé, entre deux portes, un poste à New Yok je n’ai pas hésité !
Et j’ai développé une capacité, je crois, à m’intégrer très vite où que je sois. Je pense tenir cela de mon grand-père, qui était un grand aventurier. Schebtail, c’est son nom, aimait voyager, le mot est faible : il s’est rendu en Palestine dans les années 1910, en Argentine dans les années 20. C’est tout juste s’il ne faisait pas un enfant à chacun de ses retours au bercail !
Je suis née en Tunisie de parents turcs, originaires d’izmir, Dans une famille « traditionnelle », où on pratiquait un judaïsme « à la méditerranéenne ».
Nous sommes arrivés en France en 1961, comme la majorité des juifs du Maghreb.
« Pourquoi on n’aime pas les israéliens ? »
JF : Quand, et surtout pourquoi, vous est venue l’idée de créer Israël and Yoo ?
NR : J’ai toujours eu une activité bénévole en parallèle de ma vie professionnelle. Cela a toujours été important pour moi de m’investir dans une cause qui me tient à cœur. Par exemple, pendant plus de 25 ans j’ai collecté des fonds pour une association israélienne au bénéfice d’adultes et enfants déficients mentaux.
Un jour, mon petit-fils me pose la question « pourquoi on n’aime pas les israéliens ? » je lui ai répondu : quand on n’aime pas les gens, c’est qu’on ne connait pas les gens. Du coup, cela m’a paru évident : il fallait faire connaître les israéliens.
Ni une, ni deux, j’embarque des amis dans cette aventure et crée l’association Israël and Yoo, dont je définis ainsi le concept : parcourir Israël avec une caméra à la rencontre de citoyens israéliens de toute confession, origine et culture, pour leur demander :
« Pour vous, qu’est-ce que être israélien ? »
JF : Le 13 septembre 2016, Israël and Yoo a fêté son premier anniversaire. Quel bilan pouvez-vous dresser de cette première année d’activité.
NR : Effectivement, Israël and Yoo est née le 13 septembre 2015, et j’ai eu la joie et l’honneur d’être invitée par la municipalité de Tel Aviv pour célébrer ce premier anniversaire.
La mairie de Tel Aviv, en partenariat avec Le Ministère de l’Alya et de l’Intégration et l’association Israël And Yoo, ont organisé une soirée exceptionnelle autour de la question « Etre israélien aujourd’hui c’est quoi ? »
C’était un moment fabuleux : parmi les intervenants, il y avait Doron Darmon, coach de triathlon au sein de l’équipe israélienne des jeux olympiques dont faisait partie son fils Ron, et Olivier Rafowicz, ancien porte-parole de Tsahal pour la presse internationale et conseiller auprès de l’actuel Ministre de l’Alya et de l’intégration.
Vous me demandez de faire un bilan. Israël and Yoo, c’est près de 100 reportages, des milliers de kilomètres parcourus, un gros travail de montage et de rédaction (d’autant que notre site est bilingue anglais/français), mais aussi, et surtout, beaucoup d’émotion.
Toutes ces rencontres m’ont enrichie. J’ai été accueillie à bras ouverts par des israéliens qui sont tous devenus des amis.
JF : De toutes ces rencontres, certaines vous ont-elles particulièrement marquée ?
NR : De manière générale, j’ai été frappée par la simplicité de ces gens, pourtant aux parcours exceptionnels. J’ai en tête cette rencontre formidable avec Yossi Shalevet, expert agricole bardé de diplômes dépêché en Chine pour y enseigner l’agriculture et dispenser l’expertise israélienne en ce domaine.
Sa plus grande joie a été de tisser ainsi des liens solides avec les chinois, qui ont permis l’ouverture de relations diplomatiques entre les deux pays, et de la première ambassade en Chine.
Aujourd’hui, il travaille avec sa femme dans une association permettant à des enfants malades de l’étranger de se faire soigner en Israël.
« Je suis fier d’être israélien car fier du travail qu’on fait ici »
Pour Albert Sadeh, expert agricole également, qui a enseigné à des étudiants africains venus étudier en Israël grâce à des bourses offertes par Golda Meir, être israélien c’est:
« Si vous me demandez c’est quoi être israélien, je me dis : qu’est ce que j’ai fait ? J’ai passé ma vie à apprendre à étudier des méthodes, de partout, on a essayé d’apprendre de n’importe qui, mais la chose importante c’est qu’on ne s’arrêtait pas, je ne gardais pas ces notions pour moi. »
JF : Vous avez indiqué avoir interviewé des citoyens israéliens de toutes confessions. Pouvez-vous nous donner des exemples de témoignages de citoyens israéliens non juifs ?
NR : Oui, bien sûr, c’est d’ailleurs ce type de témoignages qui a la plus grande portée pédagogique : des non-juifs tellement intégrés à l’Etat d’Israël qu’ils défendent cette nation.
J’ai deux exemples en tête.
Le premier témoignage est celui d’une jeune femme qui m’a beaucoup touchée, Elham Al Kamlat, femme au foyer de la communauté bédouine de la ville de Rahat, au sud d’Israël.
Elham y dirige un centre d’aide sociale, dont l’un des programmes s’intitule « les femmes parlent du travail », « destiné aux femmes bédouines qui veulent avancer dans la vie et être indépendantes financièrement. » Il leur permet d’exploiter notamment les travaux qu’elles faisaient d’ordinaire pour le cercle familial, telles des décorations de tente, pour en faire une source de revenus.
Elham est fière de cette initiative et n’imagine pas habiter ailleurs qu’en Israël.
« Je pense que j’ai beaucoup de chance d’être née en Israël, car je sais que dans beaucoup de pays autour de nous, les femmes n’ont aucune des opportunités que j’ai. Pour moi, être israélienne, c’est pouvoir dispenser mon savoir et aider les autres femmes à devenir indépendantes financièrement, et leur faire comprendre que chacune a en elle les ressources nécessaires pour vivre en harmonie dans la société israélienne. ».( http://www.israelandyoo.com/
Le deuxième est celui du représentant de la communauté Druze: le cheikh Dr. Fayez Azzam, qui fait partie de la dixième génération druze vivant en Israël.
« Les Druzes en Israël depuis la création de l’Etat se sont intégrés directement que ce soit en politique, sur le plan économique ou sécuritaire du pays, et c’est pour cela qu’ils ont compris l’importance d’être des citoyens fidèles. Ils s’engagent à l’armée comme tous les juifs et pensent qu’Israël doit être un pays démocratique dans lequel toutes les religions et cultures puissent vivre en paix et en harmonie. Je me considère comme Israélien-Druze, j’aime le pays et je me mobilise pour sa sécurité, je veux son développement et sa réussite. » (http://www.israelandyoo.com/
JF : Ces témoignages valent de l’or ! Mais avez-vous la sensation qu’ils ont eu un impact ? Que l’enseignement de ces interviews a pu faire réfléchir ceux qui ne connaissent pas Israël ?
NR : Vous soulevez un vrai problème. Comme je l’ai dit, mon objectif en créant Israël and Yoo était de mieux faire connaître Israël. Je suis contente des retours favorables au sein de la communauté de ces témoignages. Mais pour qu’ils atteignent leur cible, ils devraient être portés à la connaissance justement de ceux qui en savent peu sur ce pays et en ont une version erronée par les médias, etc.
Ce à quoi j’aspire, à présent, c’est donc qu’on me donne les moyens d’assurer une visibilité à mon travail, pour remplir sa fonction pédagogique.
Pourquoi, par exemple, ne pas diffuser des extraits au sein des écoles ? Ou en faire des films projetés au cinéma, à la télévision ? En réalité, je suis preneuse de toutes les idées qui pourraient m’aider à atteindre ce but Et de fonds…également. Car il faut le savoir, je finance depuis le début moi-même tout ce travail. J’ai recours à des bénévoles formidables qui font un gros boulot et je finance moi-même les autres intervenants. Mais je ne peux tout faire…
JF : Mais Nicole, ce qui serait intéressant serait de connaître votre propre définition. Pour vous-même « qu’est-ce que être israélien ? »
NR : Cette question n’est pas aussi évidente. Après tous ces voyages, je dirais qu’être israélien, c’est le souci de la transmission, et de l’excellence. L’expérience, le savoir, mais aussi la joie de vivre de la culture juive, encore plus marquée en Israël. Et la tolérance, la pratique du vivre ensemble.
Oui, voilà ce qu’est être israélien, et quel dommage qu’on ne le sache pas assez…
Solange Hendi
UN ARTICLE COURT , DE LONGUE PORTÉE , SI BEAU ET LA PERSONNE EST ENCORE PLUS BELLE ….
HÉLAS , QUE LES MUSULMANS NE FONT PAS D’EFFORT POUR CONNAITRE CE PEUPLE , QUE LE CORAN LES A ÉVOQUÉ COMME PEUPLE ÉLU ET QUI POURRAIT METTRE FIN A LA MISÈRE INTELLECTUELLE QUI RONGE LA SOCIÉTÉ MUSULMANE…