La France a proposé ses bons offices pour l’organisation d’une conférence internationale sur le conflit au Proche-Orient afin de relancer le processus de paix. Cette initiative venant de la part du Quai d’Orsay avait pour but, selon les déclarations du Premier ministre français Manuel Valls en Israël, de permettre une reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens, au point mort depuis l’échec de la mission de John Kerry et le regain de violences des derniers mois.

Cependant la véritable question est de savoir pourquoi la diplomatie française a pris cette initiative ? Comment les fonctionnaires du Quai d’Orsay peuvent-ils croire ou faire croire qu’une telle proposition aurait plus de chances d’aboutir que les tentatives des Etats-Unis, des pays arabes ou du quartet ?

Et même si l’on met de côté la bavure du vote à l’UNESCO, qui n’a pas vraiment présenté la diplomatie française sous un jour très favorable, qui peut accorder le moindre crédit d’impartialité à l’initiative française?

Les autorités israéliennes et palestiniennes n’ont pas besoin de la France pour se parler et échanger sur bon nombre de questions sécuritaires, économiques et technologiques, et si les dirigeants politiques ne se rencontrent pas et ne négocient pas c’est que la situation actuelle ne le permet pas, des deux côtés. L’unique objectif de la diplomatie française est de présenter Israël comme le camp du refus, en sachant qu’il est toujours systématiquement condamné dans tous les forums internationaux dans lesquels il se retrouve en minorité.

Israël a toujours privilégié une négociation directe sans conditions préalables, et dans laquelle chaque partie peut défendre ses exigences. Or le principe d’une conférence internationale se fonde sur le principe qu’elle fixe l’ordre du jour, la liste des participants, et le mécanisme d’adoption d’une résolution.

Israël et l’Autorité palestinienne ont des agendas différents, liés à la fois à la situation intérieure et au contexte géopolitique régional. Netanyahou a élargi sa coalition et à la grande surprise de certains observateurs hystériques, le nouveau ministre de la Défense a affirmé dans son discours d’intronisation son engagement pour le règlement définitif du conflit par une solution de deux Etats. Evidemment la presse française s’est bien gardée de relever cette formule, ni même l’accueil plutôt chaleureux réservé par l’état-major de Tsahal lors de son arrivée au ministère.

Abou Mazen, en revanche est de plus en plus isolé au sein de la société palestinienne, qui lui reproche son inaction sur le plan social et son incapacité à juguler la montée des partisans du Hamas en Judée-Samarie. Il s’est avéré impuissant à empêcher des exécutions publiques à Gaza et ne donne pas l’impression de construire l’équipe qui lui succédera dans les prochains années.

Ces événements montrent, à qui ne le saurait pas encore, qu’il n’a pas la volonté de mettre un terme au conflit, mais aussi qu’il n’est pas en mesure de calmer les ardeurs des islamistes de reprendre les attaques contre Israël, à partir de Gaza.

Sans l’action efficace des services de sécurité israéliens, qui ont démantelé des réseaux terroristes organisés, Israël aurait pu être le théâtre de sanglants attentats, perpétrés par des terroristes libérés en échange de Guilad Shalit, et que l’Autorité palestinienne s’était engagée à contrôler. Aucune conférence internationale ne peut prendre en compte tous les éléments de ce contexte, que seuls les acteurs sur le terrain connaissent en détail.

Que la France s’occupe de gérer l’Euro de foot, de maîtriser les désordres et les violences quotidiennes, de résoudre la crise des migrants, de démanteler les cellules djihadistes, plutôt que d’essayer de faire oublier ces problèmes en s’arrogeant une légitimité internationale qu’elle a abandonnée depuis longtemps en échange d’un plat de lentilles européen.

Michaël Bar-Zvi

Chronique du 2 juin 2016  – Kaf He Be Yaar 5776

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Saliceti Augustin

Que la France s’occupe du problème corse ,au lieu de donner des leçon,au seul états démocratique du moyen-Orient , Tenite forte fratelli ,evviva l’amicizia Corsica Israele .

Paula Koiran

Pour le moment, Dieu znvoie les 10 plaies à Hollande, pour le punir de sa co,duite envers Israël !

andre

Que la France s’occupe de ses problemes ? mais le Proche-Orient est bien sur un de ses problemes: il s’agit pour la France de faire oublier, ne serait-ce qu’un jour, le desastre humain, economique, et de securite qui y regne.
Comment faire venir en France des personnalites prestigieuses, voire des chefs d’Etat, alors que meme pour assister a des matchs internationaux de football (une des rares activites regardees comme legitimes dans notre pays), beaucoup d’etrangers hesitent a venir vu le danger, et que le tourisme est en chute libre ? La reponse, certes, n’est
pas nouvelle, mais son efficacite est incontestable: organiser une Conference (de plus) accusant Israel. La stature de notre diplomatie, au plus haut depuis la guerre de Kippour et la petite phrase de Michel Jobert, atteindra des
sommets. Bien entendu, il ne faudra pas oublier d’oeuvrer en sous-main pour prevenir tout developpement du projet, ou plutot de la tentative, pour amorcer une discussion entre Israel et un ensemble de pays arabes., a commencer par l’Egypte. Ou irions-nous si des decisions peut-etre importantes pour le Proche-Orient se faisaient sans consulter au prealable la France, et peut-etre, mais dans une mondre mesure, l’autre puissance coloniale ?

JMR

Bravo Mickael !

La France n’est pas habilitée a juger de tout, partout dans le monde.