Israël et les Palestiniens: Les cinq points épineux, avant une semaine décisive…

Sans volonté de dramatiser, ce qui n’est absolument pas dans la nature ni les habitudes des philosophes, je dois bien reconnaître que toute cette semaine qui vient, s’annonce parmi les plus inquiétantes : transfert de l’ambassade US de Tel Aviv à Jérusalem, commémoration de naissance de l’Etat d’Israël par les Israéliens, commémoration de la Nakba par les Arabes, jour de la colère décrétée par le Hamas et invitation par ce mouvement terroriste de se porter au-devant de la frontière avec l’Etat juif avec tous les risque que cela comporte : voilà une semaine dite de tous les dangers…

Je vous reparlerai donc de Mai 68, vu par la revue Le Débat, une prochaine fois, eu égard à la tyrannie de l’actualité…

Lors d’une discussion courtoise avec un journaliste arabe d’Israël, j’ai cru comprendre que les Palestiniens axaient leurs revendications autour de cinq points qu’il convient d’examiner ici, même si certains font partie d’un imaginaire inaccessible et irréalisable.

Voici ces cinq points dans le désordre : le statut de Jérusalem, le retour des réfugiés, les frontières, les implantations (appelées colonies par l’interlocuteur) et la question de l’eau, denrée si rare dans la région mais qu’Israël a réussi à régler grâce à ses propres techniques de désalinisation.

Essayons d’examiner cette pentapole palestinienne d’un point de vue critique en adoptant un plan qui ne se veut pas un choix hiérarchique, selon l’importance ou la gravité des questions envisagées

1. Le statut de la ville de Jérusalem

En théorie, il a été réglé par la décision du président Trump de reconnaître la totalité de la cité comme la capitale d’Israël. Certes, la partie la plus orientale peut devenir, comme le suggèrent les Saoudiens, la capitale d’un futur et hypothétique Etat de Palestine.

Je n’ai personnellement rien contre un tel Etat, à la condition expresse qu’il vive en paix ave son voisin juif. Il faut relever et dénoncer une confusion commise sciemment par les adversaires d’Israël : que Jérusalem soit reconnue comme la capitale d’Israël n’implique en aucune façon la moindre restriction de la liberté de culte de toutes dénominations religieuses présentes sur place.

Et les Arabes le savent bien puisque cette liberté de prier chez eux, dans la mosquée AL Aqsa, n’a jamais été menacée, elle n’a été limité qu’à la suite de troubles graves ou d’attentats. Donc, sur ce point, il ne devrait pas y avoir de problème sérieux.

2. Le retour des réfugiés

Ainsi que cela a été relevé par des observateurs impartiaux, la situation des Palestiniens partis du territoire en 1947/48 est unique : on est chez eux réfugiés de père en fils.

Les Arabes ne comptent pas parmi les réfugiés uniquement ceux et celles qui furent physiquement et nommément chassés, mais aussi tous leurs descendants, ce qui ferait en gros plus de quatre millions d’âmes, ce qui frise l’inconscience, car un tel afflux de population déséquilibrerait définitivement le status quo démographique.

Il n’est même pas utile de s’attarder sur ce point tant l’attitude de tous les gouvernements d’Israël, de droite comme de gauche, est inflexible. Comme disent les Anglais ; this matter bears no further discussion. Y revenir, c’est faire traîner en longueur, volontairement ou involontairement les négociations et l’hypothétique règlement du conflit… Nous en sommes là et les Palestiniens ne semblent pas vouloir ni pouvoir avancer sur ce point. Il st vrai que leurs dirigeants ont frappé un slogan auquel ils ne sont pas prêts de renoncer :Toute la Palestine mandataire avec Jérusalem pour capitale…

3. Les frontières de l’Etat de Palestine

La question peut se discuter et la situation est ouverte, ce qui n’est pas le cas pour les deux points précédents. Mais ici aussi subsistent des difficultés presque insurmontables en raison de l’impératif de sécurité exigé par l’Etat hébreu. Notamment la vallée du Jourdain et un certain désarmement de cet Etat à naître.

Les récents développements impliquant l’Iran et ses missiles basés en Syrie prouvent à l’évidence qu’Israël ne saurait tolérer la présence à ses frontières d’une force ennemie, proclamant urbi et orbi sa volonté de rayer Israël de la carte.

Or, depuis déjà quelque temps, il existe un corridor allant de Téhéran jusqu’à Damas, Bagdad, le Yémen et le Liban. Si Israël n’avait pas réagi comme il l’a fait, l’étau se serait resserré : et qui sait ce qui se serait passé ensuite ? Ce n’est pas vingt avions de chasse qu’il aurait fallu envoyer mais une centaine, ce qui aurait mis le feu aux poudres et précipité toute la région dans une confrontation gravissime..

Et cette question des frontières est indissolublement liée à celle des implantations que les Arabes nomment les colonies. En hébreu, on parle des mitnahalim, ceux qui s’établissent dans des territoires qui sont leur héritage… On est loin de la conception des Palestiniens. Lorsque ces derniers parlent de Judée-Samarie (Yehouda wé shomron) l’autre partie s’en tient au terme plus vague de Cisjordanie… C’est dire combien les positions sont éloignées les unes des autres.

4. Les implantations

Près d’un demi million d’Israéliens sont installés sur les territoires contestés par les deux parties. Il est pratiquement impossible de procéder à un tel transfert de population, même si Israël a déjà évacué par la force certaines implantations illégales.

Mais il faut bien se situer dans la géographie régionale : le mur des Lamentations lui-même se situe en Cisjordanie : faudrait il en céder la souveraineté aux Palestiniens ? Aucun gouvernement israélien n’y songerait, pas même pour tout l’or du monde.

Il existe évidemment une arrière-pensée politique de la part d’Israël, l’Etat juif sachant très bien à quoi s’en tenir au sujet de la volatilité des gouvernants arabes : qui peut nous garantir la continuité de l’Etat en cas de changement de régime ?

Israël a été dans l’expectative lorsque Mohammed Morsi a été porté au pouvoir après la chute de Hosni Moubarak : qu’allait faire le nouveau président islamiste : respecter le Traité ou le déchirer ? Heureusement, la président Al-Sissi a remis les choses au bon endroit.

Donc, la question des implantations reste ouverte car la solution de baux emphytéotiques n’est pas impossible. Mais ce sera difficile car c’est toute la question de la cohabitation qui se pose ; est elle simplement concevable ? L’avenir nous le dira.

5. La question de l’eau

Comparée aux autres qui précédent, cette question est parfaitement traitable et pourra recevoir une réponse agréée par les deux parties. Certes, le pompage sauvage et sans discernement de l’eau ne pourra pas se poursuivre éternellement. Et on signale déjà du côté de Gaza des pénuries d’eau qui iront en s’aggravant, si on ne fait rien.

Mais les techniques modernes d’Israël pour obtenir de l’eau douce peuvent régler le conflit sans grande difficulté. Le problème n’est plus purement hydraulique, il est devenu politique.

Qua faut il faire pour que ces cinq points ne constituent plus des obstacles insurmontables ? Ma réponse qui n’est pas la panacée est la suivante : accroitre le développement économique, donner du travail aux chômeurs de Gaza, développer cette bande côtière sur tous les plans. On dit que des ingénieurs de Gaza travaillent déjà pour des sociétés israélienne, sans que cela ne s’ébruite trop.

De l’avis de tous, le Hamas est au bord de l’effondrement et cette décennie du pouvoir a abouti à un fiasco. Quant à la réunification palestinienne, elle a fait long feu. La dernière preuve en date : l’attentat manqué contre le premier ministre de Ramallah…

Pour que l’économie marche et se développe, les armes doivent se taire et le terrorisme disparaître. Sommes nous sur la bonne voie ? J’en doute un peu.
Attendons que cette semaine du 16 au 22 mai se déroule. Mais les paris sont ouverts.

Maurice-Ruben Hayoun

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage: Franz Rosenzweig (Agora, universpoche, 2015)

Le nouveau cycle de conférences, Aux racines de la culture européennese penche sur l’humus spirituel et les valeurs premières qui gisent au fondement de ce continent. Mais l’Europe n’est pas seulement un continent, c’est aussi et surtout une culture, axée autour de courants spirituels et d’écoles philosophiques, qui passent à juste Titre pour sa constitution théologico-politique ou éthique.

Les réflexions qui seront exposées dans la salle des mariages de la Mairie de notre arrondissement couvrent la critique biblique, la littérature éthique, la philosophie médiévale sous son triple aspect, gréco-arabe, chrétienne et juive au miroir des pères spirituels de l’Europe : Thomas d’Aquin, Maimonide, Averroès et Maître Eckhart.

Salle des Mariages Mairie du 16e Arrondissement – 71, avenue Henri Martin- 75016 Paris

Jeudi 11 janvier -19h
Hannah Arendt, égérie de Martin Heidegger?

Jeudi 8 février – 19h
Le Moïse de Sigmung Freud, selon Y. Yerushalmi

Jeudi 15 mars – 19h
Franz Rosenzweig, la philosophie et la Révélation: le problème de la Vérité

Jeudi 5 avril – 19h
Emmanuel Levinas et Moïse Maimonide

Jeudi 17 mai – 19h
L’historien Marc Bloch et Simone Veil face au Kaddish

Jeudi 7 juin – 19h
La langue judéo-arabe: plaidoyer pour une culture (presque) oubliée

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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stevenl

Jews were expelled from their ancestral land. This is NOT the case of the Muslims who called themselves mediatically « Palestinians »!
Therefore the « Pal » are occupying Jews land. None of them were expelled from their country of origin!
The true number of Pal refugees (legal definition), according to an official USSD document, is not more than 30,000! They could be easily be absorbed.

Bernadotte

Monsieur Hayoun je suis désolé de vous contredire il n’y a aucune solution et il n’y aura jamais aucune solution tant que nos ennemis vivent dans le mensonge!
Il n’a jamais eu d’état palestinien et il n y aura pas d’état palestinien.
Si un te état devait existé ça sera le fin d’Israel et cela les dirigeants occidentaux le savent très bien.

Je pense que la solution n’est pas dans l’amélioration de l économie palestinienne leur combat continuera tout de même

La solution Monsieur Hayoun, si vous êtes un fervent croyant est entre les mains de Dieu et à la venue du Machiah tout autre solution n’est qu’improbable et vouer à l’échec et tentative de gagner du temps

Mes amitiés

alexandra

Il faut arrêter avec le mythe des réfugiés palestiniens. En réalité, il s’agit d’un échange de population (réfugiés juifs contre réfugiés arabes) à une échelle bien moindre que l’échange de population entre l’Inde et le Pakistan qui a eu lieu, pour ne prendre que cet exemple, à le même période, lors de la partition entre ces deux états : échange de population qui s’est compté en plusieurs millions de personnes de part et d’autre, avec son lot de drames dont nul n’a jamais entendu parler …

Des échanges de populations de cet ordre, il y en a eu des dizaines depuis la 2ème guerre mondiale, et aucun de ces réfugiés n’a jamais réclamé et encore moins obtenu ce mirobolant (et scandaleux) statut de réfugié de père en fils sur 5 générations qui sert surtout à enkyster le narratif misérabiliste des « pauvres réfugiés » palestiniens … pour emmerder Israël.

Il est donc temps de mettre fin à cette comédie, et de mettre les pays arabes, immenses et très peu peuplés relativement à leur taille, face à leurs responsabilité afin qu’ils intègrent cette population qui parle la même langue qu’eux, partage la même origine, la même culture et les mêmes croyances.

Marc A

« Il st vrai que leurs dirigeants ont frappé un slogan auquel ils ne sont pas prêts de renoncer :Toute la Palestine mandataire avec Jérusalem pour capitale… »
En gros, Israel, les territoires disputés ET la Jordanie…
Faudrait vraiment qu’ils se reveillent