La Russie fait peur d’une façon générale.

Les intentions de Vladimir Poutine sont peu lisibles et celles du Kremlin encore moins.

Un bon leader ne se laisse jamais conduire dans une impasse, il improvise, il est créatif et change de stratégie si les circonstances l’imposent. Par ailleurs il doit se garder d’être trop lisible afin que les rivaux ne le devinent pas pour le devancer d’un ou plusieurs coups d’avance, comme aux échecs.

Il faut prendre en compte également qu’une grande puissance doit gérer sa capacité à fidéliser des partenaires et vassaux et se permettre de les trahir pour défendre des intérêts supérieurs, à condition de masquer cette trahison en victoire utile pour les nations concernées, démonstration faite dernièrement  par Donald Trump.

Vladimir Poutine 

Poutine appartient à cette catégorie de dirigeants, quelque peu indéchiffrables du moins le crois -t-il. Pourtant  les intérêts de  Poutine et ceux de la Russie se côtoient pour l’instant assez clairement et deviennent progressivement lisibles.

Le patron de  la Russie  cultive le secret, c’est sans doute un réflexe intégré lors de son passage marqué au KGB. C’est un homme d’ambition, qui sait pour l’avoir appris  qu’en politique tout succès est éphémère et exige d’être soigneusement cultivé et protégé.

C’est bien ce que fait le président Russe  dans une approche politique et stratégique très prudente, cette prudence de Poutine c’est bien la clef de lecture de sa politique. Ne rien tenter, laisser venir à lui les opportunités et les saisir au moment propice.

Pour Poutine, les faiblesses des autres constituent son avantage. Donald Trump a retiré à tort ou à raison ses troupes du nord de la Syrie, la Turquie s’est engouffrée dans le vide laissé, Recep Tayyip Erdogan imprudent a pris un risque énorme d’enlisement. Vladimir  Poutine va lui tendre une perche pour en sortir et lui sauver la mise, surtout préserver l’orgueil incommensurable d’un dirigeant déjà en difficulté économique et qui cherche à conforter son pouvoir en Turquie même.

Poutine a posé des limites à Ankara de façon convaincante sur le terrain pour fixer oû devaient s’arrêter les forces turques. Erdogan a fait mine de se moquer des mises en garde américaines mais pas de celles de Poutine, moins lisible et plus déterminé que Trump. Poutine est  perçu comme un élément incontournable, au besoin même cruel, ses bombardements en Syrie ont fait sans faiblir, des milliers de morts et il a montré qu’il est déterminé  à s’imposer par la force si nécessaire. Il apparaît comme le sauveur à la fois des Kurdes trahis par Washington, le bouclier de Bachar El Assad en Syrie, un dirigeant à ne pas négliger et la puissance désormais dominante de la région. Le rapprochement entre Moscou et Ankara qui fait partie de  l’OTAN, au détriment des États Unis inquiète maintenant  les pays membres  de l’OTAN

Moscou face à l’Iran.

Téhéran  observateur et acteur en coulisse du jeu politique régional cherche à défendre ses intérêts en Syrie, chasse gardée des russes. Le pouvoir des Mollahs évite si possible de se  confronter aux projets  de Moscou. À Jérusalem on est particulièrement attentif et inquiet face au déploiement de l’appareil politico- militaire de la Russie dans la région

Que signifie réellement la prise de pouvoir russe de cette partie du Moyen-Orient et la nouvelle influence de la Russie affirmée jusqu’en Arabie Saoudite?.

Quelles options pour Jérusalem? 

Comment Israël doit lire ce changement de leadership ? Certains analystes israéliens s’inquiètent vivement de la possibilité que Moscou puisse aider la Syrie à utiliser des missiles sol-air, contre des avions de  combat  israéliens, pour neutraliser des attaques israéliennes sur  des cibles iraniennes en Syrie. Une décision qui mettrait fin à la campagne menée par Jérusalem contre l’implantation par Téhéran d’une base militaire à la frontière israélienne.

C’est un cas de figure tout à fait possible si Israël  poursuit une politique d’agression sans faire une nouvelle lecture de la situation après le départ partiel des Américains.

Toutefois d’autres perspectives ne sont pas à négliger, le nouveau rôle de  la Russie pourrait constituer une opportunité positive pour Israël.

La présence militaire russe pourrait imposer un modus vivendi Iran-Israël qui empêcherait l’escalade conduisant à la guerre entre les deux pays.

Moscou est intéressé à maintenir une stabilité nécessaire au renforcement de sa position stratégique en Syrie et dans la région. Moscou entend assurer la pérennité du pouvoir de Bachar El Assad, la légitimité de la présence des forces russes dans des bases en Syrie, et  son influence d’arbitre, sans écarter l’opportunité de jouer  le médiateur et  pacificateur sur le terrain.

L’ultimatum russe

Tout ce qui pourrait menacer  la maîtrise russe de la situation sur le terrain syrien et par extension au Liban, serait perçu  comme un obstacle, et pourrait apparaître comme une action  ennemie. Que ce soit Israël, l’Iran ou même la Turquie.

Moscou se trouve maintenant dans une nouvelle situation, qui peut s’apparenter à celle de quelqu’un qui jusqu’à présent avait peu capitalisé dans la région et qui pouvait en conséquence dormir sur ses deux oreilles, ayant peu à perdre.

La situation est très différente désormais, après les succès diplomatiques remportés dernièrement, il lui faut maintenant protéger ses avoirs et les faire fructifier. Une démarche autrement plus difficile et qui demandera à Poutine de trouver des partenaires bien disposés sur le terrain.

Ce serait donc une opportunité pour la politique israélienne de montrer sa détermination à ne pas aggraver la situation régionale, en s’abstenant d’attaquer le territoire Syrien. Des attaques israéliennes représentent un défi à la présence russe et à son déploiement des S300 qui protègent l’intégrité territoriale de la Syrie.

Cette attitude israélienne de retenue ferait valoir à Poutine que la clef de cette compréhension passe par le muselage réel des ambitions de Téhéran et de ses acolytes. Des éléments particulièrement dangereux pour les intérêts de Moscou si on leur laisse la bride sur le cou. L’Iran pourrait provoquer  Israël  en poursuivant une implantation militaire accélérée en Syrie et en fournissant des armes sophistiquées à ses milices au Liban et en Irak. Cette attitude si elle etait adoptée par Téhéran déstabiliserait  la région en conduisant à  une intervention militaire israélienne incontournable, car Israël en aucun cas, ne tolérera une quelconque menace pour sa sécurité.

La marge de manoeuvre des russes

Aux Russes donc de faire la police et de neutraliser ceux qui s’en prendront aux intérêts vitaux de Moscou. Israël marquerait une bonne volonté et s’emploierait à partager le maintien du calme dans ce secteur.

Même si aucune politique ne dure pour l’éternité, cette option ne peut qu’être profitable au renforcement stratégique d’Israël et à la limitation des menaces iraniennes et du Hezbollah en provenance du Nord et par contre coup de Gaza, Vassal de l’Iran par Djihad islamiste interposé.

Toutefois,Moscou serait également contraint pour assurer sa position au Moyen-Orient de s’impliquer dans le règlement du conflit israélo-palestinien qui lui tient à cœur.

Ce sujet pourrait engager une relation problématique avec Israël et déboucher sur des tensions sérieuses concernant la souveraineté du plateau du Golan annexé par Israël. Un territoire  dont il ne semble pas que la Syrie de Bachard El Assad soutenue par Moscou soit prête à  renoncer.

Le retour américain possible en force sur la scène du Moyen- Orient 

L’importance de la position américaine s’imposerait donc à ce moment là de façon essentielle. Il faut espérer que se trouvera alors aux côtés d’Israël un président des États- Unis fermement convaincu de l’importance stratégique pour Israël du Golan et pour la paix de la région. L’attitude difficilement lisible de Donald Trump sur l’implication de Washington au Moyen -Orient a tout lieu d’interpeller Israël.

La course au nucléaire de Téhéran que rien ne semble pouvoir arrêter est un autre facteur majeur de grande inquiétude pour Jérusalem.

Avec quelle détermination le président américain, le moment venu,  sera t-il  prêt à tenir tête à Moscou pour résister aux pressions et peut -être même aux menaces du Kremlin?

Washington aurait cependant une carte à jouer, si les russes entendent faire aboutir un processus de paix régional, ils devront  parvenir à une entente avec Washington pour le volet économique indispensable.

Moscou n’a aucunement les moyens de gérer seul un processus de paix au Moyen-Orient. Son PIB nominal de seulement 10 % de celui des États-Unis lui interdit l’ ambition de s’impliquer au- delà de son appui diplomatique sur la scène internationale et son pouvoir de veto à l’ONU. La domination économique américaine demeure un facteur incontestable de  puissance, lorsqu’on sait  que le seul budget défense de Washington se chiffre à 700 milliards de dollars

 

 

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Elie de Saint Cloud

Le jeu de Poutine Trump et Erdogan apparaît désormais au grand jour :

Le grand courage d’Erdogan qui se fout des menaces de Trump et promet d’écraser les terroristes kurdes.
Trump menace Erdogan de mettre son économie à terre, tandis que Poutine ne dit rien alors qu’un seul geste de lui suffirait à paralyser Erdogan…
L’affaire avait été nogociée entre les trois compère.
1-Erdogan défie les USA comme jamais et poursuit sa conquête sans aucun coup de feu des deux grandes puissances qu’il nargue devant tout les pays européens qui le condamnent.
Entre-temps Poutine avertit Natanyahou de ne pas bouger (son coup de téléphone de plus d’une heure).

Erdogan parle de prendre la bande kurde sur ses 400km x 30 km. Poutine le stoppe à mi chemin.
Erdogan s’exécute immédiatement mais pourquoi donc Erdogan exige-t-il le retrait kurde sur les 200km restant puisqu’il s’est arrêté ? Poutine ne dit rien.
Erdogan reprend ses menaces et bombarde. Poutine n’intervient pas.
Les Kurdes se sauvent et demandent l’aide d’Assad, qui intervient favorablement.
Les Kurdes se retirent, Poutine ayant promis de stopper les Turcs si les Kurdes se retirent.
Trump ne dit rien. Poutine et Trump traitent les Kurdes de terroristes, reprenant les accusations turques.

2 – La ficelle est grosse… grosse comme une montagne.
Erdogan doit laisser le pétrole à Poutine, il le sait parce que çà fait partie du deal entre Trump et Poutine. Aucun pétrole pour les Kurdes qui deviennent des terroristes.
Tout le monde oublie que les Kurdes ont aidé à chasser Daech.
3- Poutine gardera le pétrole kurde,
4- Erdogan gardera la partie de la terre qu’il occupe.
Poutine sait qu’avec Assad il récupèrera la totalité du terrain d’Erdogan. Pour le moment Poutine a besoin d’Erdogan pour écarter ses clients que sont les Iraniens.
5- Et Trump qu’est-ce qu’il aura ?
Tout le monde a cru que Trump était parti mais nous apprenons qu’ils ne sontpas partis l’endroit où se trouve le pétrole…. INCROYABLE, pourtant tout le monde a cru, la pièce de théâtre a bien fonctionné, elle a fait quelques centaines de morts et quelques deux ou trois cent mille réfugiés mais Trump ne s’en émeut pas, lui qui n’a pas réagi lorsqu’il s’agisssait de 150 personnes ???

Quand tout semble terminé… INCROYABLE, Trump remercie les Kurdes pour leur aide contre Daech, les Kurdes qu’il venait de traiter la veille de terroristes.
Beaucoup de mécontents aux USA?
Alors Trump ordonne le bombardement d’El BAGDADI qui devient l’homme le plus vil et le plus méchant de la planète et même de toute la création, c’est sa victoire personnelle, il l’affirme une dizaine de fois.
6- Les Kurdes ? Ils sont déportés en Irak, là où se trouvent encore les américains !
Ben Quoi ? C’est çà la politique, Erdogan pense avoir gagné ?
7- Yes ! Erdogan a gagné !
Qu’est-ce qu’il a gagné ?
Nous allons savoir très bientôt ce qu’il a gagné… Gageons qu’il va se débarrasser des 3 millions de réfugiés syriens, non pas en Syrie, ce que Poutine et Assad rejetteront…
Erdogan les lachera sur l’Europe avec l’accord commun des Russes et des USA…
Trump nous a déjà averti que les réfugiés ne pourront pas aller aux USA.
CQFD.

hervé

Tout à fait d’accord, en plus son matériel de guerre est obsolète comparé à celui des usa et de Tsahal. La preuve en est faite quasiment tous les jours lorsque Tsahal attaque les bases Iraniennes tant en Syrie qu’en Irak. Il faudra bien se décider bientôt à attaquer la perse avant qu’elle nous attaque.

Moshé

Une « grande puissance » la Russie?
Je rappelle encore (et toujours) les chiffres, car « ils parlent » :

PIB de la Russie : 1.630 Mds de $.
PIB de l’Italie : 2.072 Mds de $.

Dis-t-on de l’Italie qu’elle est une « grande puissance »?

La Russie est devenue un nain économique. Ses bombes atomiques ne lui servent à rien, ils en prendraient encore plus..