Israël doit lutter contre l’envie de se mêler des affaires palestiniennes

Opinion: Les décideurs de Jérusalem doivent apprendre des actions qu’on a moins célébrées de l’État tout au long de son histoire, d’autant plus que les Palestiniens en particulier connaissent une période de faiblesse

Michael Milstein|
Publié le: 02.05.20, 23:48
De temps en temps, et surtout lorsque notre région montre des signes de faiblesse, Israël développe un appétit particulier pour influencer la configuration de la région afin d’améliorer sa propre position stratégique.
Parfois, cet appétit est rassasié de simples pensées, parfois il a besoin de mouvements tactiques et parfois il a faim de changements stratégiques qui ne sont pas nécessairement faciles à digérer pour Israël.
 

הלוויתו של בהא אבו אל עטא

Les funérailles de Baha Abu al-Ata à Gaza, novembre 2019
( Photo: TPS )
L’élimination du commandant radical du jihad islamique Baha Abu al-Ata, qui a été tué lors d’une frappe aérienne de Tsahal en novembre 2019 à Gaza, est un exemple récent de la façon dont ces appétits peuvent être problématiques.
Cette liquidation, tout en étant un succès tactique, était habillé de commentaires stratégiques qui décrivaient al-Atta comme le principal obstacle à un arrangement avec le Hamas pour ramener le calme dans la bande de Gaza.
Mais les tensions sécuritaires persistantes avec la bande de Gaza exigent une compréhension critique, non seulement, de ce qui motive le Hamas et s’il est effectivement prêt pour un accord, mais aussi de la capacité d’Israël à « régler les affaires » entre ses ennemis.
Un regard sur l’histoire de l’État montre des exemples de dépassement qu’Israël préfère probablement oublier.
Il y a le  » Bad Business  » de 1954, quand Israël a mené une opération sous faux drapeau en Égypte dans le but d’exacerber les tensions entre le Caire et l’Occident. Cela a été suivi par la Première Guerre du Liban en 1982, qui était essentiellement un effort pour reconstruire le Liban en particulier et le Moyen-Orient en général.
Cela nous amène à l’idée, il y a une décennie, de faire avancer les négociations politiques avec la Syrie, y compris un retrait des hauteurs du Golan, en vue de creuser un fossé entre Damas, Téhéran et le Hezbollah.

Troupes et chars des FDI à Beyrouth pendant la première guerre du Liban en 1982

Troupes et chars des FDI à Beyrouth pendant la première guerre du Liban en 1982
( Photo: David Rubinger )
Tous ces événements passés ont exigé beaucoup de prudence et une pointe d’humilité, ainsi qu’une connaissance de la culture, de la langue et de l’histoire de la région. Et c’est là qu’Israël s’est trompé, appliquant la logique occidentale aux jeux stratégiques au Moyen-Orient.
Certains des incidents survenus dans le passé d’Israël, qui ont causé des complications et des dégâts, doivent servir de leçons aux défis auxquels le pays est confronté aujourd’hui.
L’un des exemples les plus marquants de cette question est ce qui se passera une fois que le président palestinien Mahmoud Abbas ne sera plus aux commandes. Il s’agit d’un problème extérieur complexe dans lequel Israël a à la fois une influence profonde et sera directement touché par le résultat.
 

אבו מאזן

Le président palestinien Mahmoud Abbas assiste au sommet de la Ligue arabe au Caire, le 1er février 2020
( Photo: AFP )
Israël ne peut se permettre de montrer une indifférence totale à la réalité qui se déroulera en Cisjordanie ou de la définir uniquement comme « une affaire pour les Palestiniens ». Elle doit se préparer à répondre à des situations graves, avant tout une prise de contrôle de la région par des éléments extrémistes.
Israël doit agir très prudemment, en évitant de s’impliquer dans les jeux de pouvoir palestiniens, en respectant leur prise de décision tout en refusant d’accepter le développement de menaces qui pourraient avoir des implications stratégiques.
Sur un front plus large, le Moyen-Orient continuera d’être caractérisé dans un avenir prévisible par une instabilité chronique accompagnée de batailles et de tensions internes.
Israël ne peut pas céder à la tentation de se mêler des pays voisins qui sont en proie à l’instabilité et aux luttes intestines.
En tant que tel, il serait conseillé de ne pas succomber à l’orgueil et d’essayer de remodeler la direction palestinienne, ce qui semble plus faible que jamais à la lumière du plan de paix de Trump.
Israël serait mieux servi en se concentrant sur l’identification et la neutralisation des menaces – comme il l’a fait avec succès le long de la frontière nord – et en évitant d’essayer de changer le visage de la région, ce qui ne fera que la conduire vers un autre bourbier.
Michael Milstein est chef du Forum des études palestiniennes au Centre Moshe Dayan pour les études du Moyen-Orient et de l’Afrique à l’Université de Tel Aviv

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