Iran: arrêtée pour avoir dansé, les « aveux » télévisés d’une Instagrameuse font polémique
Twitter / DR
En Iran, la première chaîne de la télévision d’État, Irib 1, a récemment diffusé un « documentaire » intitulé « Mauvaise voie » présentant le « témoignage » – tournant aux aveux – de plusieurs utilisateurs accusés d’avoir promu la danse en ligne.
Dans ce reportage sur les effets néfastes des réseaux sociaux, plusieurs hommes et femmes ont été filmés à contre-jour de façon à ne pouvoir être identifiés.
La réalisation s’attache notamment à montrer que, poussées par un besoin de reconnaissance, ces personnes ont été conduites à publier sur internet du contenu contraire à la loi ou à la morale islamique et représentant un danger pour les « valeurs familiales » et la société.
S’emparant du sujet, le quotidien Haft-e Sobh, proche des conservateurs, a publié dimanche la retranscription de certaines de ces « interviews », en identifiant par leur prénom quatre des personnes interrogées (trois femmes et un homme).
Le journal affirme qu’il s’agit de « stars » iraniennes d’Instagram, qu’elles ont été arrêtées par la police à une date inconnue puis remises en liberté.
« Photos choquantes »
L’une des « repenties » du film, identifiée comme étant Maedeh Hojabri, aurait été reconnue par nombre de ses « fans » en ligne, a par la suite affirmé le quotidien réformateur Etemad.
La jeune femme qui aurait 18 ans se serait fait connaître sur Instagram -rare réseau social international non bloqué ou filtré en Iran- notamment pour ses vidéos la montrant en train de danser dans sa chambre sur de la variété iranienne ou de la pop internationale. Dans ces clips, la danseuse ne porte pas de voile et laisse apparaître son nombril ainsi qu’un tatouage à la hanche.
Etemad identifie Maedeh Hojabri comme la personne finissant par admettre, en pleurs dans le documentaire, que « danser était un crime », avant d’ajouter: « mais je n’ai jamais rien publié de mal sur Instagram, jamais ».
La loi en vigueur en Iran depuis la révolution islamique de 1979 interdit la danse en public et impose aux femmes de porter le voile et de couvrir leur corps d’un vêtement long dans l’espace public.
Et le présentateur lors de la diffusion du film ne se prive pas de donner son avis: « Sur Instagram, il y a des gens comme vous et vos amis qui (…) publient des photos choquantes pour la majorité des Iraniens », accuse-t-il.
Tandis qu’Etemad dénonçait, mardi, cette diffusion sur la TV d’État en titrant « La mauvaise voie d’Irib », la controverse a pris de l’ampleur avec l’affirmation par Haft-e Sobh que le film était l’œuvre… de la police.
Faisant allusion à des scandales de corruption ou de violences sexuelles sur mineurs dont les responsables n’ont pas été jugés, Etemad s’est interrogé sur les choix éditoriaux d’Irib.
« Danser n’est pas un crime »
« Pourquoi ne faites-vous pas venir les escrocs? », a questionné un journaliste réformateur, Abbas Abdi.
Le journal cite aussi Hesamodin Ashna, conseiller du président Hassan Rohani, laissant entendre que le « consentement » des intervenants dans le film n’a peut-être pas été correctement recueilli.
« Pendant des siècles, les gens ont dansé ou se sont trouvés nus (…) sans que la religion ait à en souffrir (…). Ce qui nuit à la religion et à la foi, et détruit le système (de la République islamique), ce n’est pas le dandinement des hanches d’une adolescente, mais le dérapage de la plume d’un vieux juge », a renchéri sur son compte Instagram l’hodjatoleslam (rang inférieur à ayatollah au sein du clergé chiite) Mohammad Reza Zaeri, ancien rédacteur en chef du quotidien populaire Hamshahri.
Justifiant la programmation du film dans les colonnes de Haft-e Sobh, le directeur général des relations publiques d’Irib, Mohammad Hossein Ranjbaran, a lui argué que sa chaîne se devait « d’être active dans le domaine de la culture ».
« De nombreuses familles appellent (…) pour demander qu’Irib couvre » la questions des « dégâts causés par le cyberespace », a-t-il ajouté.
La polémique se fait entendre aussi sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. Sous le mot-dièse « #Beraghs_ta_Beraghsim » (« Danse et nous danserons » en persan), ou #DancingIsNotACrime (« Danser n’est pas un crime » en anglais) fleurissent des vidéos d’utilisateurs se filmant en train de remuer seuls ou en groupe pour revendiquer leur liberté de danser.
« Pourquoi Maedeh Hojabri a-t-elle été arrêtée? », demande un internaute accompagnant son message d’une vidéo de trois hommes en uniforme vert olive exécutant une chorégraphie sous une frise aux couleurs de la République islamique, dans ce qui pourrait être une caserne.
Une autre campagne, #BanIRIB (« Interdisez IRIB ») appelle de son côté le gouvernement américain a prendre de nouvelles sanctions économiques contre la télévision d’État iranienne.
La jeune danseuse iranienne Maedeh Hojabri a été arrêtée pour avoir posté une vidéo sur Instagram dans laquelle elle ondulait dans sa chambre. Depuis, les internautes du pays prennent la défense de la jeune fille. Des Iraniennes ont ainsi posté à leur tour des vidéos dans lesquelles elles se déhanchent, accompagnées du hashtag correspondant à «danser n’est pas un crime».
«Je n’essayais pas d’attirer l’attention», a-t-elle plaidé entre deux sanglots. «J’ai des followers et ces vidéos étaient pour eux. Je n’avais pas l’intention de les encourager à faire de même. Je n’ai pas été aidée d’une équipe, je n’ai pas été entraînée par quelqu’un pour faire cela, je fais juste de la gymnastique», a-t-elle poursuivi. La jeune fille aurait depuis été libérée sous caution.
Tous Hojabri : Iraniennes et Iraniens dansent pour la jeune fille
Une forte de vague de soutien populaire s’est levée pour cette jeune fille. L’une des femmes emprisonnées pour avoir dansé sur le clip de Happy de Pharrel Williams en 2014 s’est manifestée sur Twitter. «Vous m’avez arrêtée parce que j’étais heureuse #Happy (heureuse). Maintenant vous arrêtez Maedeh Hojabri, et elle n’a que 18 ans. Que ferez vous à la génération d’après !», s’est-elle demandée.
En Iran, l’une des plus grandes activistes contre le port du voile en public, Masih Alinejad, a créé le hashtag correspondant à «danser n’est pas un crime».
رقص در برابر مسجد
مسیحِ عزیز شهادتِ «امام صادقِ»و این مسجد اسمش امام صادق ! اگه زندان، «سرنوشتِ» منه، ترجیح میدم واسه یه رقصِ کاملا مجرمانه زندانی شم
نه واسه رقص تو اتاق خوابم.
من و خانواده م پولِ مسجد و عقایدِ شما رو دادیم، اما شما عقایدِ مارو سلاخی و حبس میکنید. #برقص_تابرقصیم pic.twitter.com/MZbcNwq9Xa— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) 9 juillet 2018
De nombreux autres internautes ont également posté des vidéos pour témoigner leur solidarité.
No comment 🕺💃 #برقص_تا_برقصیم#مائده_هژبری pic.twitter.com/Ua16xmhoqc
— Nazenin Ansari (@NazeninA) 9 juillet 2018
این ویدئو را تقدیم میکنم به قاتلان شادی و آزادی، به حکومت ضد زن، به مغزهای زن ستیز، شاید شاخه خشکیده روحتان به رقص آید.#مائده_هژبری #رقص #برقص_آ #برقص_تا_برقصیم # #dance #dance_to_freedom pic.twitter.com/9XOQesmHFZ
— Naeimeh Doustdar (@NaeimehDoustdar) 8 juillet 2018
رقص زیبای زنی با عکس #مائده_هژبری ستوده، آتنا،گلرخ و آرش در خیابان.ارسال کننده:زندانی کنید،متحدتر میشیم #برقص_تا_برقصیم
دیکتاتور #بچرخ_تا_بچرخیم
Islamic Republic arrested these brave women 4 dancing or fighting 4 freedom I am dancing in the street in Iran to be their voices pic.twitter.com/GEECAYinPK— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) 8 juillet 2018
En avril 2018, la vidéo de jeunes dansant dans un centre commercial du secteur de Mashhad avait conduit à l’arrestation d’un responsable politique de la ville. En 2014, trois femmes non voilées et trois hommes avaient été arrêtés pour s’être déhanchés sur la chanson Happy de Pharrell Williams. Ils avaient été condamnés à de la prison avec sursis et jusqu’à 91 coups de fouet.
Les mollahs savent ‘ils ce qu’est un Homme ? De quelle planéte viennent t’iis , on ne peut réprimer longtemps l’envie de vivre des jeunes gens et de tout le monde d’ailleurs .
Bien qu’elle n’est pas le niveau de Shakira Belly. Je perçois quelle en a le courage et la passion. Et surement bien d’autres idées dont l’IRAN à besoin.
D… la bénisse.
Danse trop bien . Devrait aller danser dans la cour du guide suprême pour lui faire du bien au coeur . La danse aussi adoucit les moeurs .
Pensez-vous sérieusement que le Grand Ayatollah ait un « cœur »? N’est-ce pas plutôt un moteur à propulsion nucléaire?
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Les Iraniennes sont des femmes vraiment courageuses.
Que D’ les délivre rapidement de ces malades mentaux qui les oppriment.
Je ne savais pas que les petits jeunes qui avaient tourné le clip « Happy in Teheran » avaient été condamné à de la prison et à 91 coups de fouets. Les ayatollahs sont des monstres qui ne valent guère mieux que daesh ! J’espère qu’un jour le peuple les pendra sur la place publique!